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Grand Angle

Maroc : Les associations plaident pour avoir leur propre radio

Le Maroc s'est beaucoup développé ces dix dernières années. Si on évoque souvent les avancées économiques du pays, deux points sont souvent négligés : le formidable essor de la société civile, ainsi que la percée des médias, plus particulièrement les radios privées.

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Cependant, une sorte de no man's land ou de frontière hermétique demeure entre les associations au Maroc et l'activité radiophonique. Plus précisément, aucun cadre légal ne permet aujourd'hui à une association ou un groupement d'associations de constituer sa propre radio et de disposer d'une fréquence.

La radio associative n'est pas un concept nouveau puisque les premières sont nées en Amérique latine, dans les années 60. Aujourd'hui d'autres pays plus proches de nous se sont essayés à ce média comme le Mali ou le Sénégal. Le Maroc qui est souvent en avance sur les pays voisins, occupe sur ce plan un retard préjudiciable. Une cinquantaine de pays ont mis en place un cadre législatif autorisant les radios associatives.

Plus d'un an de sensibilisation et concertation

C'est cette lacune que l'association e-joussour et le Forum des Alternatives Maroc (FMAS), appuyés par plusieurs associations, ont tenté de combler. Ainsi, depuis Mars 2011, plusieurs rencontres ont été organisées avec des centaines d'associations à Nador, Rabat, El Jadida, Laâyoune, Marrakech, et Zagora. L'objectif était à la fois de sensibiliser les associations à travers le royaume, identifier leurs besoins, et recueillir leur adhésion pour un plaidoyer afin de sensibiliser les autorités.

Après plus d'un an de concertation avec la société civile, la campagne du plaidoyer pour une reconnaissance juridique des radios associatives est enfin lancée avec un mémorandum, une charte d'éthique et de déontologie, et enfin un projet de loi. La balle est donc aujourd'hui dans le camp des institutions : gouvernement, HACA, députés...

Pourquoi une radio associative ?

L'enjeu n'est pas anodin puisque ce projet permettra de décupler la force de frappe des associations au Maroc. Ainsi, les coopératives agricoles pourront faire de la sensibilisation au niveau de leur région en touchant directement les agriculteurs, même analphabètes. Les associations féminines pourront diffuser plus facilement des conseils et recommandations liés à la santé, au droit, ou à l'auto-emploi. On peut également ajouter les associations culturelles et régionales qui pourront promouvoir la culture, le dialecte et les spécificités locales. La radio est donc le média de proximité par excellence.

En attendant que le législateur prenne le dossier en main, l'association e-joussour a annoncé un premier projet de web radio ouverte aux associations. La web radio e-joussour devrait être lancée dans les prochaines semaines. Ce premier projet à l'avantage d'être peu coûteux, facile à mettre en place et n'ayant aucune contrainte administrative.

Néanmoins, cette phase transitoire ne serait remplacer l'objectif ultime : l'émergence de véritables radios associatives hertziennes, seul médium à pouvoir toucher les populations sans distinction. Car l'enjeu pour les associations au Maroc est aussi de toucher ces populations souvent enclavées géographiquement ou exclues économiquement et socialement.

Les autorités marocaines sauront-elles profiter de cette initiative de la société civile pour offrir à ces associations qui sont dans l'action, un nouveau levier de communication ?

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