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Grand Angle

Diaspo #220 : Lina Benabdesslem, manageuse, chanteuse et première mangaka marocaine

Dessinatrice et chanteuse autodidacte, Lina Benabdesslem a évolué dans le domaine du management, mais sans oublier ses premières passions. Amoureuse de rock et plus particulièrement de heavy metal, elle chante au sein de deux groupes à Paris et publie ses manga via un éditeur.

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Lina Benabdesslem / Ph. Illusion Story
Temps de lecture: 4'

Après avoir décroché son baccalauréat français à Casablanca avec brio et suivi deux années de classes préparatoires, Lina Benabdesslem a fait ses études commerciales à Reims, où elle a rejoint NEOMA, l’école de commerce et de management. Elle s’y applique assidument jusqu’à obtenir son master en management, spécialité marketing digital. En région parisienne, elle rejoint de grandes entreprises pour des stages puis pour un premier emploi.

Voyageant en Allemagne et aux Etats-Unis dans le cadre de son travail dans le management pour différentes entreprises, Lina en profite pour s’imprégner des autres cultures. Mais sur ce chemin tracé, Lina n'a pas oublié ses premières passions. Elle est désormais chanteuse des groupes de metal Sleeping Romance depuis 2020 et Abhcan depuis 2017, en plus d’être mangaka, auteure de la série «Lucifer», parue aux éditions Nanachi.

«Je n’ai pas eu de difficultés au cours de ma scolarité ; j’avais de bons résultats, je m’appliquais dans les cours sans avoir à être très surveillée par mes parents. Et comme j'ai toujours aimé les sports collectifs, j'avais beaucoup d'amis. Parallèlement à cette vie sociale plutôt remplie, je ressentais le besoin d’être dans ma bulle solitaire une fois à la maison. Je lisais alors beaucoup de livres, je dessinais et je chantais», nous raconte-t-elle.

Des livres et de la musique

Native de Casablanca, Lina grandit avec deux parents évoluant dans la fonction publique et les finances. Elle apprend à devenir autonome, dès son jeune âge. «Pour des raisons de santé, mon petit frère a fait sa scolarité dans un établissement spécialisé. Comme mes deux parents travaillaient beaucoup, j’ai appris à faire les choses moi-même, à terminer mes devoirs dès mon retour de l’école sans que l’on me le rappelle, puis à développer des loisirs à la maison», nous raconte-t-elle. La lecture lui permettra particulièrement d’évoluer dans son cursus.

«Je garde le souvenir de mon père qui tenait absolument à ce que je lise des classiques depuis très petite. A chaque fin de semaine, l’argent de poche devait ainsi me servir à acheter un nouveau classique en librairie, que je devais terminer dans les sept jours, puis m’en procurer un autre. La lecture en dehors de ce qui nous est demandé à l’école faisait donc partie de mon quotidien.»

Parallèlement, Lina développe ses capacités dans le dessin. Après le décès de sa grand-mère, elle découvre sa fascination pour les animes à travers la bande-dessinée «Witch», en voulant échapper à la tristesse des funérailles. Elle arrive dans le chant par passion mais aussi par hasard, en tombant sous le charme de différentes variations de rock durant son adolescence, du pop mainstream aux productions indépendantes. «Je me rappelle d’une anecdote où la première fois où j’ai chanté devant mes parents et ma famille, les gens riaient autour de moi et j’ai pensé que c’était parce que je chantais mal. Je ne l’ai donc plus refait en public, mais des années plus tard à la fin de mon adolescence et avec mon amour grandissant pour le rock et le metal, je m’y suis remis en créant un premier groupe à Casablanca», se souvient-elle.

AbhcanAbhcan

Lors de son départ pour la France pour ses études, les membres de son premier groupe suivent chacun leurs propre chemins, mais Lina pense rapidement à revenir sur la scène musicale. Elle rejoint Abhcan, un groupe de heavy metal dont le nom est inspiré des légendes celtiques. De paire avec le chant, elle crée ses propres histoires illustrées. «Tout a commencé sur un forum de dessinateurs amateurs d’animes. Nous partagions nos créations et un éditeur a repéré mes publications. Il m’a contactée pour me proposer de faire des albums illustrés et j’en ai été très ravie», se rappelle Lina, qui publie désormais «Lucifer».

Un monde fantastique entre chant et mangas

Amoureuse des variations mélodiques dans le metal, Lina Victoria a déjà signé le premier album d’Abhcan et travaille actuellement sur le deuxième. C’est aussi à travers son passage par le management qu’en dehors de l’aspect artistique, elle se rendra utile à la gestion de sa formation en étant vocaliste et gestionnaire à la fois. Elle préside aussi l’association Wild Wave Records qu’elle a créée il y a deux ans, à travers laquelle elle ambitionne de donner de la visibilité à son groupe aussi. «Grâce à cela, j'ai pu joindre la musique et le management, mes deux passions», déclare-t-elle enthousiaste.

Fin 2020, Lina Victoria tombe sur l’annonce d’un deuxième groupe, l’italien Sleeping Romance, à la recherche d’une vocaliste. Engagée déjà dans sa formation musicale et dans le marketing digital, elle hésite avant de se lancer, mais tente sa chance dans le casting. Après une brillante participation, elle est agréablement surprise en étant retenue pour être membre de ce groupe. «Avec le confinement et la crise sanitaire, nous avons été contraints d’annuler les dates de plusieurs concerts, mais cela nous a permis de travailler sur nos nouvelles compositions», nous confie l’artiste, qui travaille sur l’écriture d’une chanson en arabe pour Sleeping Romance.

Sleeping RomanceSleeping Romance

Le monde fantastique de la musique, Lina le joint aussi au récit fantastique de son livre manga «Lucifer», qui raconte l’histoire de personnages surréels, dans un combat du bien contre le mal, entre deux mondes parallèles : le monde réel et le royaume de Lucifer. Grâce à cette parution, elle devient la première mangaka marocaine publiée par des éditeurs en France, voire en Europe.

Parallèlement à ses passions devenues désormais ses principales activités, Lina Victoria n’a pas oublié son amour pour le sport. Après deux participations au semi-marathon de Paris, elle se prépare à prendre part à la prochaine édition. Un esprit sain dans un corps sain.

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