Sarkozy serait-il responsable des actes islamophobes commis durant son quinquennat ? Selon le Conseil français du culte musulman (CFCM), il semblerait que oui. En partie tout du moins. Dans un bilan portant sur le premier semestre 2012 et consulté dimanche par l’AFP, le CFCM révèle en effet que les actes antimusulmans ont considérablement baissé après la campagne présidentielle de mai dernier, campagne qui – faut-il le rappeler – avait été marquée par la prédominance des thématiques liées à l'islam.
«Les différents débats sur le halal, les minarets, la burka, la laïcité, l'identité nationale, l'immigration et les prières des rues ont libéré la parole des extrémistes, sans compter les déclarations d'hommes politiques soucieux de se maintenir au pouvoir en déclarant que les musulmans sont un problème pour la France», a commenté le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie (Oni), Abdallah Zekri.
Chute de 7 points des actes antimusulmans
Cette désinhibition de la parole antimusulmane, rendue possible par le discours électoraliste très à droite de l’ancien chef de l’état, s’était traduite, en avril et en mai dernier, par des hausses respectives de 9 et de 14 points des actes islamophobes. Au total, ces derniers avaient augmenté de 14,49 % au premier semestre 2012, rapporte le bilan du CFCM. Or, au mois de juin, soit un mois après l’investiture de François Hollande (ou le départ de Nicolas Sarkozy), ce même bilan indique qu’ils ont chuté de 7 points par rapport à juin 2011.
Ce sont des actes «pour lesquels il y a eu de nombreux dépôts de plaintes et de mains courantes dans les commissariats», a précisé M. Zekri, ajoutant par ailleurs que les actes répertoriés étaient classés en deux catégories: actions – violences, incendies ou tentatives, dégradations et vandalisme – d’un côté, et menaces – propos et gestes menaçants, tracts et courriers et inscriptions – de l’autre.
M. Zekri a par ailleurs observé que «ces chiffres sont au-dessous de la réalité, car nombreux sont les musulmans qui ne souhaitent pas porter plainte, considérant à tort ou à raison, qu'il n'y aura pas d'aboutissement». Un renoncement qui se solde par une déflation caractérististique des statistiques avancées. Ce qui n’a pas empêché le ministère de l’Intérieur, si zélé dès lors qu’il s’agit de mettre en exergue les ratés de l’ex-président français, de valider le bilan du CFCM.
Pour rappel, le CFCM, qui représente les 3,5 millions de musulmans de France, a été mis en place par Nicolas Sarkozy lui-même en 2003... alors qu'il était ministre de l'Intérieur. Ironie du sort certainement...