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Grand Angle

Maroc : Expulsions de 200 clandestins en Algérie, un membre de l'AMDH raconte

Assister aux expulsions des Subsahariens clandestins du Maroc est devenu le quotidien d’Hassan Ammari, membre de l’Association marocaine des droits de l’homme, à Oujda. Il était présent, hier, lors de l’expulsion de 200 migrants subsahariens. Témoignage.

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200 migrants subsahariens en situation irrégulière ont été expulsés hier, lundi 3 septembre, par les autorités marocaines du territoire vers l’Algérie. Selon les services marocains de lutte contre l'immigration clandestine, les Subsahariens en situation irrégulière, transiteraient par l'Algérie pour parvenir dans le royaume. 170 de ces migrants avaient été arrêtés à Tétouan, Al Hoceima et Nador et les 30 autres à Rabat, rapporte l’AFP. Ceux arrêtés dans le nord du Maroc avaient tenté à plusieurs reprises de passer la frontière via les présides occupés de Sebta et Mélilia. Hassan Ammari, membre de l’Association marocaine des droits humains à Oujda, était sur place, hier, et a assisté à ces expulsions vers l’Algérie. Ces expulsions rythment son quotidien depuis maintenant 10 ans.

Pas de dignité

Joint ce matin par Yabiladi, il dénonce la manière dont ces personnes ont été expulsées par les forces auxiliaires et les gendarmes marocains. «Les arrestations se sont faites dans la violence et on ne les a pas traités avec dignité ni dans le respect des conventions internationales comme celles de Genève ou de Paris. J’ai vu de nombreux blessés. Certains avaient reçu des coups de la part des forces auxiliaires au niveau de la tête, du cou, du dos ou derrière les oreilles. D’autres migrants ont été blessés après avoir tenté de franchir les barbelés au niveau de la frontière de Melilia», explique-t-il.

Hassan Ammari souligne également que les autorités marocaines ne respectent pas la loi marocaine 02-03, parue au bulletin officiel, en 2003, et relative à l'entrée et au séjour des étrangers au Royaume du Maroc. Elle, régule notamment, le séjour des étrangers clandestins. «Cette loi stipule qu’on ne peut pas refouler une femme enceinte, un mineur ou des immigrants qui sont en situation de danger ou blessés, mais aujourd’hui je constate que les termes de cette loi n’ont pas été respectés», lance-t-il. Des femmes enceintes et des mineurs faisaient parties des personnes expulsées, hier, alors qu’ils auraient dû être libérés, selon Hassan Ammari.

Expulsés vers l’Algérie, de retour au Maroc

Après avoir été arrêtés dans plusieurs villes du royaume, les migrants clandestins sont transférés en bus à Oujda. Ils sont ensuite amenés dans la zone frontalière avec l’Algérie, puis les gendarmes et les forces auxiliaires, les obligent à traverser une zone désertique. Hassan Ammari explique que parfois les gendarmes marocains donnent à manger et à boire à ces migrants mais ce n'est pas nécessairement le cas, cela dépend de la générosité des gendarmes. Parfois, ce sont les locaux qui vont fournir à ses personnes des vivres.

Dès que les Subsahariens ont parcouru 200 mètres, les gendarmes quittent les lieux. Leur mission s’arrête là mais le calvaire de ses hommes et de ses femmes est loin d’être terminé car plusieurs mètres devant, les attendent les autorités algériennes qui elles non plus ne gèrent pas ces flux d’immigration d’une main de velours. «Dernièrement l’AMDH a récolté des témoignages de Maliens qui avaient été expulsés vers l’Algérie et qui avaient été torturés par les Algériens. Ils les ont frappé puis ré-expulsés vers le Maroc totalement nus. Ils leur avaient même brulé leur passeport», s’indigne Hassan.

Des deux côtés de la frontière, les autorités des deux pays traitent les Subsahariens de la même manière, sans respect pour leur dignité ni pour les conventions des droits de l’homme. Hassan Ammari s’attend à revoir dans plusieurs jours les mêmes migrants clandestins, expulsés hier, revenir au Maroc afin de tenter de regagner d’autres villes marocaines pour survivre en cachette.

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