Le FMI à la rescousse de l’économie marocaine. Le conseil d’administration de l’institution financière internationale a décidé, vendredi, d’ouvrir une ligne de crédit dite de «précaution» d’un montant de 6,2 milliards de dollars. Une somme importante mise à la disposition du royaume en cas de nécessité. L’annonce de cette aide du FMI intervient, juste, 24 heures après la présentation, jeudi devant la Commission des finances à la Chambre des représentants, par le ministre de l’Economie d’un sombre rapport sur l’économie nationale durant le 1er semestre de cette année.
Selon Nizar Baraka les indicateurs sont dans le rouge : Le déficit du budget atteint 99 milliards de dh, la facture pétrolière a augmenté de 80%, les réserves de devises sont uniquement de 60 milliards de dh, ne couvrant que 4 mois et 10 jours d’importation, le tourisme n’est guère mieux loti, les nuitées ont chuté de 6%. A ces mauvais chiffres s’ajoutent la perte de 109 milles postes d’emploi. Dans ce contexte, le recours au prêt est une option inéluctable, sachant que le gouvernement Benkirane n’a pu mener à bien son fameux programme de réforme de la Caisse de compensation comme il s’est engagé à le faire au lendemain de l'impopulaire hausse des prix des carburants. Une augmentation qui répond aux conditions que le FMI exige des Etats avant de les sauver. L’Espagne est l’exemple le plus éloquent de cette politique.
«Une police d’assurance», selon Lagarde
«Les autorités marocaines ont fait savoir qu’elles entendent traiter ce dispositif à titre de précaution et qu’elles n’ont pas l’intention d’effectuer de tirages, à moins que le Maroc n’enregistre de véritables besoins de balance des paiements imputables à une détérioration de la conjoncture extérieure», indiqué un communiqué du FMI.
Dans une déclaration, la directrice général du FMI, Christine Lagarde a précisé que «le Maroc est exposé à des risques extérieurs liés aux incertitudes de la zone euro et à un éventuel renchérissement du pétrole. Un accord de deux ans au titre de la ligne de précaution et de liquidité confèrera au Maroc une police d’assurance utile pour répondre aux besoins de financement immédiats dans l’éventualité où ces risques se matérialiseraient, en renforçant la confiance des marchés et en facilitant un meilleur accès aux marchés de capitaux privés. Les autorités entendent traiter cet accord à titre de précaution.»
«Rassurer les investisseurs», selon Baraka
Le samedi 4 août, le gouvernement Benkirane sort de son silence. Dans un communiqué, le ministre des Finances, Nizar Baraka estime que cette ligne de crédit «est de nature à rassurer les investisseurs et les partenaires financiers étrangers ainsi que les agences de notation sur les perspectives économiques et financières du Maroc et permettra de faciliter la mobilisation de financements sur le marché financier international à des conditions favorables». C'est quasiment la même prose qu'avait utilisé, en 2010, Salaheddine Mezaour pour expliquer la prêt d'un milliards de dollars accordé à Rabat par des banques privées.
Cette ligne de crédit dite de «précaution» a de fortes chances d’être effective dans les prochaines semaines. Et pour cause, les prix des carburants ont repris leur trend haussier. Le vendredi, le prix du baril de Brent s’est échangé à 108,88 dollars.