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Grand Angle

France : Le gouvernement questionné sur le déclassement de Chadia Arab au CJB

Déclassée malgré avoir été première à la suite de son audition pour le poste de direcrice du Centre Jacque Berque (CJB) à Rabat, la géographe Chadia Arab, chercheuse au CNRS, est soutenue par son université et son laboratoire de recherche au sein du Centre. L’UMR-ESCO soupçonne une discrimination sur la base de la binationalité.

Publié
Université d'Angers / Ph. Angers.Villactu.fr
Temps de lecture: 3'

Le Conseil d’administration de l’Université d’Angers a voté à l’unanimité une motion, pour demander au ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) d’interroger celui de l’Europe et des Affaires étrangères sur le déclassement de la géographe, enseignante de chercheuse franco-marocaine Chadia Arab de sa première place au concours d’accès au poste de directrice du Centre Jacques Berque (CJB) de Rabat.

Dans sa motion rendue publique mardi 19 avril, l’université rappelle que la chargée de recherche au CNRS, membre du laboratoire UMR-ESO, a été classée première après son audition, le 3 mars dernier, par le conseil scientifique chargé du recrutement. Le 31 mars, «après une intervention du Comité d’orientation stratégique des Instituts français de recherche à l’étranger (UMIFRE) représentant les trois tutelles, le dossier de Chadia Arab a été déclassé au profit de la candidate classée deuxième», indique l’établissement, ajoutant que les raisons de ce déclassement «ne sont pas connues».

Le même avis rappelle que «les précédents retracés dans la pétition qui circule au sein du CNRS conduisent à s’interroger sur le fait que l’origine de Chadia Arab, qui bénéficie d’une double nationalité, puisse être en cause, ce qui constituerait une discrimination insupportable». L’Université d’Angers, à laquelle la géographe est rattachée, rappelle les «valeurs d’égalité républicaine et de la liberté académique» pour questionner les ministères de tutelles sur les raisons du non-respect de l’ordre de classement «établi par le conseil scientifique sur la base de l’excellence académique des candidats».

Des soupçons de discrimination à cause de la binationalité

Au sein du CNRS, le laboratoire UMR 6590 ESO Espaces et sociétés a également publié une lettre de soutien à la géographe et chercheuse. Obtenu par Yabiladi, le courrier indique qu’«en l’absence de toute motivation officielle de ce non-recrutement, l’hypothèse d’une discrimination liée à la double nationalité française et marocaine de Chadia Arab ne peut être écartée, d’autant plus que des précédents existent».

«Notre collègue Chadia Arab est de nationalité française, elle est fonctionnaire française du MESRI, titulaire d’une habilitation à diriger des recherches, en poste au CNRS et affectée dans notre unité. Ces qualités correspondent aux attendus administratifs du poste. Le conseil scientifique, en classant Chadia Arab première de sa liste, atteste de l’adéquation de ses qualités scientifiques et personnelles à ce poste», écrivent les signataires.

«Si le MEAE estime que les bi-nationaux ne peuvent prétendre à des postes dans les IFRE, ce qui nous semblerait tout à fait injuste, alors il faut qu’il l’annonce dans la description des postes, ce qui n’est pas le cas.»

UMR 6590 ESO Espaces et sociétés

À la suite des révélations sur le déclassement de Chadia Arab, un large collectif d’intellectuels français et internationaux ont signé une tribune et une pétition dénonçant une «décision scandaleuse» et des «pratiques discriminatoires contre la méritocratie républicaine». Le 8 avril dernier, une lettre de soutien rédigée par le chargé de mission égalité et le référent lutte contre le racisme et l’antisémitisme au sein de l’Université d’Angers a été adressée au président de cette dernière, pour formuler le vœu que la décision de déclassement soit révisée par les trois tutelles (MEAE, le MESRI et le CNRS).

Article modifié le 20/04/2022 à 16h39

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