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Grand Angle

«RASD» : La victoire de Boric aux présidentielles sonne-t-elle la fin de l’exception chilienne ?

Le Chili est l’un des rares pays d'Amérique du sud n’ayant jamais reconnu la «RASD». Une exception sérieusement menacée par la victoire du candidat de la coalition d’extrême gauche aux dernières élections présidentielles.

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Gabriel Boric, 35 ans, a été élu avec près de 56 % des voix, contre 44 % pour son concurrent d'extrême droite, José Antonio Kast. / Ph. Rodrigo Garrido - Reuters
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En Amérique latine, la vague rouge gagne du terrain. Le second tour des élections présidentielles au Chili, organisé le dimanche 19 décembre, a souri à Gabriel Boric, le jeune candidat d’une coalition de partis d’extrême gauche, dominée par les communistes, avec environ 56% des voix. Son adversaire d’extrême droite, José Antonio Kast, a reconnu sa défaite et a félicité Boric. Le prochain président du pays assumera officiellement ses fonctions en mars. En attendant, il a annoncé, ce mardi, son intention de former un «gouvernement progressiste» avant la fin de janvier 2022.

Cette victoire peut-elle conduire à une reconnaissance de la «République arabe sahraouie démocrate (RASD)» ? Pour rappel, en Amérique latine, ce sont les décennies de «Guerre froide» qui continuent de dicter la politique étrangère des Etats. Sur la question du Sahara, les positions se font et se défont en fonction de la couleur politique des présidents. En effet, le retour de l’extrême gauche à la magistrature suprême au Pérou et en Bolivie s’est traduit immédiatement par le rétablissement des relations diplomatiques avec le Polisario, suspendues par les précédents gouvernements de droite ou socialistes dans les deux pays.

Le Maroc et le Polisario comptent des alliés au Chili

Au Chili, avec un président qui doit son élection à la forte mobilisation des communistes, cet Etat risque d’emboîter le pas à Lima et La Paz, d’autant que les camarades chiliens n’ont jamais caché leur ambition de franchir ce cap, même si cette compétence relève exclusivement des prérogatives du président. Ils avaient d’ailleurs réussi à convaincre, en septembre 2010, une majorité à la Chambre basse du Parlement chilien d’adopter une résolution appelant à établir des relations avec la «RASD». Néanmoins, Mme. Michelle Bachelet, alors présidente du Chili, avait résisté à la pression des députés pro-Polisario. En mai 2016, une tentative dans ce sens parrainée par le groupe de députés communistes avait été rejetée avec seulement trois voix d’écart : 43 pour et 46 contre.

Au Chili, le Maroc compte aussi des soutiens, notamment parmi les sénateurs. En 2018, la Chambre haute a approuvé une résolution saluant le plan marocain d’autonomie au Sahara. Le royaume a créé un groupe d'amitié parlementaire Chili-Maroc à la Chambre des députés. La dernière visite de ses membres chiliens à Rabat remonte à février 2020. Outre l’appui des parlementaires d’extrême gauche, le Polisario a lancé une association d’amitié avec le peuple sahraoui.

C’est dire que le rapport de forces entre pro-Maroc et pro-Polisario est si équilibré que seule la couleur politique du président de la république avait empêché jusqu’à présent que le Chili ne suive les traces du Mexique, autre grand pays de la région qui s’accroche à ses relations avec la «RASD», même si le gouvernement du président Andrès Manuel López Obrador, au pouvoir depuis 2017, a montré des signes clairs de rapprochement avec le royaume.

Durant son mandat au Conseil de sécurité (2014-2015), le Chili, où la politique étrangère est un domaine réservé au président, avait plaidé pour une solution politique à la question du Sahara occidental.

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