Menu

Grand Angle

Paléontologie : Un nouveau Elasmotheriinae rhinocéros découvert au Maroc

Une nouvelle étude, basée sur des fossiles découverts à Skoura, près d’Ouarzazate, décrit ainsi le premier Elasmotheriinae rhinocéros en Afrique du Nord, ayant vécu au Maroc pendant le Miocène inférieur (23,03 à 5,332 millions d'années).

Publié
Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 2'

Sous-famille éteinte des rhinocéros, les Elasmotheriinae sont des animaux de grande taille, possédant de grandes cornes, ayant vécu sur terre du Miocène inférieur (23,03 à 5,332 millions d'années) au Pléistocène supérieur (126 000 à 11 700 ans). Leur présence a été documentée grâce à des fossiles trouvés partout dans le monde. Jusqu’à récemment, les paléontologues pensaient que cette espèce n’a jamais vécu en Afrique du Nord. Toutefois, une nouvelle étude, publiée la semaine dernière par Denis Geraads (Centre de Recherche en Paléontologie- Paris) et Samir Zouhri (Département de la géologie à la Faculté d’Aïn Chock), présente le premier Elasmotheriinae ayant vécu Afrique du Nord.

Baptisé Eoazara xerrii, ses fossiles proviennent du site du Miocène supérieur à Skoura, près d’Ouarzazate, sur le versant sud du Haut Atlas central au Maroc et se composent d’un crâne pratiquement complet avec une mandibule articulée et quelques restes postcrâniens fragmentaires. Eoazara xerrii devient ainsi et «de loin l’Elasmotheriinae le plus connu du Miocène africain supérieur».

Son crâne a été découvert par des chasseurs de fossiles, acheté à l'un d'eux par Serge Xerri à Rabat, qui l'a généreusement offert à la Faculté des sciences Aïn Chock, Casablanca. Il a été habilement préparé par Philippe Richir et ses collègues du Centre de recherche en paléontologie à Paris dépendant du Muséum national d'histoire naturelle en France, avant son retour à la Faculté des Sciences Aïn Chock, détaille l’étude.

Une espèce plus proche de la branche eurasienne

«Le crâne est caractérisé par de longs os nasaux indiquant une importante corne et de longs prémaxillaires édentés, élargis antérieurement. Par rapport aux autres Rhinocerotidae, le visage est modérément allongé ; les incisives inférieures sont de taille moyenne ; et la rangée prémolaire est courte», décrit l’étude. Celle-ci précise qu’«Eoazara xerrii gén. et sp. nov. était à un stade évolutif inférieur à celui des espèces chinoises de Ningxiatherium et Parelasmotherium, mais probablement comparable aux restes très incomplets des formes du Miocène supérieur d'Afrique de l'Est».

Les deux chercheurs considèrent Eoazara comme «membre d'un clade principalement eurasien, plutôt que comme un survivant d'une hypothétique branche africaine d’Elasmotheriinae».  Ils rappellent à cet égard que même les rhinocéros sont peu représentés dans les archives fossiles du Miocène nord-africain. «Ceux du Miocène moyen de Beni Mellal au Maroc (1976), du Miocène inférieur supérieur de Bou Hanifia (1986), de l'Oued Mya en Algérie (1992), et du Djebel Krechem el Artsouma en Tunisie (1989), et Miocène supérieur de Lissasfa au Maroc (1999) appartiennent probablement tous à la sous-famille des Dicerotini et sont certainement sans rapport avec Eoazara xerrii gen. et sp. nov», précisent-ils.

Les auteurs de l’étude rappelle que les cinq espèces vivantes de Rhinocerotidae sont les derniers survivants hautement menacés d'un groupe prospère, dont environ 50 genres sont actuellement reconnus dans le Néogène de l'Ancien Monde.  «Si les formes du Miocène précoce et moyen ne sont pas toujours faciles à attribuer à l'une ou l'autre sous-famille, les Elasmotheriinae ont acquis, à la fin du Miocène, suffisamment de caractéristiques dérivées pour être facilement diagnostiquées une sous-famille», concluent-ils.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com