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Grand Angle

Le Maroc assimilé à une dictature par une journaliste de Rue89 [Edito]

Dans une tribune consacrée à l’analyse de la diplomatie française sous l’ère Hollande, la journaliste du site Rue89, Camille Poloni, revient sur les visites des chefs d’Etats à tendance  autoritaires ou dictatoriales qui ont franchi le perron de l’Elysée depuis l’investiture du «président de la normalité» française. Surprise ! Le Maroc fait parti de la liste…

Publié
De passage en France en mai dernier, le roi du Maroc en avait profité pour rendre visite à François Hollande, ouvrant ainsi le "bal des despotes"
Temps de lecture: 4'

«La critique est aisée et le critique dans l’aisance». Cet adage intemporel, de Jules Renard, devrait résonner comme une mise-en-garde – sinon déontologique, au moins morale – dans la tête des journalistes faciles de la gâchette qui décochent les accusations plus vite que les arguments qui les supportent. Dernier exemple en date, la tribune de la journaliste du site d'information Rue89, Camille Poloni, dans laquelle cette dernière passe au crible les trois premiers mois de la diplomatie française sous l’ère Hollande. Bien qu’essentiellement consacré à la mise en relief des contradictions du chef de l’Etat français – qui avait promis de «ne pas inviter de dictateurs à Paris» mais qui le fait quand même – ce papier choque. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il place le Maroc au rang des dictatures – ou tout du moins, des régimes autoritaires – au même titre que le Gabon, le Bahreïn, l’Arabie Saoudite ou encore la Jordanie.

 «La consultation de cet agenda montre qu’au moins six autres représentants de pays autoritaires ou franchement dictatoriaux ont été reçus par François Hollande depuis son élection.  [A commencer par] le Mohammed VI, Roi du Maroc», écrit la journaliste.

La visite à l’Elysée du Roi du Maroc ouvre le bal des «despotes»

En visite privée en France, le Roi du Maroc a effectivement été accueilli par le «président de la normalité» française au lendemain de son élection, ouvrant ainsi le bal des rencontres de la diplomatie hexagonale avec ses partenaires étrangers. A ce propos, Mme Poloni satirise sur «l’escale» de l’altesse marocaine à l’Elysée, «palais remarquable à ne pas manquer quand on vient pour les vacances».

Railleries ineptes à l’écart, ce que la journaliste condamne, c’est essentiellement «la langue de bois» du chef de l’Etat français qui, au lieu de «parler de la prison pour les artistes contestataires» (cf. l’affaire Mouad Belghouat)», de «la répression du Mouvement du 20 février en période de crise sociale intense» ou du «durcissement du régime depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes», a préféré adresser au souverain marocain un message d’amitié, agrémenté de vœux sincères et de chaleureuses félicitations en regard des «processus de réforme démocratique, économique et sociale en cours dans le royaume».

Si l’on explicite le raisonnement de Mme. Poloni, François Hollande aurait dû profiter de l’occasion de cette rencontre pour aborder – avec l’aisance qui est sienne dans pareilles circonstances – les sujets qui fâchent et qui justifient allègrement, selon elle, la place du Maroc au rang des pays dictatoriaux, au même titre que la présidence héréditaire du Gabon, pour ne citer que cet exemple-ci, par hasard.

Le Maroc, dictature paisible …

Outre le caractère dommageable qu’une telle entrevue aurait pu avoir sur les relations diplomatiques entre nos deux pays, on est en droit de se demander si la journaliste mesure pleinement la portée de son accusation sèche de la gouvernance marocaine.

Tout d’abord, considérer le Maroc comme une dictature – ou tout du moins, comme un régime autoritaire –  sur la base de l’emprisonnement d’un chanteur contestataire, c’est comme de réduire la France à un pays fasciste parce qu’un couple de Français isolés a tiré sur des jeûneurs musulmans : de la stigmatisation franche au service d’une argumentation simpliste. De deux, si d’aventure la crise sociale qu’a connu le Royaume en février 2011 avait été écrasée par la répression, comment expliquer dans ce cas que le Maroc soit le seul pays du Maghreb (avec l’Algérie) a ne pas avoir connu la déferlante du printemps arabe ? La population marocaine craignait-elle de voir «la main de fer» du pouvoir en place s’abattre sur elle ? Dans ce cas, comment Mme Poloni peut-elle expliquer que le Maroc ait hérité de la 54ème place (sur 158) au classement des pays les plus paisibles au monde, en enregistrant, de surcroit, une progression de 2 places cette année par rapport l’an passé ?  Et puis, quid de ce fameux «durcissement du régime depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes» ? Le ressenti d’une journaliste vivant à l’étranger peut-il se substituer à la présentation d’un argument fondé pour justifiant une telle allégation ?  

