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Grand Angle

Covid-19 : La souveraineté pharmaceutique africaine seul moyen pour faire face aux pénuries de vaccins ou de seringues

L'Afrique reste le continent le plus en retard sur la vaccination contre la Covid-19. Après la pénurie de vaccins préemptés par les pays les plus riches, un manque de seringue pourrait encore retarder la vaccination des populations des pays africains.

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Image d'illustration. / DR
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Face aux grandes inégalités dans l’accès aux vaccins auxquels font face plusieurs pays d’Afrique, les rares Etats disposant d’infrastructures pharmaceutiques se sont lancés dans la production de vaccins anti-Covid-19, espérant assurer une certaine autonomie et protéger leur population.

En ce sens, on peut souligner les efforts du Maroc qui devrait commencer, dans les prochaines semaines, la production nationale du vaccin chinois Sinopharm, alors que la production du vaccin russe Sputnik serait en préparation. D’autres pays comme l’Algérie ou l’Afrique du Sud ont également choisi de produire des vaccins. Mais derrière la promesse d'une meilleure disponibilité vaccinale pour l'Afrique, une pénurie de seringues menace la sécurité sanitaire du continent.

Si l’urgence de la pandémie a poussé le continent à repenser ses industries pharmaceutiques, permettant à un club réservé de pays producteurs de vaccins anti-Covid, la production de seringue en Afrique n’a pas suivi, souligne Bloomberg. Ainsi, le continent est toujours dépendant de l’Asie et de l’Europe pour son approvisionnement.

Faute de seringues, certains pays d'Afrique risquent de jeter des vaccins

Pour Phionah Atuhebwe, responsable médical de l'introduction des nouveaux vaccins à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la quantité de doses de vaccin en Afrique surpasse désormais la disponibilité des outils nécessaire à leur inoculation, alors que les productions locales de vaccins ne tournent pas encore à plein régime. Fin octobre, les Nations unies et les responsables sanitaires en Afrique alertaient sur la pénurie imminente de seringue sur le continent.

En effet, les seringues utilisées pour les vaccins anti-Covid-19 ne sont pas toujours les mêmes. Ainsi, les pays défavorisés utilisent principalement des seringues autobloquantes pour éviter leur réutilisation, et ce sont principalement ces seringues qui sont concernées par la pénurie. Selon l'Unicef, il pourrait manquer 2,2 milliards de seringues autobloquantes à travers le monde en 2022, affectant principalement l’Afrique pour ses vaccinations anti-Covid-19 et les vaccinations de routine. Les pays riches, eux, utilisent principalement d’autres seringues et ne sont pas ou peu touchés par cette pénurie. Aussi, le vaccin Pfizer nécessite une seringue de 0,3 millilitre, qu’aucun pays d’Afrique ne produit actuellement.

Concrètement, le manque de seringue se ferait déjà sentir en Afrique du Sud, au Kenya ou au Rwanda qui témoignent de retard dans les livraisons. Les autorités rwandaises ont alerté que la durée de conservation des vaccins étant courte, parfois d’à peine un mois, le pays risque de se retrouver avec des stocks de vaccins qui périment, faute de matériel pour les administrer.

La vaccination en Afrique loin des objectifs prévus

Sans tenir compte de la pénurie qui menace de ralentir dangereusement la vaccination en Afrique, le continent compte à ce jour à peine 6% de sa population totalement vaccinée, rendant les objectifs de 40% à la fin de l’année peu probable. Face à la situation, le directeur des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies, John Nkengasong, a prévenu que le continent pourrait connaitre une succession des vagues de contamination si la situation ne change pas en faveur de la vaccination des peuples africains.

Face à la menace qui pèse sur le continent, les experts insistent sur le besoin d’accroitre la production de seringue en Afrique pour assurer, si ce n’est l’autonomie du continent, un stock suffisant pour assurer la vaccination du plus grand nombre et ne pas devoir jeter des vaccins que les pays ont eu beaucoup de mal à obtenir en premier lieu.

Pour tenter de résoudre le problème, l’OMS et l’Unicef travaillent sur un plan de distribution équitable des seringues, similaire au plan Covax, en essayant de conclure des accords avec les fabricants.

Article modifié le 04/11/2021 à 20h01

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