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Grand Angle

Benkirane rétropédale après s’être avancé sur une prérogative royale

Après avoir opéré une incursion sur un terrain exclusivement royal, le 19 février, exigeant de Mohammed VI l'organisation d'élections législatives anticipées au cas où Aziz Akhannouch échouerait  à apporter des solutions aux problèmes des Marocains, le chef du PJD opère un rétropédalage et présente son «mea-culpa».

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Abdelilah Benkirane et le roi Mohammed VI / Archive - Ph. MAP
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Abdelilah Benkirane a réitéré son opposition à la campagne lancée sur les réseaux sociaux, réclamant le limogeage de l'actuel chef du gouvernement. Le secrétaire général du PJD n'a pas caché son souhait de voir le cabinet Akhannouch «tomber... mais naturellement et normalement». Un objectif qui nécessite «du temps afin de s’assurer de sa capacité à corriger les choses, selon le cadre constitutionnel possible», a-t-il souligné dans une allocution prononcée, jeudi, devant le groupement des députés de son parti.

Des propos que Benkirane avait tenus à l’occasion d’une session ordinaire du conseil national du PJD. Devant les membres de cette instance, Benkirane avait plaidé pour laisser au président du RNI «un an» aux commandes de l’exécutif pour apporter des solutions aux problèmes des Marocains. Dans le cas contraire, il avait émis le souhait que le roi Mohammed VI intervienne «et organise des élections anticipées, comme en 2011». Au passage, il s’est dit totalement opposé à la désignation de Moulay Hafid Elalamy à la place d’Akhannouch.

Benkirane a fait une incursion sur un terrain exclusivement royal

La différence entre ces deux discours a porté sur ce point délicat. Désormais, Benkirane n'évoque plus son rejet à la désignation d’un remplaçant, issu du RNI, pour présider le gouvernement. «S’il (Akhannouch, ndlr) n’est pas en mesure d’assumer sa responsabilité» à la tête du gouvernement «il doit présenter sa démission, puis, c’est à Sa Majesté le Roi de nommer un autre ou de procéder à des élections anticipées», a-t-il proposé.

Le secrétaire général a visiblement compris que son véto exprimé le 19 février, entrait en collision avec une prérogative constitutionnellement dévolue au roi. L’article 47 de la constitution du 1er juillet donne en effet au souverain le droit de limoger le gouvernement et d’en nommer un autre.

La suite de son discours du jeudi 3 mars s’apparente à un «mea culpa» adressé à qui de droit. «Nous nous engageons dans la vie politique principalement pour servir notre pays, notre société et notre Etat, à notre manière, dans le cadre de l’appui et du conseil, et dans l'objectif de se préparer à être au bon endroit et au bon moment, lorsque notre société et notre Etat auront besoin de nous», a déclaré Benkirane devant les 12 députés du PJD.

Pour rappel, en mars 2017, lorsque le roi Mohammed VI avait limogé Abdelilah Benkirane, après cinq mois de «blocage» pour former un nouveau gouvernement, il n’avait pas appelé à l’organisation d’élections législatives anticipées mais a chargé son «frère» Saad-Eddine El Othmani de la même mission, conformément à l’article 47 de la constitution du 1er juillet 2011.

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