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Grand Angle

Benkirane aura la lourde tâche de reconstruire la crédibilité d’un PJD dans l’opposition

En plus de ressouder les rangs du PJD, l’élection de Benkirane secrétaire général du PJD est censée permettre au parti de renouer avec son passé d’opposant.

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Abdelilah Benkirane, SG du PJD / DR
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Abdelilah Benkirane a effectué un retour triomphal aux commandes du PJD. Sa première mission est de recoller les morceaux d’un parti déchiré par les années de tension sous la direction de Saad-Eddine El Othmani. Une période marquée plus par les divisions publiques entre les cadres de la formation islamiste que par ses réalisations. La débâcle aux élections du 8 septembre est la conclusion d’une terrible impopularité qui a commencé quatre années auparavant.  

Outre cet objectif interne, Benkirane a également pour mission de récupérer le terrain de la contestation et renouer avec le langage de l’opposition populaire. Un champ que le PJD a cédé à Al Adl wal Ihsane et d’autres enseignes politiques.

«Il est le mieux placé pour jouer ce rôle», affirme dans des déclarations à Yabiladi, Driss El Ganbouri, spécialiste en mouvement islamistes. «La contestation populaire a besoin d’être canalisée par une force politique connue et reconnue par les pouvoirs publics. Dans le cas contraire, c’est l’anarchie qui menace de s’emparer des protestations de la rue», explique-t-il.

Benkirane a joué l’opposant alors même qu’il était chef du gouvernement

Endosser l’habit de l’opposant est une simple formalité pour Benkirane. Il l’a toujours porté en sa qualité de fondateur, au début des années 80, du Mouvement Al Islah wa Attajdid (Reforme et Renouveau), puis député, d’abord sous la casquette du Mouvement populaire démocratique constitutionnelle, d’Abdelkrim El Khatib, et ensuite sous les couleurs du PJD, et secrétaire général de ce parti de 2008 à 2017.

Et même lorsqu’il a été nommé chef du gouvernement dans le sillage de la victoire du PJD aux législatives du 25 novembre 2011, il est resté fidèle à la posture de l’opposant qu’il adoptait les week-ends, lors de ses tournées dans les quatre coins du royaume, pour fustiger les ingérences des «démons» et des «crocodiles». Un populisme qui s’est avéré payant, puisqu'aux élections législatives du 7 octobre 2016, le PJD était arrivé premier avec 125 sièges.

Indéniablement, Benkirane a les qualités pour jouer l’opposant mais est-ce qu’il réussira à canaliser la contestation populaire et devenir son porte-parole ? «Il est difficile d’apporter une réponse catégorique à cette question mais au sein du PJD personne n’est en mesure de remplir ce rôle mieux que lui», précise Driss El Ganbouri. Et de rappeler qu'en 2012, Benkirane avait invité les dirigeants d'Al Adl wal Ihsane à emprunter la voie de la légalité pour défendre leurs idées.

Par ailleurs, le retour de Benkirane devrait permettre au PJD de récupérer sa place au sein des formations islamistes, proches de l’axe Frères musulmans-Qatar-Turquie. Le mouvement palestinien Hamas s’est, d’ailleurs, empressé de le féliciter pour son élection. Même son de cloche auprès des Mauritaniens du Rassemblement national pour la réforme et le développement (Tawasol, selon son acronyme en arabe), pourtant en froid avec le PJD durant les années du gouvernement El Othmani. «Ses messages de félicitations sont logiques. Dès les années 1980, Benkirane a noué des relations avec l’organisme international des formations islamistes», conclut El Ganbouri.

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