Comme prévu, le rapport préliminaire de la mission du Centre Robert Kennedy au Sahara et dans les camps de Tindouf, du 24 au 31 août, n’a point dérogé à la règle. C’est un réquisitoire tout azimut contre le Maroc, et ce, dès les premières lignes. A Laâyoune, «la délégation RFK a été suivie par la police secrète (…) et a fait l’objet d’une campagne de désinformation largement diffusée visant à saper sa crédibilité». Un premier constat avant de pointer du doigt «l'omniprésence des forces de sécurité, les violations du droit à la vie, à la liberté, à l'intégrité physique, à la liberté d'expression, de réunion et d'association crée un climat de terreur et d'intimidation en violation de la loi et du respect des droits humains».
Une observation déjà citée dans l’article de Mme Kerry Kennedy, la présidente du Centre, publié le 27 août, sur le site d’actualité huffingtonpost.com. Sur le même ton, le rapport préliminaire a mentionné que «l’oppression contre ceux qui critiquent le gouvernement (…) n'est pas digne du royaume du Maroc, qui a fait des progrès considérables au cours de la dernière décennie en matière de garanties des droits humains».
Un petit point en faveur du Maroc auquel s’ajoute le fait de noter une certaine évolution du respect des droits de l’Homme au Maroc en comparaison à la dernière visite du Centre au Sahara, début 2011, comme l’adoption d’une nouvelle loi fondamentale, assurant une marge plus grande de liberté d’expression en comparaison à celle de 1996. Dans son rapport préliminaire, l’ONG américaine a mis en exergue le rôle du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) dont elle a rencontré des membres à Rabat.
Ce sont les seuls petits points que le royaume a réussi à arracher à la mission du Centre Robert Kennedy. Une petite victoire vite happée par des déclarations de Mme Kennedy figurant dans le rapport : «la communauté internationale assiste avec passivité à un conflit qui n’a que trop duré, alors que le peuple sahraoui vit dans une pauvreté abjecte dans des camps de réfugiés extrêmement isolés au milieu du désert du Sahara, leurs frères, au Sahara occidental sous contrôle du Maroc, qui militent pour la justice, sont victimes de harcèlement et d’intimidation et de torture».
Plaidoirie en faveur du Polisario
Réquisitoire contre le Maroc et une forte plaidoirie en faveur du Polisario. Dans les camps de Tindouf, la mission a évité savamment de rencontrer les dissidents et ils sont nombreux. En pleine visite de la délégation américaine, le chanteur Ennajem Allal, connu pour son opposition directe à Mohamed Abdelaziz, a observé un sit-in dans une tente sans qu’il soit reçu par un membre du Centre Robert Kennedy. En revanche, «la délégation a constaté le niveau de vie insuffisant» dans les camps. Et de renchérir que la population dépasse les «100.000 personnes».