Jacques Chirac : «La monarchie reste le seul garant de la stabilité du Maroc»

Certes, la situation n’est pas des plus roses au pays du Couchant Lointain, le Maroc ayant encore de vastes chantiers à entreprendre dans le cadre de la mise-en-œuvre de ses réformes démocratiques. Cela dit, les efforts déployés par le pays, le roi et son gouvernement sont réels et ont d’ailleurs été, à plusieurs reprises, salués par la communauté internationale, comme ce fût le cas après l’adoption de la nouvelle Constitution par exemple.

Aussi, si le Maroc continue d’avoir mauvaise presse auprès de certains journalistes occidentaux –français en particulier, c’est probablement davantage en raison du tropisme de ces derniers à amalgamer royauté et autoritarisme qu’en raison de leur faculté à comprendre, avec nuances et sagacité, les réalités du pays dont il parle. D’ailleurs, que répondraient-ils à Jacques Chirac qui a déclaré en 2011 que «la monarchie restait le seul garant de la stabilité du Maroc» ?  Face à l’omnipotence de la doxa journalistique, il n’est pas improbable que l’ex-président français, amoureux du Maroc, aurait évité de tenir ses propos s’il était toujours en fonction aujourd’hui. Cela dit, il en est un, de lui d'ailleurs, qu’il pourrait continuer de répéter à foison parce qu'empli de sagesse : «Prenons garde que notre esprit critique ne se transforme en esprit de dénigrement systématique...». A bon entendeur.

arretez votre hypocrisie
Auteur : mok2007
Date : le 11 août 2012 à 13h48
Certes le Maroc d'aujourd'hui n'est pas une dictature à la Birmane, mais le qualificatif de dictature "paisible" (entre 2 émeutes) me semble plus que juste... il faut appeler un chat un chat, un pays dont la personne du gouverneur omnipotent est intouchable, dont la seule légitimité à gouverner est le fait qu'il soit le fils de son père, ça ressemble beaucoup à une dictature non?
@ K-Maroc
Auteur : allaoui38
Date : le 11 août 2012 à 10h48
on n'a besoin ni de poloni ni d'une autre pour nous informer sur le pays , les bateaux de la mort au niveau du détroit de Gibraltar qui ont tués plus qu 'une guerre ravageuse n'a fait en dit mieux que tous les discours ...

malgré une machine médiatique sophistiquée pour tromper , la réalité est encore bien visible ...

un simple tour à Casablanca , et le tour est fait ... sauf que , ce qui caché est bien plus important . . .
Dernière modification le 11/08/2012 10:50
@ baino
Auteur : allaoui38
Date : le 11 août 2012 à 10h34
ton discoure n'a ni tête ni queue ..
Mediapart évoque cet article écrit par Camille Polloni
Auteur : K-Maroc
Date : le 11 août 2012 à 09h01
Bonjour,
D'abord, juste une mise au point, la journaliste en question s'appelle Camille Polloni ( et non Poloni -un seul "l").

Je ne sais pas si on doit considérer son texte comme un article car il est trop superficiel, peu argumenté et léger. Autant dire qu'il n'est pas bien construit.

M.Polloni mélange torchons et serviettes, met tout le monde dans le même panier. Texte pas très convaincant. A ignorer.

Ce sujet est également abordé sur Mediapart:
http://blogs.mediapart.fr/blog/rachid-barbouch/100812/madame-camille-polloni-de-rue89
@baino
Auteur : abdo447
Date : le 11 août 2012 à 08h26
Combien de marocains viennent en Europe pour survivre à la misère et le Mépris du régime marocain ???
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