Menu

Grand Angle

Huiles de table : Le Conseil de la concurrence pointe un marché «hautement oligopolistique»

Le Conseil de la concurrence a rendu, cette semaine, son avis sur les augmentations des prix de vente constatées sur le marché national des huiles de table, pointant «la structure du marché lui-même» tout comme les «évolutions du marché extérieur duquel il est dépendant». 

Publié
Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 3'

Le Conseil de la concurrence a publié, cette semaine, son avis relatif à l’examen du respect des règles d’une concurrence libre et loyale par les producteurs et importateurs des huiles de table. Il intervient suite aux augmentations des prix de vente constatées sur le marché national de ces produits, dès février de l’année en cours.

L’avis précise qu’«actuellement, le Maroc connait un déficit très important en matières premières de base utilisées pour la fabrication des huiles de table raffinées». En effet, «98% des huiles raffinées commercialisées sur le marché national, sont produites à partir d’une matière première importée dont plus de 95% sous forme d’huiles brutes et moins de 3% sous forme de graines principalement le tournesol34», ajoute-t-on.

De plus, les graines oléagineuses produites localement couvrent à peine 2% des besoins nationaux. La même source rappelle aussi que «le Maroc fait partie des dix premiers pays importateurs d’huiles alimentaires dans le monde, avec un besoin annuel compris entre 550 000 et 600 000 tonnes».

Une conjonction de facteurs objectifs pour expliquer la hausse des prix

Pour revenir à l’objet de la saisine, le Conseil indique que les augmentations des prix de vente des huiles de table enregistrées sur le marché national s’expliquent par la conjonction de facteurs objectifs liés à la structure du marché lui-même et aux évolutions du marché extérieur duquel il est dépendant.

Pour les premiers, l’instance évoque un amont agricole de la filière oléagineuse «presque inexistant» et une activité de transformation marquée par une «quasi absence de la trituration». Elle rappelle que «trois pays ou groupement de pays concentrent la quasi-totalité des importations du Maroc en huiles brutes», alors que l’activité de raffinage reste «avec des marges bénéficiaires raisonnables» ; entre 4 à 5%.

S’ajoute à cela le fait que l’offre reste «concentrée dans trois régions», alors que la demande locale est «dominée par l’huile de soja». L’avis pointe aussi les conditions d’accès rendant le marché, déjà «fortement concentré et hautement oligopolistique», «très peu attractif», alors que sa configuration reste «favorable à une potentielle coordination des opérateurs».

Quant aux facteurs explicatifs liés au marché extérieur, le conseil reconnaît les cours mondiaux des huiles brutes sont «en forte augmentation depuis le début de l’allègement des mesures de confinement liées à la pandémie de la Covid-19», au moment où les coûts de matières premières ont été «aggravés par la hausse concomitante du prix de l’énergie et du transport».

«Raccourcir et de réduire le nombre des intervenants des circuits de distribution»

Le conseil de la concurrence émet une série de recommandation pour toute la chaine de valeur de la filière et qui peuvent, selon lui, «contribuer à l’amélioration du fonctionnement concurrentiel du marché national des huiles de table». Ainsi, l’instance dirigée par Ahmed Rahhou propose de «soutenir l’amont de la filière relatif à la production locale de graines oléagineuses», en assurant notamment un prix minimum garanti aux agriculteurs producteurs quel que soit le niveau des cours du marché mondial et en accompagnant les agriculteurs auprès des sociétés semencières certifiées pour l’utilisation de semences de qualité et à fort potentiel génétique de rendement.

L’avis recommande aussi d’«encourager la consommation d’huile d’olive afin de réduire partiellement la dépendance aux huiles de graines oléagineuses» et «renforcer les capacités de stockage et réhabiliter le pipeline reliant la Costoma au port de Casablanca», dans le but de réduire les charges de déchargement et de transport de l’huile brute et de temps de mobilisation du quai.

Il propose enfin d’«encourager les opérateurs à mettre en place des mécanismes de couverture du risque», de «renforcer la concurrence entre les opérateurs au niveau des points de vente» et de «moderniser les circuits de distribution traditionnels». Le but de cette dernière mesure étant de «de raccourcir et de réduire le nombre des intervenants des circuits de distribution et par voie de conséquence, ramener les marges réalisées par ces intervenants à des niveaux raisonnables ce qui réduira en conséquence les prix de vente au consommateur», conclut-on.

A rappeler qu’en février 2021, des consommateurs avaient appelé au boycott de certaines marques, dénonçant des «augmentations soudaines» des prix des huiles de tables au Maroc. Des doléances reprises par la suite par les associations des consommateurs, qui avaient appelé à leur tour à «ne intervention de l’Etat pour réguler les prix».

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com