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Grand Angle

Des chauffeurs de taxi racontent leur service de nuit

Ils sont près de 7 700 petits taxis à arpenter les rues de Casablanca au rythme de 8 heures par chauffeur. Le shift de la nuit est celui de tous les risques. Entre réel danger et paranoïa, les conducteurs doivent être réactifs pour échapper au pire.

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Photo d'illustration. / DR
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«Casablanca se métamorphose la nuit», s’exclame Driss, la quarantaine au volant de son taxi rouge. Habitué d’exercer de nuit, le chauffeur s’amuse à dresser le portrait de cette clientèle nocturne. Dans son récit, il évoque des personnages atypiques mais surtout joyeux. Un état avoisinant l’euphorie qu’il explique par la consommation d’alcool par certains clients nocturnes.

Cette ivresse occasionne souvent une générosité dont les chauffeurs bénéficient. Ainsi, Driss déclare que «les clients de la nuit sont spéciaux et blagueurs. Un client te fait signe, il monte, une discussion amusante prend part. Quand tu l’emmènes au lieu choisi, il descend et te donne un billet de 50 ou de 100 dirhams en te demandant de partir sans même regarder le compteur. Le prix de la course ne l’importe pas».

Ce cas de figure n’est pas singulier. Il est des fois sciemment provoqué par des clients qui souhaitent impressionner les femmes en leur compagnie. Un autre taximan de la capitale économique garde en mémoire des épisodes nocturnes durant lesquels des hommes donnent des billets de 200 dirhams pour des courses dérisoires. Un élan de générosité animé par une volonté de séduire.

Les chauffeurs de taxi ne sont jamais à l’abri d’une tentative d’agression

Si le service de nuit profite financièrement aux chauffeurs, le danger d’attaque est un risque à considérer. Driss explique avoir dû user de malice en évoquant l’argument religieux pour échapper à une éventuelle agression. Une manœuvre dont il n’est pas peu fier.

«J’étais au service de nuit. A l’aube, trois hommes sont montés dans mon taxi et me demandent de les emmener en direction du Bd Moulay Rachid. J’ai rapidement remarqué un objet tranchant caché dans le bras du client assis à ma droite, je me suis précipité de leur demander s'ils vont prier. Le passager du siège derrière me répond de conduire, en tournant en dérision ma question. Je leur ai insinué que cette voie qu’ils empruntent n’est pas la bonne. Arrivé à l'adresse, le passager à ma droite me demande combien il doit me payer, je lui réponds 20 dirhams. Le passager de derrière dit à son ami de ne pas faire ce qu’il s’apprêtait à faire car je m’intéresse à leur bien-être.»

Driss

Notre interlocuteur affirme avoir continuellement parlé aux 3 clients afin de les embrouiller et ainsi leur éviter de songer à l'agression. Il évoque l’importance de communiquer afin d’instaurer une intimité. Il indique avoir semé la discorde entre eux sur la base du rapport et de la proximité à la religion.

A noter que le mode opératoire des agresseurs consiste à indiquer au taxi un lieu peu fréquenté. Arrivé à l’adresse, l’agresseur menace le chauffeur d’une arme blanche et lui retire sa recette ainsi que les objets de valeur en sa possession. Plusieurs chauffeurs de taxi ont subi ce genre d'agression, principalement la nuit.

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