De l’intonation de sa voix à sa gestuelle, de son langage à l’expression du visage ou à ses arguments … tout trahit des lacunes dans la stratégie de communication très approximative sans maitrise du message et sans «éléments forts de langage». La communication, une des six priorités du programme, est la grande faiblesse du ministre et du ministère. Du contenu, à la cible et aux canaux, les inadaptations sont alarmantes. Les MRE ont besoins d’informations spécifiques répondant à leurs préoccupations urgentes disponibles dans des organes dédiés accessibles à travers le monde. Or la communication du ministère se limite généralement à l’accompagnement de ses propres activités à travers les médias nationaux non dédiés.
Pour communiquer, il faut construire un message adapté au plan d’actions. Or, les plus avertis expliqueront la modeste prestation cathodique du ministre délégué par les incohérences de son programme qui reprend presque intégralement le contenu de son prédécesseur. Maâzouz semble totalement sur la trace de Ameur : les même priorités, la même démarche, les même rencontres et déplacements avec une préférence pour l’Italie.
Après le temps de la prospection et de l’écoute, voici venu le temps de de la mise en œuvre d’une stratégie adéquate. En l’absence de relais propre au ministère dans les pays de vie des MdM pour assurer le suivi des actions, les consulats reproduisent souvent les mêmes dysfonctionnements : proposition d’associations proches pour les subventions, les repas ramadan pour les précaires qui se transforment en repas d’amis, des aides pour l’Aïd Al Adha accordées en espèces à des non nécessiteux. Sans oublier l’intervention du consulat pour l’obtention des bourses, pour bénéficier des universités d’été ou de l’aide juridique.
Maâzouz, Ameur, même programme
En plus des insuffisances dans la stratégie de communication et de l’absence de relais qualifiés, le programme lui-même montre des failles entre l’évaluation des problématiques et l’élaboration des solutions et surtout le mode opératoire. La mobilisation des compétences se limite à des colloques coûteux sans démarche objective. Le programme de renforcement des capacités des associations annoncé par le ministre en France et en Italie, encore plus coûteux, a été confié à des structures qui n’ont semble-t-il pas les qualifications requises. Le programme MdM Invest qui accompagne les investisseurs MRE est une autre approximation.
Une nouvelle stratégie est plus que nécessaire. Elle devrait reposer sur des priorités plus pertinentes insistant sur la transversalité des questions relatives aux Marocains du monde. La création de relais représentant le ministère en partenariat avec les consulats et l’encouragement des outils de communication communautaires peuvent s’avérer déterminant pour répondre aux attentes des MRE et la volonté de Sa Majesté le Roi d'engager «une réflexion renouvelée et rationnelle et une révision profonde de la politique d'immigration, à travers l'adoption d'une stratégie globale, mettant fin au chevauchement des rôles et à la multiplicité des intervenants».