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Grand Angle

Affaire Comarit : Des marins bloqués à Algésiras interdits de rentrer au Maroc

A quelques jours du Ramadan, les marins de la Comarit, livrés à eux-même dans le port d'Algésiras depuis plus de 6 mois, sont décidés à retourner au Maroc par tous les moyens. Cependant, le commandat du ferry Ibn Batouta refuse de donner des bons de débarquement à ses marins. la Fédération Internationale des ouvriers du Transport (ITF) monte au créneau et saisit les autorités marocaines. 

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Tous les marins des navires de la Comarit qui étaient encore bloqués dans le port espagnol d'Algésiras ont la possibilité de quitter leurs navires pour rentrer chez eux, sauf ceux de l’Ibn Batouta. Le commandant de ce ferry refuse d’octroyer les bons de débarquement aux marins. «Il dit qu’il n’a pas reçu d’ordre de la part de la compagnie», explique M. Arrachedi, chargé du dossier Comarit à l'ITF, fédération internationals des ouvriers du Transport. M. Arrachedi affirme qu'il a interpellé la marine marchande hier, mais n’a eu aucune réponse.

Parmi les autres marins de la compagnie stationnés depuis plus de 6 mois à Algésiras, certains ont quitté leur poste sans même attendre les bons de débarquement, exaspérés. D’autres ont été plus patients et ont commencé à retourner au Maroc, il y a quelques jours seulement, avec l’assistance de Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF). «7 à 8 personnes sont partis avant-hier, indique Mohamed Arrachedi. Hier, un petit groupe est retourné au Maroc avec le bon de débarquement.» ITF leur a offert un peu d'argent pour leur permettre de rentrer chez eux. Certains habitent à Laâyoune, Khouribga ou encore Oujda.

Le représentant associatif ne cherche pas à savoir pourquoi ce commandant ne libère pas ses coéquipiers, alors que ses collègues du Banasa, du Boughaz et de l’Al Mansour l’ont fait sans problème. Il estime simplement «que ce n’est pas difficile d’envoyer un fax ou un email pour accorder les bons de débarquement, soit via le consulat, soit via la Comarit Espagne qui est ouverte actuellement donc qui fonctionne normalement», précise M. Arrachedi.

À une semaine du Ramadan

Il n’est plus à rappeler les conditions dans lesquelles vivent les marins à bord des navires de la Comarit. Actuellement, ils sont sans provisions alimentaires, sans eau potable, n'ont pas d'eau pour se doucher. Pire, ils ont obligés de brûler les poubelles accumulées à bord pour maintenir la propreté de l'endroit. Sans un sous en poche «à une semaine du ramadan, ces gens sont vraiment désespérés», se lamente M. Arrachedi.

Pas de salaires depuis 8 mois, pas de cotisations sociales depuis 30 mois. «Tout le monde sait ce qui passe, mais pourquoi personne ne se lève pour dire : ‘ça suffit !’. C’est grave, c’est très grave !», s’alarme le représentant associatif. «J’insiste, l’affaire est claire. Tout le monde sait ce qui se passe, les marins n'ont rien depuis et vivent dans des conditions inhumaines et ça, ce n’est même pas nous qui le disons, même la plus haute autorité maritime d’Algesiras l’a dit dans son rapport, martèle-t-il. La presse en a parlé. Tout le monde sait ce qui se passe. A-t-on besoin d’appeler le ministre en personne pour lui demander de réagir ?», s’interroge Mohamed Arrachedi.

Du côté du ministère des Transports, justement, l’heure est à d’autres occupations. Le PJD est actuellement en congrès, donc nous ne pourrons joindre Aziz Rebbah seulement la semaine prochaine, nous a cordialement assuré son conseiller en communication, Mustapha Baba. Les marins attendront donc la fin du congrès du PJD.

Depuis le début de la crise de la Comarit, M. Rebbah ne s'est jamais exprimé officiellement sur le cas d’Algesiras. Dernièrement, il menaçait de mettre une croix sur la Comarit, si celle-ci ne réagissait pas urgemment, en proposant définitivement les lignes maritimes marocaines à d’autres compagnies. Depuis, Abdelali Abdelmoula, PDG de la Comarit, n'a proposé aucune solution tenable or le ministre n'a rien fait.

Depuis l'opération du ministre lors du retour des marins de Sète, à qui il avait offert 2000 DH chacun, aucune autre action n'a été posée en faveur marins. Le gouvernement se serait-il détourné des marins bloqués en Espagne, sachant qu’il y en a dans le port d’Almeria qu'ils projettent d’entamer une grève de la faim ?

Info de dernière minute…

Finalement, le problème s’est résolu au port d’Algésiras. Les marins de l’Ibn Batouta ont reçu leurs bons de débarquement cet après-midi, nous apprend Mohamed Arrachedi, chargé du dossier Comarit à ITF. Les départs sont organisés en deux groupes. Le premier rejoint Tanger ce soir et le deuxième groupe attendra mardi prochain 17 juillet, puisque lundi est un jour férié à Algeciras, fait savoir le représentant associatif. Cinq autres personnes devront rester à bord des bateaux, mais seront certainement rapatriés avant le début du ramadan.

« Pour nous c’est une bonne nouvelle que nous avons déjà notifiée aux marins. Ces derniers, de manière solidaire et responsable, se sont accordés sur les 10 qui devraient partir en premier ce soir et ceux qui resteront jusqu'à mardi », confie Mohamed Arrachedi.

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