Le ridicule ne tue pas mais il a déjà blessé 99 personnes. Sur Facebook, le groupe «Boycott Jus Valencia», lancé il y a 11 heures a déjà réuni 99 membres. L’une des publicités pour ces nouveaux jus de fruits, diffusées en juillet sur la chaine marocaine 2M, provoque un tollé car elle emploie des personnages tellement stéréotypés qu' «elle est tout simplement une insulte à tous les Marocains, au début j'ai réellement cru a un sketch», estime Fayçal El Chattahi, le fondateur du groupe.
Le principal aspect de la publicité à s’attirer les foudres des téléspectateurs est la première phrase de la jeune femme qui s’extasie sur les bienfaits des jus Valencia, produits par AJP : «mon mari, il connait un haut responsable qui lui a garanti que la qualité ne changera jamais.» Le tout prononcé avec les «r» roulés des accents bourgeois. Amine, sur Facebook s’indigne : «une locution qu'on aimerait bien entendre plus souvent critiquée dans des débats publics plutôt que d'être promue au rang d'argument de vente principal d'un jus de fruit, ça en dit long sur l'image des Marocains véhiculée par la pub». «Ca normalise un comportement qui est condamnable», renchérit Amine. Sur Youtube, hassanbenamer1978 se montre plus ironique : «18 hauts responsables ont vu la vidéo», s’exclame-t-il en référence aux 18 «j’aime» attachés à la vidéo contre plusieurs centaines de «je n’aime pas»
Publicité n°1 par les bourgeois
L’ensemble de la publicité et en particulier le début, insiste sur le physique flatteur de l’actrice. C’est dans un son de scintillement qu’un premier plan montre la délicate cambrure de son pied, puis enchaine sur un plan fixe où la jeune femme rejette ses cheveux en arrière comme dans une publicité bien connue qui n'a que peu à voir avec les jus de fruits. «I like, personne n'osait le dire, la meuf est sacrement bonne, mais bon faisons attention a ce qu'on dit, c’ comme ils sont, ils seraient capables de foutre une actrice de 16 ans :)», lance Mohamed sur Facebook.
Plus subtiles, d’autres personnes ont tenté d’analyser la stratégie marketing de la publicité, sans plus de succès. Fayçal, sur Facebook, note l’emploi du mot «sceptique» par l’actrice : «la pub a un positionnement incompréhensible, elle s'adresse au 5% de cons des 2% de Marocains qui comprennent la signification de "sceptique" ( ce qui fait 0,1%). Mais c'est du juuuuuuuus bon sang, pas une montre Cartier. »
Trop bon pour être marocain
Le second spot insiste, plutôt, sur le fait que «jour après jour» la qualité de ces jus de fruits reste la même. «C’est même écrit sur le pack», souligne l’actrice de la publicité pour se justifier. Pourtant, le site de la marque a été créé il y a seulement un an et c’est la première fois que ces publicités apparaissent sur les écrans marocains. Visiblement, ce clip est là pour lancer un nouveau produit sur le marché et non pour soutenir son image auprès des consommateurs.
Après les bourgeois qui s’y connaissent en matière de qualité, le stéréotype MRE est réquisitionné par la marque pour comparer les nouveaux jus, à ceux de l’étranger «Honnêtement, je pensais au début que c’était encooooore un produit importé, mais quand j’ai vu sur le pack «produit marocain», j’étais fière !», lance la comédienne du spot, plus proche de la ménagère de 50 ans que de l’épouse sexy de la première publicité. La précision est d'importance puisque la marque du produit «Valencia », évoque plutôt une grande ville espagnole. En creux, le propos indique clairement que les produits marocains sont de mauvaise qualité. «D’ailleurs, j’en ai même pris avec moi à mon retour», conclut l’argument commercial. C’est dit. Les moul assir marocains, les jus Marrakech et les produits Andros n’ont qu’à bien se tenir.
Publicité n°2 par les MRE