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Grand Angle

Le dossier du Sahara s’invite dans la campagne législative française à la 9e circonscription

Pour les candidats aux élections législatives à la neuvième circonscription des Français de l’étranger, interrogés par Yabiladi, le plan d’autonomie reste «la base la plus sérieuse et la plus crédible» pour parvenir à une solution au différend du Sahara occidental.

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Photo d'illustration. / DR
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La France est l’un des premiers pays à avoir qualifié de «sérieux» et «crédible» le plan d’autonomie proposée par le Maroc au Sahara. Cependant, ces dernières années, l’Hexagone est devancé par les Etats-Unis, l’Espagne et d’autres pays européens, qui sont allés plus loin, en reconnaissant la Marocanité de la province ou en affirmant que le plan marocain reste «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible» pour le différend vieux de 5 décennies.

Dans une newsletter adressée à l’ensemble des Français inscrits au Maroc il y a quelques jours, le candidat franco-marocain Mehdi Reddad a estimé que «la France devra être au rendez-vous de l'histoire». Promettant de porter «un projet de résolution à l'Assemblée Nationale qui reconnaisse la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental» s’il est choisi comme élu de la nation en juin prochain, il a estimé que le fait d’«aborder la thématique de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara doit se faire dans un cadre français transpartisan».

«C’est la raison pour laquelle je réunirai des parlementaires de tous les bords politiques derrière un projet de résolution appelant la France à soutenir la souveraineté marocaine sur le Sahara, rejoignant ainsi nos amis américains.»

Mehdi Reddad

Auprès de Yabiladi, le candidat explique ce mardi «qu’il faut regarder tout droit l’avenir et quel destin nous voulons projeter entre la France et le Maroc». «Il faut se positionner clairement sur le sujet, car il en va de l’avenir des relations entre les deux pays. Autrement, le Maroc va se détourner des intérêts français de plus en plus vers d’autres pays et je souhaite continuer d’avoir un rapport privilégié entre la France et le Maroc», ajoute-t-il, sans cacher sa volonté d’«influer sur les positions diplomatiques traditionnelles». «Ma position sur la question du Sahara reste claire, ferme et courageuse et que personne n’a osé porter auparavant», conclut-il.

Eviter tout «type d'ingérence extérieure, y compris et surtout l'ingérence française»

Si Mehdi Reddad reproche à ses adversaires politiques de ne «pas proposer du concret» pour les relations France-Maroc, ces derniers ne manquent pas de riposter. Ainsi, Mohamed Oulkhouir n’est pas du même avis. «Je n’entends naturellement ni offrir des places de concerts aux électeurs, ni me déplacer en avion privée de Casablanca à Dakar pour imiter des déplacements postaux de l’époque coloniale ni enfin déposer une telle proposition de loi à l’Assemblée Nationale si je suis élu», tranche-t-il. Le candidat explique qu’il ne fera «pas tout simplement parce que l’article 34 de la Constitution définit clairement et limitativement ce qui relève du domaine de la loi et qu’une telle initiative n’en fait pas partie, rendant des lors le dépôt d’une telle proposition de loi tout simplement irrecevable».

«Je ne le ferai pas ensuite parce que le règlement de l’Assemblée Nationale et le Code de Déontologie de cette dernière fait interdiction aux députés de poursuivre un autre but que la défense de l’intérêt général et les oblige à conserver leur indépendance à l’égard de tout autre intérêt», ajoute-t-il. Le Franco-marocain explique aussi ne pas voir «en quoi le dépôt d’une telle proposition de loi servirait les intérêts des citoyens français» qui l’auront élu «pour résoudre les problèmes graves qui sont les leurs, à savoir l’accès à la scolarité, l’accès à la santé, l’accès à des services publics décents et plus généralement à une citoyenneté française peine et entière». «Aucun des Français rencontrés au Maroc, en Algérie, en Tunisie, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire n’a mis en avant cette question de l’intégrité territoriale du Royaume que l’Etat marocain défend d’ailleurs parfaitement bien», précise-t-il. 

«Il me semble que la chose principale à faire c'est de renouer le dialogue impérativement car les Marocains comme les Algériens ou les Tunisiens souffrent de cette situation dans tous les aspects. Et la position c'est donc d'appeler tout le monde à se mettre autour de la table en évitant tout type d'ingérence extérieure, y compris et surtout l'ingérence française car après tout c'est malheureusement un héritage de la colonisation.»

Mohamed Oulkhouir

Tout en se disant «également marocain et évidemment attaché aux provinces du Sud», le candidat estime que «les ingérences extérieures n'ont en général fait qu'envenimer les situations notamment en voulant donner des leçons sur la manière de faire des choses, ce que la France a malheureusement trop souvent fait». «Certes, la question du Sahara est centrale pour le Maroc mais ici on parle d'élections françaises et de représentation de citoyens français privés de leurs droits les plus élémentaires», conclut-il.

