Il vient tout juste de décrocher son baccalauréat avec mention et aura 18 ans dans seulement trois jours, le 2 septembre prochain. Mohamed Arbai est le deuxième plus jeune candidat aux élections municipales de Belgique, prévues au mois d’octobre. D’origine marocaine, il porte les couleurs du CDH, Centre Démocrate Humaniste (CDH), parti centriste belge, à Bruxelles.
Mohamed Arbai est, avec son frère jumeau, l’aîné d’une fratrie de 5 enfants. «Tout le monde me demande si mon frère jumeau se présente aussi aux élections mais lui ne préfère pas s’engager en politique pour le moment. De toute manière, il nous aurait été impossible de nous présente au sein de la même commune», lance-t-il en riant.
De représentant de classe à candidat aux élections municipales
Cette passion pour la politique, c’est à son père que Mohamed la doit. Arrivé dans les années 70 en Belgique, son père, originaire de la région de Driouch, travaille dur pour se faire une place en Belgique. Il fait tout genre de travail, de nettoyeur à électricien, avant de devenir indépendant et d’avoir aujourd’hui son petit magasin d’objets à 1 euros. «Quand j’étais petit, mon père nous faisait regarder l’actualité et les débats télévisés pour nous sensibiliser sur les problèmes des autres et mieux comprendre les idées des partis politiques», se souvient Mohamed Arbai.
En grandissant, Mohamed reste sensible à ces problèmes. Au lycée, il devient représentant des élèves de sa classe pour servir d’intermédiaire à la direction de l’établissement. Puis, c’est le grand saut dans le vrai monde de la politique lorsqu’il adhère au CDH. Le CDH défend les mêmes valeurs auxquelles il croit : valeurs humanistes, de famille, de fraternité et du droit au culte. Au total, 49 personnes se présentent sur la même liste que Mohamed Arbai, dont plusieurs d’origine marocaine, pour au total 17 sièges prévus.
Ainsi les grands axes du programme du candidat belgo-marocain concernent avant tout l’avenir des jeunes belges. «Ma priorité, c’est l’enseignement», lance-t-il. Mission : mieux lutter contre l’échec scolaire. Il souhaite ainsi investir ses efforts dans la formation des professeurs afin de revaloriser cette profession. Il prévoit d’améliorer la communication entre les jeunes et leurs représentants politiques locaux en proposant la création d’un Conseil Consultatif des Jeunes.
Il entend également veiller à la protection des cultes. «Pour moi, il est très important que chrétiens comme musulmans puissent librement exprimer leur foi car si on les empêche d’aller à l’église ou à la mosquée, ils risquent de vivre un mal-être. Ils ont besoin de pratiquer leur foi en toute liberté», ajoute-t-il. Interrogé sur le fait que de plus en plus de belges musulmanes voilées veuillent se présenter aux élections, il répond ne pas être choqué. «Les musulmans aussi ont le droit de s’investir en politique ! C’est quand même plus démocratique de voir au sein des conseils municipaux des élus qui représentent la diversité au sein de leur commune que des gens qui n’ont aucun point en commun avec eux», estime-t-il.
Call of Duty
Mûr pour son âge, maîtrisant déjà parfaitement le langage politique, pesant chacun des mots qu'il va prononcer et conscient des duretés que la politique peut représenter, Mohamed Arbai n’en reste pas moins un garçon normal dont les passions sont ceux des autres jeunes de son âge. «J’adore les jeux où ça tire de partout et qui font monter l’adrénaline», s’amuse-t-il. Son jeu préféré est Call of Duty dans lequel des soldats américains partent à la chasse aux terroristes ou encore Guitar Hero. Il pratique également le football ou encore la natation.
Pour le moment, les médias belges ne se bousculent pas pour le rencontrer. «C’est parce qu’il y a un autre candidat qui est encore plus jeune que moi d’un mois seulement et tous les médias cherchent à l’interviewer. Mais lui n’est pas toujours disponible pour répondre à leurs questions. Les journalistes vont bien finir par craquer un jour et venir m’interroger en remplacement. Les élections approchent à grand pas», lâche-t-il.
Si Mohamed Arbaï n’arrive pas à décrocher un siège à Bruxelles, il ne sera pas escessivement déçu. «A 18 ans, il ne faut pas s’attendre à tout réussir dans la vie ! Je peux toujours me représenter dans 6 ans à ces mêmes élections». En attendant, Mohamed s’est inscrit en faculté de droit à Bruxelles rêvant d’occuper, un jour, un poste de ministre.