L’îlot inhabité Sfiha ou Tierra pour les Espagnols est, désormais, vide. Seuls des militaires espagnols occupent l'île. Les 81 immigrés Subsahariens qui y avaient acosté, dans la matinée de dimanche, ont été contraints de le quitter, par une intervention conjointe des forces maroco-espagnoles. Une opération déclenchée, avant l'aube, ce matin même, mardi 4 septembre.
«La situation dans le rocher est absolument tranquille. Des militaires espagnols effectuent le nettoyage des lieux», rapporte le quotidien ABC. A une trentaine de mètres de l’îlot, sur la côte marocaine, des membres de la gendarmerie royale ont installé des tentes pour surveiller la zone. Face au refus des autorités espagnoles de fournir une assistance complète aux Subsahariens, des citoyens marocains membres de la société civile d’Al Houceima ont tenté, lundi, de faire parvenir de l’aide aux immigrés en vain. Les forts vents les ont empêchés d’atteindre le rocher Sfiha.
Silence à Rabat
Avant le déclenchement de l’opération du délogement du rocher des Subsahariens, ce matin, le fil de la discussions ne s’est pas rompu, durant tout la journée d'hier, entre les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur des deux pays. «Dès les premiers instants, nous avons tenu des entretiens avec le gouvernement du royaume du Maroc avec lequel nous avons de très bonne relations», a affirmé, lundi, le chef de la diplomatie espagnole, José Margallo à la presse. Et de reconnaître que «la situation est grave […] c’est une opération coordonnée par les mafias qui se dédient au trafic des êtres humains.»
Sur les 81 personnes échouées, dix Subsahariens, dont notamment des femmes enceintes et des enfants, ont été transférés à Mélilia pour des «raisons humanitaires». Quant au reste, c’est-à-dire 73 personnes, il n’a pas eu cette chance, il a été contraint de regagner le Maroc en attendant une éventuelle évacuation, comme c'est l'usage, vers la frontière avec l’Algérie. Dans cette affaire, seul le ministère espagnol de l’Intérieur a délivré des informations. En revanche, au Maroc, c’est le silence total.
L’intervention marocaine suscite des interrogations ?
Cette participation de membres de la gendarmerie royale à l’opération du délogement du rocher Tierra, présenté par les médias officiels, comme occupé par les Espagnols, et surtout le transfert de 73 Subsahariens vers le territoire marocain, n’est pas sans susciter des interrogations. Pour mémoire, en juillet dernier, le ministre des Affaires étrangères, Saâd Dine El Otmani, précisait devant les députés que «sur la question migratoire, le Maroc refuse de jouer le rôle de gendarme de l’Europe.»