Menu

Grand Angle

Bouarfa : Malgré sa condamnation, un professeur accusé de harcèlement sur mineures continue d’exercer

La Cour d’appel d’Oujda a condamné à trois ans un enseignant de primaire de la région de Bouarfa, accusé de harcèlement sexuel sur des petites filles. Mais un mois plus tard, la peine n’est toujours pas exécutée. Les familles des victimes considèrent cette peine laxiste. Elles exigent que l’accusé soit suspendu de ses fonctions.

Publié
Photo d'illustration / DR.
Temps de lecture: 2'

La Cour d’appel d’Oujda a décidé de confirmer le jugement rendu en première instance à l’encontre d’un enseignant de français, condamné à trois ans de prison pour «attentat à la pudeur sur mineur», dont cinq écolières ont été victimes. Il doit également verser une indemnité à la partie civile, soit dix mille dirhams pour chacune des victimes. L’homme a été poursuivi en état de liberté provisoire, selon les déclarations à Yabiladi de Me Houria Didi, avocate au Barreau d’Oujda, en charge du dossier pour la partie civile.

Malgré ce jugement il y a un mois, l’accusé reste entièrement libre jusqu’à ce jour. Père de l’une des victimes âgée de 11 ans, Houcine Boukheddou a déclaré à Yabiladi qu’en plus de jouir de sa pleine liberté, l’enseignant «continue d’exercer ses fonctions dans le même établissement», l’école Dakhla de Bni Tadjite, dans la commune de Bouarfa (province de Figuig), «sous le regard des victimes, ce qui est étonnant». Dans les faits, le concerné faisait subir des attouchements sexuels à ses victimes au niveau de leurs parties intimes, en les convoquant individuellement et de manière répétées derrière son bureau en classe, selon les éléments de l’enquête judiciaire.

«Pour les écolières qui ont souffert des agissements de cet enseignant, se retrouver quotidiennement à l’école n’est pas facile pour elles et pour leur moral.»

Houcine Boukheddou

Le père a souligné avoir adressé un écrit au ministère de l’Education nationale pour faire remonter ce qui s’est passé. Mais pour l’heure, aucune mesure administrative n’a été prise à l’encontre de l’accusé.

Un poids psychique sur les écolières et les parents

Le père de la victime a exprimé auprès de Yabiladi sa déception, face à «une peine de prison atténuée». Il a indiqué que les proches étaient soutenus par l’Observatoire national des droits de l’enfant, et le procès en première instance a été suivi par quelques associations. Houcine Boukheddou a en outre déclaré ne pas être en mesure d’assurer un accompagnement psychologique à son enfant. «J’ai abandonné mon travail depuis 2019, année des faits, car je devais me déplacer à chaque fois à Oujda pour assister aux audiences, et parce que je voulais rester près de ma fille», a-t-il confié.

«Pour moi, le verdict est déjà un tournant, car il rompt avec l’impunité des fauteurs dans ce genre d’affaires et il a donné à la parole des victimes toute sa place, au lieu d’insister sur la question du flagrant délit comme cela se faisait avant.»

Me Didi

Les faits ont été révélés en octobre 2019, après que les parents d’un groupe d’écolières, âgées de huit à neuf ans et suivant leur scolarité au troisième niveau primaire, ont déposé une plainte contre le professeur incriminé. Dans un premier temps, sept familles ont déposé plainte pour attentat à la pudeur, agression et harcèlement sexuels, avant que deux ne se retirent «sous la pression» de l’autre partie, selon l’avocate. Les autres familles ont maintenu leurs poursuites à l’encontre de l’accusé.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com