La baisse des réserves en devises inquiète à tel point qu’elle a fait l’objet, hier, de cinq questions orales à la Chambre des représentants. Les députés, à l’unisson, ont interpellé le gouvernement sur ce qu’il compte entreprendre pour stopper l’hémorragie, sachant qu’en l’espace de six mois le Maroc a perdu l’équivalent de 30 milliards de dh en dollars et en euros, un chiffre préoccupant. Si cette tendance se poursuivrait jusqu’à la fin de l’année, le royaume risquerait de perdre un total d’environ 60 milliards de dh en devises. Dans ce contexte, l’équipe Benkirane est appelée à agir et vite afin d’éviter la réalisation de ce scénario catastrophe.
Les causes : Pétrole, blé et la crise dans la zone euro
Dans sa longue réponse aux questions des députés, le ministre de l’Economie et des Finances a commencé par rappeler les causes ayant conduit à cette situation. Selon Nizar Baraka, la faute est au renchérissement des matières premières, pétrole en tête, la hausse des importations de céréales et la crise dans la zone euro.
Dans le détail, le titulaire du département des Finances a rappelé que durant le premier semestre, la facture énergétique a absorbé 45 milliards de dh, soit une augmentation de 10% par rapport à la même période en 2011 et que le prix du blé s’est apprécié de 50% sur le marché mondial. Baraka a précisé que les demandes en énergies fossiles et en céréales représentent 70% des importations du Maroc.
Quant à la crise qui sévit en Europe, son impact est bien réel sur la croissance du PIB du Maroc. Dans ce contexte, il est logique que la demande mondiale sur le produit made in Morocco enregistre un net tassement : seulement 1% de croissance contre 3% en 2011. Même les transferts des MRE n’ont pas réussi à sauver les meubles comme à l'accoutumée. Baraka a souligné que durant le second trimestre de cette année, ils se sont contractés de 5%, alors que les recettes touristiques ont diminué de 12% durant le premier semestre.
La solution : L’endettement
Prônant un discours très rassurant, le ministre des Finances a estimé que cette baisse des réserves en devises «n’est pas inquiétante». Pour le ministre, il n’y a pas le feu dans la demeure, les 4 mois et 10 jours de couverture des importations est une bonne performance, rappelant au passage que c’est mieux que les «15 jours» du début des années 80. C’est justement à cause de cette situation que la Banque mondiale et le FMI avaient imposé le tristement célèbre PAS (Programme d’ajustement structurel). Devant les députés, Nizar Baraka a martelé qu’ «il n’y aura pas de PAS» et que «le Maroc restera souverain dans ses choix économiques».
Quant à la stratégie du gouvernement pour éviter une baisse des réserves en devises, elle se résume en un mot «l’endettement». Le ministre a fait savoir que les projets lancés par son équipe pour le compte de l’exercice 2012 seront menés à bien. «Nous allons mobiliser 11 milliards de dh de différents emprunts», assure le ministre. Un montant auquel s’ajoute le 1 milliard de dollars résultant de la sortie, en octobre, du royaume sur le marché financier international et sans oublier les 6,2 milliards de dollars mis à la disposition du royaume par le FMI.
A l’adresse de tous ceux qui s’inquiètent outre mesure des conséquences de ce recours massif à la dette, Nizar Baraka réplique par un message, encore une fois, rassurant, affirmant que la dette extérieure du Maroc ne représente actuellement que 11% du PIB.