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Grand Angle

Dakhla : Après la mort de Lahbib Aghrichi, la famille réclame justice

Depuis plusieurs jours, la famille de Lahbib Aghrichi, dont les ossements ont été retrouvés la semaine dernière par les autorités, continuent de manifester à Dakhla, appelant à dévoiler les résultats des investigations menées ainsi que ceux de l’autopsie. L’affaire est récupérée par le Front Polisario.

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Photo d'illustration. / DR
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Le torchon brûle à Dakha depuis quelques jours, au lendemain de la disparition de Lahbib Aghrichi. Hier, un énième sit-in de la famille de ce Sahraoui a été interdite par les autorités. Des affrontements entre les forces de l’ordre et des citoyens venus soutenir la famille du défunt ont été constatés. Plusieurs confrères travaillant dans des médias locaux auraient été agressés par des agents de sécurité, lors de la dispersion de ce sit-in, écrit le média local Dakha News. Ce dernier confirme l’arrestation du journaliste Mohamed Al Arzaki, qui a été libéré par la suite.

«La police est venue pour nous disperser et interdire le sit-in par lequel nous appelons à ce que justice soit rendue et qu’ils nous révèlent les résultats des recherches», confie le frère de Lahbib, Ennaâma Aghrichi. «Tout le monde se désengage et personne ne veut nous confirmer la mort de mon frère», dénonce-t-il au micro du média local.  

«Nous menons un sit-in pacifique devant le domicile de mon frère. Ils nous interdisent les grands boulevards et les places. Actuellement nous manifestons devant notre maison. Aucun responsable ne veut nous confirmer le décès de mon frère.»

Frère de Lahbib Aghrichi

Selon plusieurs sources concordantes, relayant la version de la famille, un homme d’affaires connu dans la ville, était porté disparu depuis le 7 février. Les autorités se mobilisent alors pour le rechercher et parviennent à auditionner des membres de la famille et les connaissances de la personne disparue, dont un certain Youssef A., originaire de Zagora et père d’une enfant. Ce dernier est alors retrouvé mort deux jours plus tard.

Si les autorités évoquent l’hypothèse d’un suicide de Youssef A. et indiquent que des «traces de sang» ont été retrouvées dans un dépôt lui appartenant et «dans le coffre de bagages de sa voiture», la famille de Lahbib Aghrichi conteste cette version. Hier, elle a publié un communiqué en assurant qu’elle «appelle à dévoiler les circonstances du crime dont a été victime Lahbib Aghrichi», décédé dans des circonstances «mystérieuses».

La famille dit ne pas croire au décès de Lahbib Aghrichi

La famille a pointé la «confusion» ayant accompagné les opérations d’investigation et de recherche menées par les autorités à Dakhla, évoquant l’«absence de confiance» de la famille, surtout après ses «efforts colossaux pour enquêter sur la disparition depuis le premier jour et l’identification d’un suspect principal qui a été retrouvé mort, selon le communiqué des autorités».

Rappelant n’avoir «reçu à ce jour aucun document officiel prouvant le contenu dudit communiqué», la famille du défunt considère que les faits nécessitent de «revoir l’affaire dans sa globalité». «La famille n’a pas été informée de la présence de restes d'ossements calcinés et de dents humaines lors de l’opération de recherche menée», insiste-t-elle.

 

Le communiqué rappelle que des membres de la famille ont été convoqués, lundi, à la Wilaya de la région Dakhla-Oued Ed-Dahab pour rencontrer les autorités locales afin de discuter plusieurs points dont les manifestations quotidiennes appelant à ce que justice soit rendue dans l’affaire de Lahbib Aghrichi». «La famille a surpris les responsables par une vague de questions sur le communiqué des autorités. Elle n’a pas reçu de réponse claire et directe, les responsables ayant assuré qu’ils ne peuvent pas confirmer ou infirmer la mort de notre fils», ajoute-t-elle. Pour la famille, cette «opacité» et cette confusion confirment plusieurs contradictions, qui font que «le crime et les criminels continuent d’être protégés par des responsables haut placés».

Dans ce sens, la famille de Lahbib Aghrichi dit ne pas croire en son décès jusqu’à ce qu’elle reçoive les résultats d’une autopsie et un certificat de décès émanant des autorités compétentes». «Nous tenons les autorités de Dakhla comme complètement responsables des répercussions psychologiques dont la famille a été victime suite à cet égarement et cette confusion ayant accompagné les opérations de recherche et d’investigation». Tout en appelant à accélérer la présentation des résultats de l’enquête et déférer les responsables devant la justice, la famille a tenu à saluer «les élans de solidarité et de soutien exprimés dans tout le pays».

Une récupération par le Front Polisario

Habitué à surfer sur les drames au Sahara, le Front Polisario et l’Algérie tentent depuis quelques jours d’amplifier ce drame. Jeudi dernier, la «commission politique de l'Assemblée nationale» du Polisario a ainsi «fermement condamné l'assassinat du citoyen sahraoui Lahbib Aghrich» en tenant le Maroc comme «responsable de cet acte criminel lâche» et en associant à tort le décès à «la poursuite des massacres commis contre des civils sahraouis» au Sahara.

Dimanche et lundi, l’agence Algérie presse service (APS) a médiatisé la réaction d’une ONG pro-Polisario dénonçant le décès puis a relayé les propos d’une tante du défunt, qui a évoqué le refus par la famille de recevoir les restes de Lahbib Aghrichi sans les résultats d’une autopsie.  

Sur les réseaux sociaux, plusieurs pages et comptes pro-Polisairo ont largement médiatisé l’intervention des autorités marocaines pour disperser les manifestants venus soutenir la famille sahraouie, en associant le drame aux thèses séparatistes du Polisario.

Mercredi 16 février, le procureur général du Roi près la Cour d'appel de Laâyoune a annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire approfondie pour élucider les circonstances de la disparition d'un individu le 7 février dans la ville de Dakhla et de la découverte le 9 février du cadavre d'un autre, faisant partie des connaissances de la personne disparue, à proximité de la plage de la même ville. «Les investigations et recherches se poursuivent. Une fois achevées, toutes les mesures juridiques appropriées seront prises à la lumière des résultats obtenus, dont l'opinion publique sera informée au moment opportun», a assuré le procureur général, dans un communiqué.

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