Intensifier le dialogue France-Maroc sur le sujet

«La conviction de Madame Moreno est forte et personnelle», nous répond ce mardi l’équipe de campagne d’Élisabeth Moreno, candidate de la majorité présidentielle à la 9e circonscription des Français de l’étranger. «Le plan d’autonomie marocain est la base la plus sérieuse et crédible. En ce sens, il convient d’étudier toutes les initiatives permettant de rallier le plus de personnes possibles autour de cette conviction», ajoute la même source.

«Depuis 2006, la France soutient les initiatives marocaines. Certes, la France ne s’est pas positionnée aussi fortement que l’Espagne ou les Etats-Unis aujourd’hui, mais si elle est élue députée, Madame Moreno s’engage à maintenir et à intensifier le dialogue fort entre la France et le Maroc sur ce sujet.»

Equipe d’Élisabeth Moreno

David Azoulay affirme, pour sa part, que son opinion est «définitive». «Je suis absolument pour le Sahara pro-marocain et je soutiendrai mordicus cette position une fois élu, si c’est nécessaire», ajoute-t-il.

«Je ne fais pas de déclaration spontanée sur le sujet. Je suis sur la même ligne que le Maroc sur le Sahara et je reconnais sa légitimité à revendiquer ce territoire.»

David Azoulay

Tout en reconnaissant que sa position pourra lui créer des «inimitiés» en Algérie, pays qui fait partie de la 9e circonscription, le candidat franco-marocain affirme que sa position sur le sujet est «sans ambiguïté».

Jean-Claude Martinez, ancien vice-président du Front national (FN) et candidat pour la même circonscription, affirme, pour sa part, son soutien «évident» au plan d’autonomie, en s’affirmant comme «pro-Maroc». «Je suis arrivé au Maroc au moment de la Marche verte et très vite, j’ai intégré le cabinet de Driss Basri où je m’occupais des relations européennes», tient-il à rappeler.

«L’affaire de la marocanité des provinces sahariennes est réglée», déclare-t-il, en citant le plan proposé par le Maroc ainsi que le soutien des Etats-Unis. «Ça aurait été le rôle de la France d’arriver à la solution» au différend, regrette-t-il, en promettant de «plaider pour un soutien colossal» au plan d’autonomie.

De son côté, la candidate de l’Union de la droite et du centre Naïma M'Faddel a également affirmé son soutien au plan d’autonomie et à l’intégrité territoriale du royaume. «Sans langue de bois, je pense à titre personnel qu'il est temps que la France reconnaisse l'intégrité du Maroc. Le Maroc est UN et indivisible. Le Sahara fait partie intégrante du Maroc», a-t-elle indiqué sur son compte Twitter.

Un «sujet qui supporte mal les déclarations sans lendemain»

Même son de cloche pour le candidat de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), le Franco-tunisien Karim Ben Cheikh. «Le Sahara pour le Maroc est comme ce qu’a été l'Alsace-Lorraine pour la France. Pour la France, c’est une question de sécurité et de réalisme», tient-il a rappelé. «Je me félicite que la France a été le premier pays à soutenir le plan d'autonomie en 2007. C'est à mes yeux aujourd’hui la base la plus sérieuse et la plus crédible pour trouver une solution dans le cadre onusien», fait-il savoir.

Karim Ben Cheikh souligne aussi que «si l'Espagne et l'Allemagne ont affirmé récemment leur soutien au plan d'autonomie, c'est le fait de gouvernements de coalition de gauche et écologistes. M. Sanchez, chef du gouvernement espagnol, est un socialiste. Mme. Baerbock, la ministre allemande fédérale des Affaires étrangères, est une écologiste». «Concrètement, la gauche et les écolos dans ces deux grands pays européens font avancer leurs diplomaties nationales sur le Sahara», ajoute-t-il.

«Si je suis élu député, je resterai surtout sérieux sur ce sujet qui supporte mal, à mon avis, les déclarations sans lendemain, et les coups de communication ratés.»

Karim Ben Cheikh

Le candidat NUPES ne manque pas de s’interroger quant à la promesse de «l'ouverture d'une section LREM à Dakhla». «Aux dernières nouvelles, le gouvernement issu d’une majorité LREM regrettait la décision prise par LREM ? Ce sujet mérite un peu plus de sérieux», conclut-il.

Les autres candidats n'ont pu être joignables pour s'exprimer sur cette question.

Article modifié le 02/06/2022 à 13h46

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