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Grand Angle  

Covid-19 au Maroc : Risque élevé de burnout parmi les professionnels de la Santé

Dans une étude menée dans l'hôpital provincial de Settat, des chercheurs marocains se sont penchés sur le syndrome d’épuisement professionnel chez les professionnels de santé durant la deuxième vague de la pandémie du nouveau coronavirus. Avec une prévalence qui s’élève à 83,4%, ils appellent à «investir pour protéger la santé physique et mentale des travailleurs de la santé».

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Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 3'

Depuis mars 2020, médecins, infirmiers et personnel de la Santé sont en premières lignes de la lutte pour enrayer la propagation de la pandémie du Covid-19. Dans cette bataille, nombre d’entre eux ont été appelés à enchaîner les gardes, loger dans les hôpitaux ou encore renoncer à leurs congés annuels. Les vagues successives de flambée épidémique (notament les étés 2020 et 2021) ont provoqué, chez certains professionnels, des syndromes d’épuisement professionnels ou de burnout.

Pour étudier les différentes dimensions du burnout et ses relations avec les facteurs sociodémographiques, les systèmes de travail et l'activité physique chez le personnel soignant, cinq chercheurs marocains des universités Hassan 1er de Settat et Mohammed V de Rabat et de l’Institut supérieur des professions infirmières et des techniques de santé (ISPITS) de Beni Mellal se sont intéressés à cette problématique. Ils ont ainsi mené, en février dernier, une étude à l'hôpital provincial de Settat auprès des infirmières, des médecins et des techniciens de santé.

Une prévalence du syndrome d'épuisement professionnel de 83,4%

Un questionnaire a été élaboré avec des questions demandant des informations personnelles (par exemple, l'âge, le sexe, l'état matrimonial) et liées au travail (le statut professionnel, le système de travail, les années de service, le poste de travail actuel), le tout basé sur deux questionnaires d’évaluation ; le Maslach Burnout Inventory et l'échelle de Ricci-Gagnon. L'étude a été approuvée par la délégation provinciale du ministère de la Santé et le comité local d'éthique de la recherche compétent.

Sur le total des participants, 101 (70%) sont des femmes, 92 (63,5%) sont âgés de 21 à 40 ans et la plupart (71%) sont mariés. Une grande proportion des participants sont des infirmières (79%) et 54% d'entre elles suivent un système de travail de garde, détaille l’étude. Ses rédacteurs précisent qu’en termes de postes de travail, 23,5% des participants travaillent dans un centre de santé, 16,5% dans une maternité et 13,8% dans un bloc opératoire. Quant à l'expérience professionnelle, 59,3% des professionnels en soins travaillent depuis plus de 10 ans à l'hôpital provincial de Settat.

Les résultats de l’étude ont montré qu’en termes d'épuisement total, 31,7% des participants (soit 46 personnes) présentaient un épuisement faible, 40,7% (59 personnes) un épuisement modéré et 11% (soit 16 participants) un burnout sévère. En revanche, aucun épuisement n'a été signalé chez 16,6 % des participants (24 personnes). De ce fait, les chercheurs ont conclu que la prévalence du syndrome d'épuisement professionnel dans l’échantillon s'élève à 83,4%.

Dans le détail, l'étude a montré qu'en termes d'épuisement émotionnel, un niveau élevé d'épuisement a été constaté chez 94 participants (64,8 %), un niveau modéré chez 21 (14,5 %) et un faible niveau pour 30 participants à cette étude (20,7 %). 

Quant à la dépersonnalisation, 70 des participants (48,3 %) présentaient un niveau élevé, 41 (28,3 %) un niveau modéré et seulement 34 (23,4 %) un niveau faible. Pour ce qui est de l'accomplissement personnel, 47 des participants ont montré un niveau faible (32,4 %), 43 (24,8 %) un niveau modéré et 55 (37,9 %) un niveau élevé.

Investir pour protéger la santé physique et mentale des travailleurs de la santé

Les chercheurs soulignent que «la plupart des participants présentant un épuisement émotionnel élevé étaient des infirmières (51,7 %), femmes (47,6 %), âgées de 31 à 40 ans (28,3%), mariées (47,6%), travaillant en système de garde (33,8%), avec une expérience professionnelle comprise entre 1 et 15 ans (43,5%), et classée comme actives à très actives (50,4%)».

«En termes de domaines d'épuisement professionnel, des proportions considérables de participants présentaient des symptômes d'épuisement émotionnel élevé (64,8 %), de dépersonnalisation élevée (48,4 %) et de faible accomplissement personnel (38 %).»

Extrait de l’étude

Pour les cinq chercheurs, «la pandémie de Covid-19 a entraîné une proportion plus élevée de travailleurs de la santé en épuisement professionnel que ce qui avait été signalé auparavant». Par conséquent, «il est important d'investir le plus possible dans la protection de la santé physique et mentale des travailleurs de la santé en mettant en place des ressources de soutien psychologique pour renforcer leur résilience et leur capacité à travailler dans des conditions pandémiques comme dans le cas de la COVID-19».

Les chercheurs recommandent aussi «la réduction de la charge de travail du personnel soignant en ajustant leurs quarts de travail et en créant des environnements de travail sains», ce qui peut également prévenir ou réduire l'épuisement professionnel.

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