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Interview

L'ensemencement des nuages, l'une des solutions du Maroc face à la sécheresse [Interview]

En raison du manque de précipitations cette année, le Maroc a annoncé qu'il compte recourir à la pluie artificielle par ensemencement des nuages, dans le cadre du programme Al Ghait. Dans cette interview, Mohamed Benabou, expert en climat et développement durable, répond aux questions de Yabiladi à propos de ce procédé, ses techniques et son efficacité.

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Photo d'illustration. / DR
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L’ensemencement des nuages pour une pluie artificielle. De quoi s’agit-il ?

C'est une technique dans laquelle un groupe de solutions chimiques est utilisé dans des nuages afin d’influencer les précipitations, bien sûr en choisissant le bon moment et le bon endroit, ainsi que le type de nuages approprié. Le Maroc travaille depuis des années sur un programme d'ensemencement artificiel appelé Al Ghait. En 1984, le royaume a signé un partenariat stratégique avec les États-Unis d'Amérique dans ce domaine, et la première expérience dans le Maroc remonte à 1996.

Ce processus commence en novembre et se termine en avril et peut également avoir lieu en octobre. L'objectif principal est d'augmenter la quantité de pluie, de 14 à 17%.

Qui supervise le processus et quelles sont les méthodes approuvées au Maroc ?

Il existe un comité de direction qui supervise l'opération, qui est affilié à la Gendarmerie royale. Le Maroc s'appuie sur l'expertise scientifique de la Direction générale de la météorologie, qui surveille les satellites et l'altitude météorologique, et détermine le moment et le lieu appropriés pour la l’ensemencement des nuages.

En ce qui concerne les méthodes, le Royaume adopte deux : la première passe par l'utilisation d'avions. Le Maroc dispose de deux types d'avions pour ce processus, et les Forces armées royales se chargent de cette tâche. La deuxième méthode est basée, pour sa part, sur des stations au sol. Le Maroc dispose de trois stations au sol, à El Hajeb, à Azilal et à Beni Mellal. Ces stations envoient des produits chimiques via des fusées ou d'autres technologies dans les nuages. L'accent est mis sur la région des montagnes de l'Atlas dans ce processus.

Le Maroc commercialise-t-il, selon vous, ses années d'expérience à l'étranger ?

Notre pays a accumulé une très grande expérience qui a débuté dans les années 1980. Le Maroc valorise cette expérience au profit d'un ensemble de pays frères et amis du continent africain. Le Royaume assiste la Mauritanie, le Sénégal, le Burkina Faso et dans d'autres pays dans leurs opérations d’ensemencement des nuages.

Cette opération permet non seulement augmenter la quantité de précipitations, mais également dissuader le froid, qui endommage certains produits agricoles.

Ce procédé a-t-il des inconvénients selon vous ?

Pour parler d'impact environnemental, il faut remonter aux rapports de l'Organisation météorologique mondiale, qui suit cela en permanence. Dans son dernier rapport sur l’ensemencement des nuages, qui a examiné le cas des États-Unis d'Amérique entre 2005 et 2009, l’instance a confirmé l'absence d’impacts sur les plantes, les animaux et l’humain.

De plus, les analyses de l'eau potable ont prouvé qu'il n'y avait pas de résidus chimiques utilisés dans l’opération.

L'ensemencement artificiel se présente-t-il comme solution pour pallier le problème de la sécheresse ?

L’ensemencement des nuages reste une des solutions possibles. Le Maroc fait appel à ce procédé chaque année, mais cette année on en parle beaucoup, vu la sécheresse que traverse le pays.

En plus de l'ensemencement, le Maroc cherche bien sûr d'autres alternatives. Il peut désormais exploiter l’eau saumâtre et la transformer en eau douce. Il fait également appel à des usines de dessalement d'eau de mer, comme celle de Chtouka Ait Baha, qui repose entièrement sur les énergies renouvelables. Deux autres stations sont en construction à Dakhla et Casablanca.

Il est à rappeler que depuis 2015, la quantité de précipitations est en baisse alors que la quantité de précipitations enregistrée cette année est la plus faible depuis 1981.

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