Menu

Grand Angle

Des étudiants bloqués à Soumy ont pu quitter l’Ukraine malgré les bombardements

Au vu de l’escalade de violences constatée jour après jour dans la ville de Soumy, nombre d’étudiants de différentes nationalités ont décidé d’entreprendre le périple et quitter la ville, à leurs risques et périls, sans attendre l’organisation d’une opération d’évacuation. Parmi eux, de premiers étudiants marocains ont pu quitter l’Ukraine.

Publié
Photo d'illustration / Daniel Leal - AFP
Temps de lecture: 3'

Encerclée depuis une dizaine de jours, Soumy à l’extrême nord-est de l’Ukraine a été le théâtre de violents bombardements, frappes aériennes et combats armés dans les rues, depuis le début de l’offensive russe dans le pays, le 24 février dernier. Pratiquement fermées, les issues de cette ville qui se trouve à 30 kilomètres de la Russie n’ont pu être accessibles ni aux entrants ni aux sortants, coinçant la population civile entre deux feux. En plus des citoyens locaux, nombre d’étrangers ont été pris au piège, notamment plusieurs ressortissants marocains, dont une trentaine d’étudiants. Ces derniers jours, trois parmi eux ont réussi à quitter le pays, après avoir décidé de fuir Soumy, malgré les risques.

Contacté par Yabiladi, Aiman en fait partie. Etudiant en cinquième année de médecine, il a pu franchir la frontière avec la Roumanie dimanche soir, après un périple de trois jours sur les routes. «Avec deux de mes amis, nous avons pris la décision d’entreprendre le périple, car les violences se multipliaient chaque jours depuis une semaine ; nous nous sommes rendus à l’évidence que personne ne pourrait nous porter secours de l’extérieur», nous a-t-il confié.

«Vu la situation, la seule chose qui nous restait à faire était de prier pour que nous puissions avoir la force d’affronter les dangers qui nous attendaient. Nous avons pris la route tout en étant parfaitement conscients des risques.»

Aiman, étudiant résident à Soumy

Aiman raconte avoir traversé plus de 300 kilomètres à bord de sa voiture, avant d’être contraint de l’abandonner, pour continuer le périple depuis la voie ferrée opérationnelle la plus proche. «Avec tout ce que nous avons vu sur la route, nous nous sentions un peu plus en sécurité lorsque nous sommes montés dans le train pour la suite du voyage. Mais s’il n’y avait pas eu ce train, je n’aurais pas eu d’autre choix que poursuivre la route au volant», dit l’étudiant.

D’autres étudiants attendent la mise en place d’un corridor humanitaire

Rares sont les camarades d'Aiman qui ont tenté lde quitter la ville. «Il y a des amis qui ont très peur de sortir de chez eux et je le comprends parfaitement. Je suis conscient moi-même des dangers d’un voyage pareil ; nous étions rongés d’inquiétude en prenant la route», a-il expliqué.

«Le trajet était loin d’être des plus simples, surtout avec les bombardements et les échanges de tirs sur la route. Nous avons dû faire des détours pour éviter certains barrages trop risqués. Nous sommes reconnaissants aux Ukrainiens que nous avons croisés et qui nous ont conseillé de privilégier certaines routes. Maintenant, nous espérons que nos autres amis à Soumy auront plus de facilités que nous et que tout le monde puisse retrouver ses proches.»

En effet, plusieurs étudiants comme Aiman ont longtemps hésité avant de lui emboîter le pas. Ces derniers jours ont été marqués par des annonces sur la mise en place de couloirs humanitaires, avant que ces derniers ne soient annulés. «Nous avons appris que la Croix-Rouge pourrait assurer des passages, mais jusque-là, j’ai vu les véhicules de l’organisation intervenir principalement pour le transport des morts et des blessés… A un moment, nous ne pouvions plus attendre d’en arriver à ce stade pour bénéficier d’une évacuation accompagnée», a déclaré Aiman.

Soulagé aujourd’hui d’être sain et sauf, Aiman attend désormais de pouvoir faire une réservation de billet pour regagner le Maroc, tout en ayant «une pensée constante pour les autres étudiants qui espèrent toujours sortir de Soumy». Ce lundi, le ministère russe de la Défense a proposé l’ouverture de couloirs humanitaires à Soumy, entre autres villes, ce que la partie ukrainienne a rejeté. Par conséquent, plusieurs étudiants attendent une nouvelle annonce de l’ouverture d'un passage.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com