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Grand Angle

Mali : Vers un retour du Maroc après sa mise à l’écart en 2014 par la France ?

Six ans après sa mise à l’écart du processus de réconciliation au Mali, en 2014 par la France, le Maroc a une opportunité pour jouer un rôle dans le pays que façonne, depuis août 2020, le colonel Assimi Goïta.

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Le colonel Assimi Goïta, président de la Transition et chef d’Etat malien. / Ph. Francis Kokoroko - Reuters
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La France est engluée au Mali. Les militaires qui contrôlent Bamako, depuis le putsch d’août 2020 contre le président Ibrahim Boubacar Keita, tournent le dos à Paris et initient, sous le regard bienveillant de l’Algérie, un rapprochement avec la Russie.

Certes, la rupture avec l’ancienne puissance coloniale n’est pas encore proclamée officiellement. Néanmoins, les signes de distanciation entre les deux parties sont bien visibles. En témoigne le discours accusateur de Choguel Kokalla Maïga, le Premier ministre malien devant la dernière Assemblée générale des Nations unies, visant la France et la protestation, cette semaine, du gouvernement malien contre une «violation» de son espace aérien par un avion militaire français.

Ecarté par la France du processus de pacification du Mali en 2014, le Maroc se contente depuis de jouer le rôle de spectateur, en attendant que les vents tournent en sa faveur. Pour mémoire, le 16 décembre 2014, Jean-Yves Le Drian, l’ancien ministre de la Défense pendant le quinquennat de François Hollande, avait refusé sur un ton peu diplomate un rôle à Rabat dans la réconciliation au Mali. «Nous n’avons pas à avoir une discussion sur ce sujet avec tel ou tel. Il y a une médiation algérienne, nous l’appuyons», avait-il répondu à une question de l’hebdomadaire Jeune Afrique.

La politique française au Mali dans un cul de sac

Dans des déclarations à Yabiladi, Ali Ansari, expert en affaires maliennes, affirme que «l’approche française au Mali, en vigueur depuis six ans consistant à s’appuyer exclusivement sur l’Algérie contribue, sans que ses promoteurs n'aient eu cet objectif en 2014, à servir les intérêts du royaume dans la zone sahélienne». «Les peuples de la région s’opposent à la présence militaire française, et pas uniquement au Mali. Il y a eu des protestations populaires contre le France au Niger et au Burkina Faso. Les récentes sanctions prises par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre le Mali sont d’ailleurs rejetées par les peuples», explique-t-il.

«Dans ce contexte de rejet de la France, un appui militaire et diplomatique au Maroc par les Français aurait affecté négativement son influence religieuse et culturelle auprès de dignitaires religieux au Mali, tels Chérif Abouyé Haïdara et l’imam Mahmoud Dicko.»

Ali Ansari

L'expert précise que «la situation actuelle favorise les chances du Maroc». «Sa proximité avec les Etats-Unis, désormais le plus important acteur occidental à même de concurrencer la Russie et la Chine dans la région, pourrait offrir à Rabat une opportunité pour jouer son rôle loin de la tutelle de la France, en perte de vitesse dans tout le Sahel face à l’émergence de nouveaux acteurs locaux et internationaux», ajoute-t-il. 

Pour étayer son analyse, Ali Ansari rappelle que le colonel Assimi Goïta, le président de la Transition et chef d’Etat, avait envoyé son ministre des Affaires étrangères, Abdoulay Diop, à Rabat en octobre 2021, porteur d’un message écrit au roi Mohammed VI. «C’était une initiative de sa part attestant de sa volonté de poursuivre les discussions sur les volets sécuritaires avec le royaume». Par ailleurs, Goïta, portant alors les habits de vice-président de la république, s’était rendu au Maroc, en février 2021, où il avait eu notamment des entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et l’ancien inspecteur général des Forces armées royales, le général Abdelfattah Lourarak.

Contrairement à la France, le Maroc n'a pas condamné les deux coups d’Etats au Mali, en août 2020 et mai 2021, menés par le colonel Assimi Goïta.

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