Menu

Grand Angle

Maroc : La mortalité due au Covid-19 sous-estimée ?    

Les surmortalité au Maroc, due à la pandémie du Covid-19, serait de 157 000 morts, contre seulement 14 800 décès signalés entre le 1er janvier 2020 et le 21 décembre 2021, selon une étude publié dans The Lancet.

Publié
Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 3'

Alors que les chiffres indiquent que 5,94 millions de personnes dans le monde ont péri à cause du Covid-19, la pandémie aurait entraîné 18 millions de décès entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2021. Dans une nouvelle étude publiée en ce mois de mars dans la revue scientifique The Lancet, les experts évoquent ainsi des décès 3 fois plus importants que les bilans officiels.

L’étude a tenté d’estimer la surmortalité due à la pandémie du Covid-19 dans 191 pays et territoires en 2020 et 2021. Pour ce faire, des rapports sur la mortalité, toutes causes confondues, ont été recueillis pour 74 pays et territoires et 266 sites (dont 31 sites dans des pays à revenu faible ou intermédiaire) qui avaient signalé des décès hebdomadaires ou mensuels de toutes causes pendant la pandémie en 2020 et 2021, et jusqu'à 11 ans auparavant.

«La surmortalité au fil du temps a été calculée comme la mortalité observée, après exclusion des données des périodes affectées par l'enregistrement tardif et les anomalies telles que les vagues de chaleur, moins la mortalité attendue», expliquent les chercheurs qui ont utilisé «six modèles pour estimer la mortalité attendue» alors que «les estimations finales de la mortalité attendue étaient basées sur un ensemble de ces modèles». Comme les dossiers de mortalité sont incomplets dans le monde, ils ont «construit un modèle statistique qui a prédit le taux de surmortalité pour les lieux et les périodes où les données de mortalité toutes causes confondues n'étaient pas disponibles».

Des décès excessivement élevés en Afrique du Nord

Les résultats de l’étude montre ainsi que le taux mondial de surmortalité, tous âges confondus, due à la pandémie du Covid-19 était de 120,3 décès (113,1–129,3) pour 100 000 habitants, alors que le taux de surmortalité dépassait 300 décès pour 100 000 habitants dans 21 pays. «Le nombre de décès excessifs dus au Covid-19 était le plus élevé dans les régions d'Asie du Sud, d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d'Europe de l'Est», expliquent les chercheurs.

Dans ce sens, au niveau des pays, les nombres les plus élevés de surmortalité due au Covid-19 ont été observés en Inde (4,07 millions [3,71–4,36]), aux États-Unis (1,13 million), en Russie (1,07 million), au Mexique (798 000), au Brésil (792 000), en Indonésie (736 000) et au Pakistan (664 000). Parmi ces pays, le taux de surmortalité était le plus élevé en Russie (374,6 décès [369,7–378,4] pour 100 000) et au Mexique (325,1) et similaire au Brésil (186,9) et aux États-Unis (179,3).

Pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, l’étude explique que les taux de mortalité variaient, avec des taux élevés au Liban (416,2 décès pour 100 000), en Tunisie (324,2 pour 100 000), en Libye (292,1 pour 100 000) et en Irak (280,1 pour 100 000). Les chercheurs ont également calculé le rapport entre le taux de surmortalité et le taux de mortalité Covid-19 déclaré comme mesure du sous-dénombrement de l'impact réel de la pandémie sur la mortalité. «Il y avait de grandes variations dans le ratio entre les régions et au sein des régions», notent-ils, en précisant que «les ratios étaient supérieurs à 10 au Maroc (10,56), en Égypte (12,19), au Soudan (25,12), en Afghanistan (26,06) et au Yémen (33,04)».

157 000 morts au Maroc au lieu de 14 800 ?

Selon l’étude, alors que les décès Covid-19 signalés au Maroc, pour la même période, s’élèvent à 14 800 morts et le taux de mortalité rapporté était de 21,6 pour 100 000, le surplus de décès est estimé à 157 000 morts (126 000 à 203 000) tandis que le taux de surmortalité atteint 228,3 (182,9 à 294,9) décès pour 100 000 habitants.

Les résultats indiquent donc que «l'impact de la pandémie a été bien plus important que ce que suggèrent les statistiques officielles». Pour les chercheurs, «l'ampleur de la charge de morbidité a pu changer pour de nombreuses causes de décès pendant la période pandémique en raison à la fois des effets directs des confinements et des turbulences économiques qui en ont résulté».

L’étude rappelle qu’«en plus des décès dus à l'infection par le SRAS-CoV-2, la distanciation sociale et d'autres restrictions pandémiques pourraient avoir réduit les décès dus à certaines maladies et blessures, telles que les accidents de la route et en avoir augmenté d'autres». Elle cite à cet égard les décès dus à des affections chroniques et aiguës, couplés à la recherche différée de soins dans des systèmes de santé surchargés par rapport aux conditions attendues ou de référence.

«De tels changements dans les schémas de base de décès par maladie et par blessure affectent la surmortalité due à la pandémie», reconnaissent les chercheurs, en estimant qu’il «est difficile de différencier la surmortalité due à l'infection par le SRAS-CoV-2 de celle due à d'autres changements sociétaux, économiques ou comportementaux associés à la pandémie».

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com