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Grand Angle

Harcèlent sexuel à l’université : La justice saisie d’une plainte à Tanger

Après que les étudiants de l’ENCG-Oujda ont révélé des faits de harcèlement sexuel répété de la par d’un professeur, un groupe d’étudiants à l’Ecole roi Fahd de la traduction à Tanger ont fait remonter une affaire similaire jusqu’à la police judiciaire. Le 30 décembre, le mis en cause a été entendu par la police.

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Photo d'illustration / DR.
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Les autorités judiciaires à Tanger ont été saisies d’une plainte collective pour harcèlement sexuel, déposée par une étudiante et onze autres camarades de sa promotion de l’Ecole roi Fahd de la traduction. Selon des informations recueillies par Yabiladi de source universitaire, la requête incriminerait un enseignant du département espagnol, à qui il est reproché d’avoir eu «un comportement suspect» à l’égard de la victime principale et «corroboré par les témoignages des autres étudiants».

En interne, les faits auraient été révélés début décembre au sein de l’établissement, lorsque les concernés se sont tournés vers les collègues du mis en cause. Les plaignants seraient également allés vers l’administration, qui aurait essayé d’apaiser les contestations. «Après de multiples témoignages et craignant que l’affaire soit étouffée, le groupe a décidé de saisir la justice», a affirmé notre source, ajoutant que dès jeudi 30 décembre, le suspect «a été entendu par la police judiciaire au sujet des faits qui lui sont reprochés».

«A partir du moment où la police est entrée en ligne et qu’elle mène son enquête, l’affaire n’est plus du ressort de la direction, ni du rectorat, ni de toute autre partie. C’est la justice qui dira son dernier mot et dans tous les cas de figure, ces comportements ne sont aucunement tolérables dans le milieu universitaire, qu’ils émannent de cette personne, si la procédure le confirme, ou si cela vient d’un autre professeur», ajoute-t-on encore.

Dans les faits, l’enseignant mis en cause aurait exercé des pressions sur une étudiante, en la menaçant de la faire échouer à l’examen si elle n’interragissait pas positivement avec ses demandes à caractère sexuel. Il serait allé jusqu’à lui monter des vidéos pornographiques en salle de cours, ce qui a provoqué l’ire des autres étudiants. Au niveau de l’Université Abdelmalek Essaâdi dont relève l’école, aucune mesure n'a été prise pour l’heure, considérant que le dossier a été rapidement confié à la justice. «Peut-être que les étudiants d’autres établissements pourraient briser le silence sur des cas similaires, mais il n’y a pas encore de mécanismes d’accompagnement par anticipation pour d’éventuelles révélations», nous a confié la même source.

Des mécanismes d’accompagnement dans le milieu universitaire

L’action en justice a été enclenchée la semaine dernière, mais elle vient d’être rendue publique, justement dans un contexte de révélations sur des faits similaires à l’Ecole supérieure de commerce et de gestion (ENCG) à Oujda. Une commission d’enquête relevant du ministère de tutelle a été envoyée dans la ville de l’Oriental, pour dresser un rapport à ce sujet. Pour sa part, l’Université Mohammed Ier dans la ville de l’Oriental a mis en place une cellule d’écoute, d’accompagnement psychologique et juridique, ainsi qu’un numéro vert pour recueillir les plaintes d’éventuelles autres victimes au niveau de toute l’université. Une adresse électronique a également été mise à disposition, afin de recueillir d’éventuels nouveaux témoignages.

Depuis quelques semaines, le milieu universitaire est secoué par des affaires de harcèlement et de chantages, dont des étudiantes ont révélé avoir été victimes en échange de changement de notes ou de la validation de modules. A Settat, le procureur du roi près la Cour d’appel a décidé, début décembre, de poursuivre un enseignant universitaire en état d’arrestation pour attentat à la pudeur et harcèlement sexuel sur une étudiante.

Le tribunal a écouté, le 28 décembre, quatre professeurs de la Faculté des sciences juridiques et économiques de Settat, soupçonnés d’être impliqués dans des faits similaires. La convocation de témoins supplémentaires, des étudiantes victimes, a été ordonnée.

Mercredi 29 décembre, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation a invité les présidents des universités du pays à assister à une séance de travail, le lendemain, pour traiter la question. Une ligne téléphonique verte a été lancée pour recueillir les plaintes des étudiantes, tandis qu’une adresse électronique a été mise à disposition pour réceptionner les éléments, même anonymement, qui pourraient révéler des faits de harcèlement dans différents établissements supérieurs.

Article modifié le 03/01/2022 à 13h56

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