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Grand Angle

«Jorouh», une série marocaine qui s’exporte grâce à son histoire universelle

Réalisée par Actarus Ahmed Aksas, la série «Jorouh» a été tournée entièrement au Maroc. Son succès au niveau régional arabe se ressent déjà, grâce à une intrigue dont le langage est universel, à travers un combat entre le bien et le mal.

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«Jorouh», une série d’Actarus Ahmed Aksas, prochainement diffusée sur MBC5 / Ph. Sigma
Temps de lecture: 4'

Depuis la mise en ligne des deux premiers épisodes, dès le 17 février sur la plateforme arabe de streaming Shahid VIP, «Jorouh» est d’ores et déjà intégré parmi les séries les plus regardées, relevant le défi de la concurrence avec de grandes productions des pays du Moyen-Orient. Après un an d’écriture et en 15 épisodes, ce projet porté par Sigma pour le groupe MBC doit son succès à une trame scénaristique et à une direction d’acteurs ficelées, en plus des choix de son réalisateur, Actarus Ahmed Aksas, et de son équipe de production, qui ont décidé de poser bagage dans les communes d’Ifrane et d’Azrou pour six semaines de tournage.

Né en France d’une mère d’Oran et d’un père d’Oujda, le réalisateur a déclaré à Yabiladi avoir voyagé partout dans le monde, avant de s’installer au Maroc il y a 14 ans. Auteur de plus de 300 tournages publicitaires, il se rappelle avoir sillonné toutes les régions du pays, ce qui lui a permis de le redécouvrir autrement. «J’ai découvert des zones magnifiques et je me suis demandé pourquoi les tournages étaient centrés sur Casablanca. J’aime beaucoup la région d’Ifrane et pour un scénario écrit sous forme de drame universel comme l’ont très bien fait Adnane Mouhejja et Yahya El Fandi dans cette série, j’ai été convaincu que c’était à Ifrane qu’il fallait filmer», a-t-il indiqué.

Exporter une image originale du pays à travers une série

Pour Actarus Ahmed Aksas, cette décision a été une grande prise de risque. «Avec mes producteurs, nous sommes mis d’accord de partir à Ifrane. Le coût a été plus conséquent alors que nous avions un petit budget, comparé aux productions internationales, mais nous l’avons fait d’abord pour le pays. Le monde arabe allait nous regarder et à notre petite échelle, nous sommes des ambassadeurs du Maroc», a-t-il confié à Yabiladi.

Un autre défi a été de dépasser les idées reçues dans le monde arabe, sur la compréhension limitée du dialecte marocain. Selon le réalisateur, «la tendance est en train de changer», grâce notamment à l’effort de création ces dernières années au niveau des séries marocaines. «Il y a un intérêt de plus en plus grand pour les séries marocaines au Moyen-Orient ; plusieurs ont d'ailleurs été réalisées pour MBC», a-t-il souligné.

«Par la beauté des images et par la beauté de l'écriture, il est de notre responsabilité en tant que réalisateurs marocains de faire diffuser à travers le monde notre parlé et notre culture, d’autant que nous avons de grands acteurs. A travers les séries, nous le faisons encore plus maintenant grâce à la diffusion sur les plateformes arabes et c’est une fierté pour nous de pouvoir nous exporter de la sorte.»

Actarus Ahmed Aksas

Parmi les trois producteurs exécutifs, Rachid Hamman a indiqué à Yabiladi qu’«un travail de qualité est toujours un travail difficile ; on travaille dans le stress en prenant des risques et en minimisant les conséquences, tout en veillant à la bonne coordination entre les différents métiers qui ont permis la sortie de la série». Il a expliqué ainsi avoir voulu «exécuter un projet avec une histoire intéressante, qui montre la campagne et le Maroc d’une manière magnifié, sublimée». «Une histoire de vengeance, c’est une histoire universelle et forte. Nous avons eu l’idée de la filmer dans des paysages qui nous permettent d’avoir une valeur artistique importante, qui montre notre pays d’une manière différente et qui ajoute une grande dimension de dramaturgie», a-t-il indiqué.

L’histoire d’un combat entre le bien et le mal

Dans cette série, Rachid El Ouali interprète le personnage principal d’El Ouafi, propriétaire terrien tyran, qui n’a aucune pitié à l’égard de ses plus proches pour arriver à ses fins et affirmer son pouvoir. Après que son père a été tué par El Ouafi alors qu’elle est petite fille, Samira (interprété par Karima Gouit) grandira avec la rage de venger la mort de son aïeul. Le rôle du personnage principal est complexe, permettant de découvrir un nouveau visage du comédien et acteur marocain.

«C’est pour la première fois que je joue un rôle pareil, où le personnage est détesté par son entourage, par ses propres enfants et par ses épouses. Il commet des erreurs dans sa vie, espère les effacer, mais cela n’est jamais possible au vu des dommages causés. Le rôle est construit de façon à ce qu’on déteste ce personnage mais qu'en même temps, on ressente aussi de la sympathie pour lui, ce qui a nécessité un grand travail au niveau de l’écriture déjà, mais aussi du jeu face à la caméra.»

Rachid El Ouali

Ce casting constitué de grands noms du théâtre et du cinéma marocain a permis aussi à des enfants de se distinguer, à l’image de Hiba Benomar, révélée à l’âge de six ans dans le rôle de Samira étant petite. «Au début, j’ai eu le trac et j’ai eu peur parce qu’il y avait des flammes et des chevaux qui couraient sur le plateau, mais ma mère m'a aidée à travailler mon rôle et j’ai pu le faire», a-t-elle déclaré à Yabiladi. Parallèlement à son parcours d’actrice en herbe, Hiba fait du théâtre, du piano, participe à des ateliers d’échec, danse classique, gymnastique et patinage artistique et basketball. «Nous partageons ses activités parascolaires sur un compte Instagram dédié, afin d’inspirer les enfants et les jeunes en les encourageant à avoir des activités artistiques et sportives, parallèlement aux études», nous explique sa maman, Dr. Hajar El Baroudi.

Dans la série, l’actrice franco-marocaine Ouidad Elma joue pour sa part le rôle de Nora, fille d’El Ouafi mais qui refuse l’autorité de son père. «Elle est complètement libre, avec un puissant caractère. J’ai découvert ces traits en moi-même à travers ce rôle ; on dirait qu’il a été écrit pour moi !», a-t-elle déclaré à Yabiladi. «Tout au long du processus créatif, j’ai développé un rapport particulier de connexion avec la terre. C’est une grande fierté pour moi de participer à une série marocaine, dans mon pays de naissance et j’espère revenir bientôt dans la région», a-t-elle ajouté.

Article modifié le 21/02/2022 à 20h54

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