Moins d’une semaine après sa prise de fonction, le nouveau gouvernement allemand veut tourner la page des différends avec le Maroc. Sa ministre des Affaires étrangères a salué, dans un communiqué publié ce lundi 13 décembre, «le lien important»» que joue le royaume entre «le Nord et le Sud à la fois politiquement, culturellement et économiquement. Le Maroc «est un partenaire clé de l'Union européenne et de l'Allemagne en Afrique du Nord».
Le département de Mme. Annalena Baerbock a couvert d’éloges «les vastes réformes» entreprises par le royaume «durant la dernière décennie». «Le pays joue un rôle important dans la stabilité et le développement durable de la région. Cela est évident, notamment dans son engagement diplomatique envers le processus de paix libyen». Une mention qui devrait rassurer les officiels marocains qui, pour mémoire, n’avaient pas apprécié que le gouvernement de l’ancienne chancelière Angela Merkel les écarte de la première conférence sur la Libye à Berlin en janvier 2020.
Sahara, un tournant ?
En droite ligne avec ces éloges, l’exécutif, que préside le socialiste Olaf Scholz, a initié une ouverture en faveur de la position de Rabat sur la question du Sahara. «La position du gouvernement fédéral à ce sujet n'a pas changé depuis des décennies. L'Allemagne soutient l'envoyé personnel dans sa quête d'un résultat politique juste, durable et mutuellement acceptable sur la base de la résolution 2602 (adoptée le 29 octobre 2021 par le Conseil de sécurité, ndlr). Et de rappeler que «le Maroc a apporté une contribution importante à un tel accord en 2007 avec son plan d'autonomie».
Ce passage devrait susciter des grincements de dents à Alger et Tindouf. Pour rappel, dans le sillage du vote de la résolution 2602, le Front Polisario, par la voix de son représentant à New York, a accusé l’instance exécutive de l’ONU «de ne rien faire face aux conséquences de la violation marocaine du cessez-le-feu, ce qui donne l'impression qu’il ne s'est rien passé de grave». Quant au gouvernement algérien, il a «exprimé son profond regret quant à l'approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil».
La résolution 2602, saluée par l'Allemagne, insiste en effet sur la poursuite du processus des «tables rondes», initié par l’ancien envoyé pour le Sahara occidental, l’Allemand Horst Köhler. Une formule rejetée à la fois par le Polisario et Alger. Pire, le ministère allemand des Affaires étrangères a fait l’impasse sur le «droit du peuple sahraoui à l’autodétermination» ou à «l’organisation d’un referendum».
Cette nouvelle position allemande marque un tournant, en s’écartant de la ligne suivie par l’exécutif Merkel sur ce dossier. Sous son autorité, Berlin avait été à l’origine de la réunion, le 21 décembre 2020, de l’instance exécutive de l’ONU consacrée à l’examen de la reconnaissance par l’administration Trump de la marocanité su Sahara.
Cette volonté du nouveau gouvernement d’ouvrir une nouvelle page dans ses relations avec le royaume s’est manifestée dans le communiqué de son ambassade à Rabat du 7 décembre. Bien que le texte se consacrait avant tout à démentir la rumeur d'une publication par les renseignements allemands d’un rapport hostile au Maroc, la représentation diplomatique a qualifié le «Maroc de partenaire central pour l'Allemagne». L'ambassade allemande avait tenu à préciser que «le gouvernement fédéral affirme qu'il est dans l'intérêt des deux pays de revenir à des relations diplomatiques traditionnellement bonnes et élargies. L'Allemagne est prête pour un partenariat tourné vers l'avenir. Le gouvernement fédéral se félicite expressément de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël».