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Grand Angle

Est-il évident d’être piéton à Casablanca ?

La ville est un corps vivant. Casablanca est parcourue de flux de toutes sortes de moyens de transport tels que les voitures, taxis, bus et piétons. Les piétons considérés comme des usagers vulnérables très présents dans l’espace public au Maroc notamment dans la capitale économique, Casablanca.

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Photo d'illustration / DR.
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La voie publique marocaine comprend toutes les superficies dédiées aux circulations publiques de toute nature telles que la chaussée, les voies de circulations, les trottoirs. Les piétons peuvent être accompagnés d’enfants, personnes âgés ou mal voyants, etc. Aujourd’hui, beaucoup de citoyens piétons se mettent quotidiennement en danger dans les grandes villes telle que Casablanca.

Face à la croissance fulgurante de la circulation automobile des grandes villes, il est devenu pénible et dangereux pour les piétons de circuler sur le trottoir, voire dans les espaces qui leurs sont réservés sans se mettre en danger. Bien souvent, faute de trouver une place de parking spécifiquement adaptée, les automobilistes casablancais sont de plus en plus nombreux à stationner sur les trottoirs, et ce même, dans les grandes artères de la ville.

Un code de la route ignoré

De ce fait, les usagers qui se déplacent à pied sont contraints à se rabattre sur la route pour les contourner et par la même occasion s’exposer au danger. Pour Édith, nounou de deux enfants à Casablanca, dès la porte franchie le danger est partout.

«Quand je sors en ville pour rejoindre le parc avec les enfants que je garde, j’ai toujours très peur. Le stationnement des voitures m’empêche d’emprunter le trottoir avec la poussette. Je suis obligée de me rabattre sur la route pour pouvoir passer. Ça me fait extrêmement peur, mais j’y suis obligée, car sinon je suis bloquée.»

Édith

Mais le calvaire des piétons ne se limite pas aux voitures en stationnement. En effet, il y a des chauffards qui ne respectent peu oubpas du tout les feux de signalisation. Les feux rouges sont brûlés alors que les passants sont déjà engagés sur le passage piétons, et ce même près des carrefours ou ronds-points les plus fréquentés et les plus sécurisés par la police. «Nous sommes des taxis rouges, on fait ce que l’on veut, n’est-ce pas», s’exclame le chauffeur Hassan. Il explique : «C’est un système de circulation qui s’est adapté, c’est dangereux mais on y est habitués.»

Être piéton, être en règle

S’il est admis internationalement qu’un piéton est tenu d’emprunter un passage qui lui est conçu s’il veut traverser la chaussée à moins de 50m de celui-ci, un franchissement est autorisé au-delà, «en prenant toutes les précautions nécessaires». Selon l’article 187 du Code de la route, tout piéton qui ne respecte pas le passage clouté est passible d’une amende de 20 à 50 DH. Une loi visiblement pas appliquée. De plus, selon l’article 94 du même texte, «tout piéton doit, lors de l’usage de la voie publique, prendre les précautions nécessaires à éviter tout danger, soit pour lui, soit pour autrui, respecter les règles spéciales de circulation le concernant fixées par la loi et s’interdire tout acte pouvant porter préjudice à l’environnement de la route».

Pourtant, cette loi n’a jamais vraiment été appliquée. D’ailleurs, malgré l'entrée en vigueur en décembre 2020 de l'article du Code de la route visant la protection des piétons, les accidents de la route qui les impliquent sont certes en diminution, mais perdurent encore. Selon l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), les premières victimes des accidents de la route sont les usagers vulnérables, les piétons, qui demeure la catégorie la plus touchée, enregistrant environ 60,8% au titre du mois de juillet 2020. Mais le nombre d’accidents des piétons connaît une forte diminution de 19,18% par rapport au mois de juillet 2019. En février 2021, les piétons ont encore enregistré une diminution du nombre des tués de 28,9%.

Signe de modernité ?

Le piéton est un usager de la voie et de l’espace public, mais il reste vulnérable face aux automobilistes. D’ailleurs, toutes les villes modernes prennent conscience tôt ou tard du parti à tirer des intenses concentrations piétonnes, autant sur les plans économiques, de la mobilité humaine ou de la qualité de vie. Elles revalorisent les espaces des centres-villes, des fronts de mer, y favorisent le maintien de l’attractivité commerciale et touristique.

Quels droits pour les piétons ?

Appelés «usagers vulnérables», les piétons ont des droits et des devoirs, au même titre que les automobilistes.

En règle générale et en présence d’usagers vulnérables, les conducteurs sont appelés à demeurer «bienveillants», à ralentir, à respecter une distance minimum de 1m (1,5m hors agglomération) pour les dépasser.

Aussi, les automobilistes doivent laisser la priorité aux piétons s’ils sont engagés sur la chaussée ou s’ils manifestent l’intention de traverser et ce, même s’ils se trouvent en dehors d’un passage piéton. La protection des usagers vulnérables, en particulier des plus fragiles (à savoir les enfants et les personnes âgées), et le respect de leurs droits font partie intégrante des mesures de sécurité routière.

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