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Grand Angle

Diaspo #219 : Sana Darghmouni rapproche les Italiens de la littérature arabe

Enseignante de littérature arabe et langue arabe aux Italiens et à la communauté arabe dans les universités de Bologne et de Venise, cette Marocaine tente de rapprocher les Italiens des productions littéraires arabes dans leur propre langue.

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Professeure des universités, Sana Darghmouni enseigne la littérature arabe et la langue arabe à Bologne et à Venise. / DR
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Sana Darghmouni est considérée comme l'une des migrantes arabes les plus en vue, impliquée dans la scène culturelle en Italie, et même dans la scène culturelle du monde arabe. La Marocaine a, en effet, traduit plusieurs œuvres littéraires arabes en italien, en plus de son travail en tant que professeure universitaire de littérature et langue arabes aux universités de Bologne et de Venise.

Originaire de la ville de Ben Ahmed, elle a obtenu un baccalauréat en lettres du lycée Chaouki de Casablanca, avant de rejoindre l'université d'Ain Chawqi à Casablanca pour intégrer ensuite la Faculté d’Ain Chok de Casablanca. Parallèlement à ses études universitaires, Sana Darghmouni suit également une formation en langue italienne. En 1998, agée de 18 ans, elle intègre l’Université de Bologne après avoir passé un examen écrit et oral.

«La première fois que j'ai quitté le domicile familial pour m'installer dans un autre pays, j'ai rencontré des difficultés, notamment linguistiques, même si j'avais étudié l'italien à Casablanca. A l'université en Italie, je ne comprenais pas tout ce qui était dit au début, ce qui a affecté mon moral.»

Sana Darghmouni

Enseigner la langue arabe…

La Marocaine raconte aussi comment elle devait fournir un «grand effort» pour comprendre ce qui était dit pendant les cours. Et en plus de ses études, la jeune femme travaillait «soit tôt le matin, soit le soir» pour subvenir à ses besoins. «Je travaillais aussi les week-ends et jours fériés», se remémore-t-elle.

Après l'obtention d’une licence puis d'un master, elle s’inscrit alors en doctorat pour se spécialiser en littérature comparée. Sa thèse portait sur la comparaison entre les poètes de la diaspora et la poésie romantique française et anglaise. Sana Darghmouni obtient alors son doctorat et commence à travailler à l'Université de Bologne, en tant que professeure des universités. Elle enseigne la littérature et la langue arabes. Plus tard, elle donnera également des cours de langue arabe à l'Université de Venise.

«Parmi mes étudiants, il y a toujours un groupe de jeunes immigrés, notamment d'origine marocaine, qui souhaitent découvrir leur culture en étudiant la littérature et la langue arabes. Mais la plupart de mes étudiants restent Italiens», explique-t-elle.

«Ici en Italie, il y a bien sûr un intérêt pour les langues classiques, après cela vient la langue chinoise, puis la langue arabe. Il y a un réel intérêt des Italiens pour cette langue.»

Sana Darghmouni

... et rapprocher les Italiens de la littérature arabe

Pour la Marocaine, les Italiens «savent que le monde arabe est devenu une source d'opportunités d'emploi, en particulier la région du Golfe arabe». «Ils veulent faire de la langue une passerelle qui leur ouvre de nouveaux horizons professionnels», explique-t-elle encore.

Actuellement et à cause de la pandémie, le nombre d’étudiants varie entre 50 et 60 personnes. «Avant l'épidémie de Coronavirus, j’avais une classe de 80 étudiants», précise la professeure universitaire.

En plus de sa formation universitaire, Sana Darghmouni travaille également comme traductrice, en particulier pour la poésie arabe contemporaine. Un défi à travers lequel elle souhaite «surmonter les limites des traductions de l'arabe vers l'italien».

Face au manque d'intérêt pour le produit littéraire arabe dans les pays européens, notamment en Italie, la professeure des universités tente de «faire découvrir la littérature arabe aux locuteurs de cette langue, en les initiant à sa richesse».

C'est pourquoi Sana travaille à la traduction de livres et de recueils de poésie. Parmi les œuvres traduites figurent des travaux du poète palestinien Ashraf Fayyad, emprisonné en Arabie saoudite et ceux du poète syrien Daniel Hadi, pour lequel elle a remporté le Prix de la traduction de Martinsicuro City.

Mère d'un enfant, elle confirme que «le cheminement scolaire ne s'arrête pas et tout le monde veut contrivuer et produire plus». «Bien sûr que j'aspire à continuer. Je veux me développer. Il y a des projets culturels que je veux rejoindre, et les recherches que je veux écrire», conclut-elle l'oeil plein d'ambitions.

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