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Interview

Covid-19 : Le Maroc espère «sortir de la vague d’Omicron vers la fin du mois de janvier»

Alors le nombre d’infections quotidiennes enregistrées au Maroc ne cesse d’augmenter, le professeur Moulay Saïd Afif, membre du comité scientifique de la vaccination anti Covid-19, considère que l’évolution de la vaccination ne suit pas le rythme de la situation épidémiologique, alors qu’une personne testée positive au variant Omicron peut infecter 10 autres.

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Photo d'illustration. / DR
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Comment évolue la situation épidémiologique au Maroc ces derniers jours ?

Entre le 3 et le 9 janvier, il y a eu une augmentation du nombre de cas de +230%. Le taux de positivité des tests PCR est également passé de 2% à plus de 27%. Jusqu’en novembre, lorsqu’on faisait 100 tests, 2 seulement été positifs. Aujourd’hui, lorsqu’on fait 100 tests, 27 en sont positifs. Autrement dit, si nous avons 7 000 cas positifs par jour, 20 000 cas est le plus proche de la réalité. Une personne testée positive à l’Omicron contamine 10 autres. Ce variant ressemble à la rougeole. A noter qu’avec le Delta, une personne contamine 5, tandis qu’avec le premier Covid-19, une personne infectait 3 autres.

Est-ce qu’on a une visibilité sur le nombre de cas en réanimation à cause d’Omicron ?

Il y a des cas qui finissent en réanimation à cause d’Omicron. Ce sont des personnes qui n’ont pas reçu la troisième dose du vaccin ou qui n’ont pas été vaccinées. La preuve : La première femme décédée d’Omicron avait seulement 67 ans, souffrait d’un diabète et de l’obésité et n’avait pas fait sa dose de rappel, alors qu’elle avait reçu la deuxième dose en mars 2021. Elle aurait pu recevoir sa troisième dose en octobre, mais elle ne l’avait pas fait.

On a en revanche des personnes proches et des connaissances qui ont reçu leurs doses de rappel, qui ont été testées positives au Covid-19 récemment mais qui n’ont pas eu de complications.

Le professeur Saïd Afif, membre du comité scientifique de la vaccination anti Covid-19. / DRLe professeur Saïd Afif, membre du comité scientifique de la vaccination anti Covid-19. / DR

Face à cette évolution rapide, quand est-ce que le Maroc atteindra le pic de contamination selon vous ?

On ne peut parler de pic de contamination qu’après 3 jours passés à un niveau appelé plateau accompagnés d’une décélération des cas. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. La vague d’Omicron a une évolution courte, de quelques jours. On avait moins de 2 500 cas actifs en novembre et nous sommes à plus de 37 000 cas actifs aujourd’hui. Nous espérons sortir de la vague actuelle vers la fin du mois de janvier.

L’évolution de la vaccination ces derniers jours va-t-elle de pair avec celle de la situation épidémiologique ?

La réduction de l’intervalle entre la 2 et la 3e dose a été instaurée sur recommandation du comité de la vaccination dont je fais partie pour que les gens soient protégés, car nous savons qu’il faut absolument avoir la troisième dose avec Omicron. Malheureusement, la vaccination évolue en deçà de ce qui doit être fait. Nous vaccinons entre 60 000 et 80 000 personnes par jour pour la dose de rappel alors qu’on peut vacciner 200 000 personnes. On doit vacciner ce nombre de personnes par jour car il est temps pour 4 millions de Marocains d’avoir leur troisième dose mais ne l’ont pas encore reçu.

Le Maroc a reçu un premier lot du médicament de Merck contre le Covid-19. Quelles sont les catégories ciblées et quelle est la disponibilité de ce traitement ?

Comme l’a annoncé le ministère de la Santé, ce médicament sera disponible dans les hôpitaux, les CHU ainsi que dans les pharmacies mais sur prescription médicale. Il faut qu’il soit pris dans les cinq premiers jours pour qu’il soit efficace. Cela veut dire qu’il vise principalement les personnes ayant des maladies chroniques et les personnes âgées pour éviter qu’ils arrivent en salles de réanimation. Ce médicament n’est pas prescrit pour les jeunes ayant moins de 18 ans et les femmes enceintes.

C’est un médicament qui reste cher, bien qu’il ne soit pas disponible au Maroc au même prix qu’aux Etats-Unis. Dans ces derniers, la cure de cinq jours coûte 700 dollars. Autre chose importante qu’il faut savoir : Ce médicament ne remplace pas la vaccination. De plus, comme tout médicament, il a des effets secondaires. Ce ne sont pas des bonbons !

Je rappelle qu’Omicron et la grippe actuellement ont les mêmes symptômes. Il s’agit d’un écoulement nasal, une pharyngite (une inflammation du pharynx, ndlr), une céphalée (douleur dans une partie de la tête, y compris le crâne, le haut du cou, le visage et l'intérieur de la tête, ndlr) et un peu de fièvre. Il n’y a pas de perte d’odorat ou de goût contrairement au Delta.

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