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Grand Angle

Maroc : Benkirane accuse Mezouar de « prévisions précipitées » de la conjoncture en 2012

La normalisation des relations entre le PJD et Salaheddine Mezouar n’est pas pour demain. Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement, et Driss Azami, ministre du Budget, accuse l’ancien ministre des Finances de s’être montré trop optimiste lorsqu'il a formalisé la première mouture la loi de finances 2012, en fin d'année dernière.

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Le temps des sourires de façade entre Mezouar (à g.) du RNI et Benkiran (à d.) du PJD est loin désormais.
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Nouvelle polémique, au Maroc, entre le parti de la majorité, le PJD, et l’ancien ministre des Finances et président du parti du Rassemblement National des Indépendants, Salaheddine Mezouar. Lundi 13 août, devant les membres de la Chambre des représentants, l’actuel chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane a estimé avoir hérité de l’équipe gouvernementale précédente de «chiffres erronés» basés sur des «hypothèses fragiles» et des «prévisions précipitées».

Le lendemain, c’est autour du ministre du Budget, Driss Azami, également du parti de la Lampe (PJD), de tenir un point de presse consacré essentiellement à tirer à boulets rouges sur la première mouture du projet de loi de finances 2012 préparé par Salaheddine Mezouar, en fin d’année dernière.

Selon lui, elle tablait sur un déficit de 3,5% alors qu’il a atteint 6,1%. Elle prévoyait 5,5% de déficit de la balance des paiements, il est actuellement à 8,6%. Driss Azami a également critiqué le taux de croissance du PIB de 2012 que Mezouar, trop optimiste selon le PJD, a estimé à 5%.

Pour le ministre PJDiste, ces prévisions n’étaient pas basées sur des fondements solides. Et de citer l’exemple du prix du baril de pétrole que l'équipe d’Abbas El Fassi, le précédent premier ministre, envisageait à 75 dollars alors que sur le marché mondial il dépassait les 100 dollars.

La faute à Mezouar

Ces attaques interviennent après huit mois de gouvernement Benkirane et dans un contexte de crise économique. Une période durant laquelle, son gouvernement a revu à la baisse certaines de ses propres prévisions : la croissance du PIB estimé à 5% durant le premier mois d’exercice de cette équipe a été redéfini à 4,4% pour enfin chuter à 3,4%.

 L’exécutif a aujourd’hui grandement besoin de boucs émissaires afin de justifier à l’opinion publique certaines de ses décisions, notamment le recours à la dette pour boucler cette année. Salaheddine Mezouar en est le profil idoine. Sa popularité est en chute libre depuis l’affaire des primes mensuelles révélée par Abdelaziz Aftati, député du PJD, à laquelle s’ajoute une autre affaire : la valise de 70 millions de dirhams que lui aurait remis Mohamed Abbou, également membre du RNI.

M. Mezouar est dans une situation critique, sa présidence du parti du Rassemblement National des Indépendants vacille. Des rumeurs font même état d’un possible retour aux commandes de Mustapha Mansouri. Une perspective bien accueillie par le PJD.

Le FMI au secours de Mezouar

 Deux jours après les attaques, Salaheddine Mezouar se devait de répondre. Aujourd’hui, vendredi 17 août, sur les colonnes du quotidien Assabah, l’ancien ministre des Finances qualifie les accusations de Abdelilah Benkirane et Driss Azami de «graves et basses» et «qui portent atteinte à la l’image du Maroc à l’étranger et à sa crédibilité auprès des institutions financières internationales. Lesquelles ont confirmé la justesse de ces chiffres». Et d’appeler Benkirane à «assumer pleinement sa responsabilité dans la mauvaise gestion économique du pays».

Le FMI dans une note publiée hier, jeudi 16 août, assure que «le Maroc a mené des politiques économiques saines et enregistré des résultats économiques solides, ce qui lui a permis d'amortir l'impact de la crise mondiale et de répondre aux besoins sociaux urgents». Des réalisations qui se sont produites «malgré une conjoncture défavorable, la croissance du PIB réel est passée de 3,7 % en 2010 à environ 5% en 2011, le taux le plus élevé de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, tandis que l'inflation moyenne est descendue en dessous de 1%, le taux le plus faible de la région». Voilà qui rassure, au moins, Mezouar.

 Cependant, l'institution de Washington fait remarquer qu'en raison du renchérissement du prix du pétrole, le déficit courant et le déficit budgétaire se sont creusés, en grande partie à cause d'une augmentation du coût des subventions, faute d’une réforme de fonds de la caisse de compensation.

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