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Grand Angle

«Sultan Yacoub», village libanais en hommage au sultan almohade Yaacoub Al Mansour

Au Liban, les habitants du «Village du Sultan Yaacoub» pensent que le sultan almohade Yaacoub Al Mansour était arrivé à la fin de son règne dans leur pays, pour y être enterré. Un mausolée avait même été construit, visité par les habitants qui viennent s'y recueillir. Histoire. 

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Le «Village du Sultan Yaacoub» au Liban. / DR
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Abou Youssef Yaacoub Al Mansour est l’un des sultans almohades les plus célèbres. Ayant régné sur le Maroc et Al Andalus de 1184 à 1199, il avait laissé derrière lui plusieurs monuments qui rappellent, jusqu’à nos jours, l’architecture maghrébine du XIIe siècle, à l’instar de la mosquée El Mouassine et la Koutoubia à Marrakech, ou encore la mosquée Hassan à Rabat.

Mais il n’a pas marqué que les Marocains. En effet, dans l'ouest de la Bekaa au Liban, un village est baptisé «Village du Sultan Yaacoub» depuis plusieurs siècles, portant ainsi le nom du sultan almohade qui, selon les habitants du village, y était enterré.

Le village est situé à 65 km de la capitale Beyrouth, et compte 6 500 habitants. Célère dans le pays, il a été le témoin de l'un des combats les plus importants sur la terre libanaise. En 1982, les fedayin palestiniens, syriens et libanais avaient livré bataille contre les forces israéliennes qui avaient envahi le Liban. Les affrontements se soldent par une défaite sans précédent dans les rangs des forces israéliennes, ayant perdu 30 officiers et soldats et enregistré des centaines de blessés en plus de quatre militaires capturés, des dizaines de chars et un certain nombre de véhicules détruits.

Un nom lié à l'histoire du Maroc

Les Libanais croient que Yaacoub Al Mansour, troisième sultan de la dynastie almohade, est enterré dans ce village. Ils se basent, dans leur récit, sur certains livres historiques qui indiquent que le sultan almohade a voyagé vers le Moyen-Orient à la fin de son règne, sans jamais retourner au Maroc.

Dans «Obituaire des hommes illustres et histoire des contemporains», le théologien et historien Shams ad-Dîn Ibn Khallikân raconte comment le sultan almohade souhaitait, à son retour d’Al Andalus, reconquérir Afriqiya (l’actuelle Tunisie). Ses conseillers lui recommandèrent alors de patienter afin que ses troupes puissent se reposer après plusieurs mois de combats contre les Chrétiens.

«Il répondit favorablement à leur demande et s'installa dans la ville de Salé et vit des parcs préparés pour lui. Il avait construit une grande cité près de ladite ville, qu'il appela Ribat Al-Fath (Rabat, ndlr), sous la forme d'Alexandrie, avec de larges rues, une bonne division, la perfection de la construction, l'amélioration et la fortification, construite sur la mer et sur la rivière (Oued Bouregreg, ndlr)», écrit-il. De Rabat, Yaacoub Al Mansour se rend à Marrakech, laissant les historiens indécis sur la prochaine étape de sa vie.

«Certains récit affirment qu'il avait tout laissé derrière lui et qu’il avait parcouru le pays jusqu'à ce qu'il se retrouve dans le moyen orient qu’il sillonna déguisé avant d’y mourir, affaibli.»

Ibn Khallikân 

L’historien précise que «plusieurs personnes à Damas» lui avaient affirmé l’existence d’un village dans la Bekaa, où se trouve une tombe connue pour être celle de Yaacoub Al Mansour, sultan du Maroc.

Plusieurs versions pour le lieu de décès du sultan almohade

A l'heure actuelle, cette ville libanaise s'est transformée en un sanctuaire pour les habitants de la ville et de la région qui viennent visiter et se recueillir sur la tombe présumée de Yaacoub Al Mansour. Certains d’entre eux amènent des pièces d’argent, des offrandes ou des bougies, tandis que d’autres s’y rendent les pieds nus, rapporte le journal libanais Al-Akhbar.

En revanche, le livre «L’Islam en Andalousie», imoortante encyclopédie historique élaborée par l'historien égyptien Muhammad Abdullah Annan, indique que le sultan almohade est mort à Marrakech. «Quand il sentit sa mort approcher, il convoqua dans son palais de Marrakech les anciens cheikhs almohades, ainsi que ses proches et assistants et prononça un discours qui se répandit ensuite dans toutes les parties du Maghreb», indique-t-il.

Dans le livre «Obituaire des hommes illustres et histoire des contemporains», Ibn Khallikân lui-même relaye des récits qui indiquent que Yaacoub Al Mansour «retourna à Marrakech pour y mourir le premier jour de Joumada Al Oula ou à la fin de Rabii al Awal» et d’autres versions qui avancent qu’il serait mort et enterré à Salé.

Toutefois, si les versions divergent sur le lieu où sa dépouille a été inhumée, les historiens restent unanimes sur la grandeur de ce sultan almohade, qui avait été sollicité par l'illustre sultan d'Egypte et de Syrie, Salah Eddine Al Ayoubi, pour affronter les «Francs» dans l'Orient arabe. C’est d’ailleurs sur ses ordres que les musulmans construiront le minaret de la mosquée de Séville, baptisée aujourd’hui la Giralda.

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