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Grand Angle

En fermant le gazoduc Maghreb-Europe, l’Algérie perd sa place de 1er fournisseur de gaz de l’Espagne

Quatre mois après la décision du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, de ne pas renouveler l’accord du gazoduc Maghreb Europe qui passait par le Maroc, les livraisons manquantes n'ont pas pu être totalement assurées via Medgaz. Un cadeau pour les Etats-Unis qui devient le premier fournisseur de l'Espagne.

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En Espagne, la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui passait via le Maroc, bénéficie aux Etats-Unis... aux dépends de l'Algérie. Les exportations américaines du gaz naturel liquéfié (GNL) par méthaniers ont représenté, en janvier dernier 34,6% des besoins de l'Espagne, soit le premier fournisseurs. Un rang qui, avant le 31 octobre, était solidement occupé par l’Algérie, note un média économique à Madrid.

Avant cette fermeture décidée par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, motivée alors par «l’attitude agressive du Royaume du Maroc envers l’Algérie, qui porte atteinte à l’unité nationale», les exportations des Etats-Unis vers l’Espagne n'étaient que de 16%a en septembre 2021. En revanche, le volume de gaz en provenance de l’Algérie, essentiellement transférées par les gazoducs GME et Medgaz, avoisinait 46% du total des quantités acheminées vers l’Espagne, souligne la même source médiatique.

Pour rappel, le bulletin de janvier des statistiques de décembre d’Enagás, la société chargée du maintien et du développement des infrastructures gazières en Espagne, a montré que le gaz naturel liquéfié (GNL), entré sur le marché espagnol par méthaniers en décembre 2021, représentait près de 70 % du total de ses importations contre 52,4 % pour le même mois de 2020. Quant au gaz transféré par pipeline, il a accusé une forte baisse, ne représentant que 31,2% contre 52,4% durant la même période en 2020.

Le Maroc a un rôle dans la stabilisation des prix de l’électricité en Espagne

Ces chiffres contredisent la version officielle à Alger, vantant la capacité du pays à répondre aux demandes du marché espagnol. «L’Algérie est prête à discuter avec son partenaire espagnol de livraisons gazières supplémentaires et à fixer un programme pour assurer ces livraisons. Les partenaires espagnols ont été rassurés que l’Algérie fournira, dans le cadre des contrats conclus entre Sonatrach et les sociétés espagnoles, tous les approvisionnements prévus, grâce à l’extension de la capacité du Medgaz ainsi que les capacités en GNL», avait déclaré le 31 octobre le ministre algérien de l’Energie, Mohamed Arkab.

L’augmentation des exportations en GNL se traduit automatiquement par une hausse des tarifs de l’électricité en Espagne. Un sujet de préoccupation majeure pour le gouvernement Sanchez, qui ambitionne de se maintenir au pouvoir en respectant sa promesse sur le maintien des prix de l'énergie. Ainsi, le ministère de la Transition écologique compte prendre des mesures pour endiguer la flambée du coût de l’électricité.

Cependant, les experts doutent de l'efficacité de telles mesures qualifiées d' «actions à court terme ne résolvant en rien le problème structurel qui affecte le système de formation des prix sur le marché». «La stabilisation des prix sur le marché passe par la réalisation de la normalisation des relations de l'Union européenne avec des pays comme l'Algérie, le Maroc et la Russie, puisque le coût du gaz en dépend», affirment les analystes énergétiques Fermín Garbayo et Mario Sáez.

Une approche qui est, dans une certaine mesure, en phase avec les observations de l' «European Council on Foreign Relations  (ECFR)». Dans un rapport, publié le 10 février, le Think-tank admet, avec réserve, que la crise ouverte entre la Russie et l’Ukraine et ses conséquences sur les cours du gaz et du pétrole sur le marché mondial, offre une réelle opportunité pour la diplomatie des pays de l’Union européenne de mener «une médiation entre l'Algérie et le Maroc pour ouvrir des gazoducs énergétiques».

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