Deux formations seront ouvertes dès octobre prochain à l’Université de Lyon. La première sera axée sur la laïcité et la République et est destinée aux cadres religieux musulmans [imams, aumôniers, responsables associatifs musulmans]. La seconde qui cible les fonctionnaires non musulmans portera sur la religion, la liberté religieuse et l'islam, tel qu'annoncé, vendredi dernier par le préfet de la région Rhône-Alpes, Jean-François Carenco.
Ce projet voit le jour dans le cadre d'une collaboration entre l'Université de Lyon-III, l'Institut catholique de Lyon et l'Institut de civilisation musulmane. Coût prévisionnel: 120 000 euros que la préfecture subventionnera à hauteur de plus de 80 000 €. «Hamdoulilah ! On a réussi, on a le budget, on a l’argent !», s’exclame joyeux, Benaïssa Chana, président régional du Conseil français du culte musulman dans les Rhône-Alpes, l’un des initiateurs du projet contacté par Yabiladi.
Pour un islam modéré et vertueux
«La plupart des imams ignorent tout en ce qui concerne la laïcité, le vivre ensemble …», confie M. Chana, «Un grand nombre d’entre eux viennent du 'bled'. Je crois que cette formation va beaucoup leur apporter», a-t-il ajouté. Son souhait est que «les imams comprennent la société française», pour qu’il y ait en France «un islam de modération et de vertu». Près d'une quarantaine d'imams et d'aumoniers auraient déjà fait part de leur intérêt pour la formation dont les cours débuteront en janvier 2013.
Pour rappel, des projets presque similaires ont été lancés à Paris en 2008 et Strasbourg en 2011, mais n’ont pas eu un franc succès. Pour Jean-François Carenco, «les tentatives parisiennes étaient trop axées sur la religion». Ce qui expliquerait l’accent mis sur la laïcité dans le projet lyonnais. Mais que poursuit-on finalement ?
Jeu politico-religieux ?
Le dossier de cette formation est discuté depuis la prise de fonction de M. Chana en juin 2011. Et c’est après plus d’un an qu’il est accepté. Etait-ce le temps de concocter un modèle sur mesure qui mettrait en avant la laïcité ?
Si le lancement de la formation des imams réjouit tant les religieux et les responsables de la région, d’autres voient en cette nouvelle dynamique de l’encouragement au «vivre ensemble», un moyen subtil de l’Etat de s’immiscer dans la vie religieuse musulmane. C’est du moins l’avis de Stéphanie Le Bars, journaliste chez Le Monde, dans son article intitulé «Nouvelle tentative pour former des ‘imams républicains’». Une idée formellement rejetée par les religieux et la préfecture qui insistent que la seul but clamant qu’il ne s’agit que de laïcité.