Les quelque 2 000 travailleurs transfrontaliers de la province de Nador, qui travaillaient légalement à Melilla, envisagent de demander au gouvernement espagnol 100 millions d'euros de dédommagement. Ce recours à la justice pour réclamer cette indemnisation est l’une des voies envisagées par les travailleurs, qui dénoncent avoir rencontré de nombreux obstacles pour pouvoir être réembauchés par leurs anciens employeurs espagnols, après l’ouverture des frontières, indique l’agence EFE. Les travailleurs pointent notamment des entraves bureaucratiques et monétaires imposées par l’Espagne.
L’agence espagnole rappelle qu’avant la fermeture des frontières due à la pandémie, 1 847 Marocains bénéficiaient de contrats espagnols en vigueur pour travailler à Melilla. Après plus de deux ans de fermeture, il n’en reste plus que 80, qui résidaient déjà à Melilla avant la réouverture, alors que les autres sont à Nador en attendant que leurs anciens employeurs les embauchent à nouveau, a expliqué Atika Jatta, représentante de l’Union marocaine du travail (UMT).
La syndicaliste a dénoncé que le fait que les employeurs espagnols se sont heurtés à un changement de la part de l’Espagne, qui leur demande maintenant de faire plus de formalités administratives et de payer plus à la Sécurité sociale pour embaucher des transfrontaliers, chose qu’ils finissent par abandonner. Elle a ajouté qu’aucun ancien transfrontalier n'a obtenu de visa spécial pour entrer dans la ville depuis l'ouverture de la frontière pour les travailleurs disposant de contrats en règle, le 31 mai dernier.
EFE précise que plus d'un millier de transfrontaliers sont des femmes qui effectuaient de personnes ou faisaient du ménage et qui ont vu leurs contrats se terminer brusquement en 2020 sans recevoir aucune indemnité de licenciement. Elle rappelle que ces travailleurs ont déjà organisé plusieurs manifestations pour demander qu'ils soient autorisés à nouveau à se rendre à Melilla. Si ces protestations ne donnent pas de résultats, ils se tourneront vers les tribunaux pour exiger une indemnisation pour le licenciement et pour les années cotisées à la sécurité sociale espagnole. Un recours pour lequel ils prévoient déjà de rencontrer, la semaine prochaine, des avocats internationaux, conclut EFE.