Les TIC. Ou Technologies de l’Information et de la Communication pour les non-initiés. Le Maroc les veut au cœur de son développement économique et social de demain. Et il s’en donne les moyens. Pour preuve, les nombreux programmes nationaux dans lequel le pays est engagé depuis plusieurs années déjà : plan Maroc Numeric 2013, programme e-gov, fonds d’investissement pour l’encouragement de projets technologiques… En bref, dans un Maroc qui se veut à l’heure du numérique, les projets innovants fleurissent à tout bout de champ.
Seulement voilà : développer l’infrastructure technologique, ou élargir le support web existant, a un préalable, une condition sine qua non : la formation. En effet, comment assurer, par exemple, le développement et le suivi de services e-gov sans développeur informatique compétent ? Ou encore, comment garantir le bon fonctionnement de progiciels de gestion en entreprises sans ingénieur formé à leur usage ? En somme, le développement des TIC doit aller de pair avec le développement à la formation aux TIC. Cependant, le royaume accuse un certain retard.
«Sur le plan quantitatif, le Maroc est encore à la traîne»
En témoigne le «Programme 10 000 ingénieurs» impulsé fin 2010 par l’ex-premier ministre, Driss Jettou. Après un an d’échéance, les résultats du programme, qui sont bel et bien positifs, demeurent de l’avis de plusieurs dirigeants, nettement en deçà des besoins réels du marché des TIC, un marché très porteur d’emplois. «Sur le plan quantitatif, il est clair que le Maroc est encore à la traîne par rapport à d’autres pays méditerranéens voisins, même si ce déficit s’est quelque peu résorbé» indique M. Driss Bouami, directeur de l’Ecole Mohammedia des ingénieurs (EMI). Pour répondre à la demande, et au «besoin imminent de compétences», M. Bouami suggère «d’ouvrir davantage d’écoles». Malgré la crise, il n’est donc aucunement question, ni pour lui, ni pour le directeur général du groupe M2M, Mounir Essaygh, de remettre en question le bien-fondé du programme de 10 000 ingénieurs lancé il y a près de 20 mois : «au contraire, le pays a intérêt à capitaliser sur ce choix stratégique pour investir davantage dans la formation des ressources humaines et des jeunes dans le domaine des TIC» insiste le DG de M2M.
«Le quantitatif» ne doit pas se faire au détriment du «qualitatif»
D’ailleurs, le Maroc ambitionnerait d’ores et déjà «de former 15 000 ingénieurs par an» précise M. Bouami. Cela dit, comme il le rappelle, l’aspect quantitatif ne doit pas faire «occulter la qualité des compétences». En d’autres termes, former plus d’ingénieurs ne doit pas venir brimer la qualité de la formation, par la surcharge des capacités d’accueil des écoles par exemple. De l’avis du directeur de l’EMI, «il faut donc veiller à la bonne exécution de ce programme ambitieux et (…) former de collaborateurs alliant l’esprit scientifique d’un ingénieur avec l’ouverture sur le monde économique offerte par un diplôme financier». Une ambivalence qu’il juge incontournable pour que le Maroc réussisse, à terme, son pari d’intégrer le marché des TIC au niveau mondial. Et il n’est pas le seul à souligner l’importance des enjeux liés à la formation. M. Essaygh l’estime pour sa part «cruciale pour consolider la compétitivité du Maroc en tant que zone de plus en plus attractive dans le domaine de la sous-traitance et du développement informatique».
En somme, la formation est la clé de voûte sur laquelle repose l’ensemble de la stratégie TIC menée par le pays depuis quelques années. Sans une formation adéquate, le Maroc ne peut se mettre à la page du numérique car cette page nécessite une mise-à-niveau et une réactualisation de ses compétences. Mais Le pays le sait et il se donne d’ores et déjà les moyens à la hauteur de ses ambitions.