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Grand Angle

Paléontologie : Ptychodus Maghrebianus, un requin du Crétacé supérieur découvert au Maroc

Baptisé Ptychodus Maghrebianus, le nouveau prédateur de second niveau, a été découvert grâce à des fossiles de plaque dentaire inférieure, trouvés dans la région d'Asfla près de Goulmima (Sud-est du Maroc).

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L'analyse effectuée par les chercheurs indique «une séparation forte et statistiquement significative» entre Ptychodus mortoni et Ptychodus Maghrebianus. / DR
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La famille des Ptychodus, ces requins hybodontiformes ayant sillonné sdans les océans il y a environ 99,6 à 61,7 millions d'années (Ma) vient d’accueillir un nouveau membre. Une nouvelle étude scientifique, publiée la semaine dernière, annonce ainsi la découverte d’une nouvelle espace de ces prédateurs marins au Maroc, provenant probablement du Turonien (-93,9 et -89,8 ± 0,3 Ma). Baptisée Ptychodus Maghrebianus (P. Maghrebianus sp. nov.), elle est érigée sur la base d’une plaque dentaire inférieure trouvés dans la région d'Asfla près de Goulmima (Sud-est du Maroc). Une plaque qui présente une dentition durophage caractérisée par des dents cuspidées (munies d'une pointe aiguë et dure) et imbriquées. 

«La denture articulée présentée est conservée dans une "concrétion" calcaire brun clair (nodule) et appartient sans doute à un seul individu. La conservation et la texture de la matrice de ce spécimen sont cohérentes avec celles du principal horizon fossilifère de la région de Goulmima», indiquent les rédacteurs de l’étude, publiée dans le Journal of African Earth Sciences.  Ceux-ci précisent que la plaque dentaire a été «achetée à l'origine par l'un des chercheurs au Munich Mineralshow en 2015» et «fait partie de la collection de l'Institut et musée paléontologiques de l'Université de Zurich en Suisse».

«Les plaques dentaires supérieures articulées de Ptychodus maghrebianus sont inconnues et seule la plaque dentaire inférieure, qui fournit néanmoins suffisamment de caractères importants pour définir une nouvelle espèce, a été récupérée», précise-t-on.Localisation des sites fossilifères marocains (A) livrant des restes de Ptychodus. / DRLocalisation des sites fossilifères marocains (A) livrant des restes de Ptychodus. / DR

Un prédateur marin de deuxième niveau

Les chercheurs ont utilisé pour la première fois de multiples analyses quantitatives et des tests statistiques paramétriques et non paramétriques pour traiter des données biométriques issues de dents articulées, associées et isolées. «L'approche quantitative est exploitée ici pour soutenir l'identification taxonomique traditionnelle (examen qualitatif) de P. maghrebianus sp. nov. et pour le séparer des espèces cuspidées similaires, P. mortoni», expliquent-ils. Ainsi, les reconstructions morpho-spatiales confirment une plus faible hétérodontie dentaire pour les deux espèces. Ceci dit, les analyses indiquent «une séparation forte et statistiquement significative» entre P. mortoni et P. maghrebianus, en fonction des caractéristiques dentaires. La dentition hétérodonte de la nouvelle espèce diffère également et «fortement» de celles décrites pour l'homodonte P. cyclodontis.

Holotype PIMUZ A/I 5056 de Ptychodus maghrebianus sp. nov. provenant du Crétacé supérieur du Maroc. / DR Holotype PIMUZ A/I 5056 de Ptychodus maghrebianus sp. nov. provenant du Crétacé supérieur du Maroc. / DR

La reconstruction de toute la plaque dentaire inférieure de ce requin éteint montre également une denture cuspidée, «probablement capable de réduire les dommages dentaires lors de l'écrasement de proies à carapace mince». Les morphologies dentaires et les modèles d'usure des dents suggèrent «une transformation alimentaire particulière et un régime principalement composé de bivalves, de décapodes et de petits poissons pour ce prédateur durophage», déduisent les chercheurs.

«Bien que parfaitement adaptée au broyage des mollusques et crustacés à carapace mince, sa dentition affiche des motifs d'usure qui sont nettement concentrés sur les zones distales de la plaque dentaire.»

Extrait de l’étude

Pour les rédacteurs de l'étude, «les reconstructions trophiques de l'ichtyofaune (partie de la faune rassemblant les poissons, ndlr) du Turonien habitant l'environnement de la rampe médiane à extérieure de la région d'Asfla soulignent que P. maghrebianus représentait très probablement des consommateurs de deuxième niveau». «Les sclérohynchiformes Asflapristis et Ptychotrygon représentaient des prédateurs de troisième niveau alors que les premières positions dans le réseau trophique étaient occupées par de plus grands élasmobranches prédateurs (comme Squalicorax, un autre genre éteint de requins lamniformes de la famille des Anacoracidae)», concluent-ils.

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