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Grand Angle

La flambée du prix du blé dur à l'international fait augmenter celui du pain au Maroc

Une hausse du prix du blé dur à l’international, faisant augmenter son prix jusqu’à 3 dirhams le kilo, a été vite répercutée sur les prix du pain au Maroc, qui atteint désormais 2 dirhams. Si les boulangeries brandissent l’exposition du secteur à l’évolution des cours mondiaux, les associations de protection du consommateur pointent l’absence des outils de contrôle sur le terrain.

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Photo d'illustration. / DR
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L’exposition de plusieurs secteurs à l’évolution des cours mondiaux, en hausse actuellement, a provoqué au Maroc une hausse des prix de certaines denrées alimentaires et des matières premières. Depuis fin août et début du mois de septembre, le consommateur marocain a été ainsi surpris de constater des augmentations allant de quelques centimes à quelques dirhams le kilo.

A la tête des denrées les plus consommés par les Marocains, le pain à base de blé dur a vu son prix augmenter de 1,5 à 2 dirhams. «Les augmentations ont été ressenties depuis le début du mois de septembre, pendant même la campagne électorale. Des acteurs en ont profité pour glisser de nouveaux prix», regrette ce jeudi auprès de Yabiladi, Ouadie Madih.

Une hausse qui varie entre 1 et 3 dirhams le kilo pour le blé dur

Président de l'association de protection du consommateur Uniconso, et secrétaire général de la Fédération nationale des associations des consommateurs au Maroc (FNAC), il affirme que celle-ci «suivi ces augmentations à travers les réseaux sociaux mais aussi des rapports reçus par nos guichets consommateurs dans 16 villes du Royaume». «Effectivement, nous avons constaté que les prix de plusieurs produits ont augmenté, surtout les légumineuses, l’huile, la farine et dérivées comme les pattes, le riz… Les augmentations varient entre 1 et 3 dirhams le kilo pour le blé dur», ajoute-t-il.

Mais pour Houcine Azaz, président de la Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie du Maroc (FNBPM), les boulangers ne sont pas à blâmer. «Le marché mondial de la Bourse de Chicago a connu une augmentation d'environ trois dirhams par kilogramme pour la farine issue du blé dur et ce prix est bien entendu soumis à la logique du marché, c'est-à-dire à l'offre et à la demande», explique-t-il. Rappelant que le Maroc importe «la plupart de ses besoins du Canada ou de l'Union européenne», il regrette que «le premier pays a été touché par la sécheresse, tandis que les conditions météorologiques ont affecté la récolte dans l'Union européenne».

«Le blé tendre n'a connu aucune augmentation, car il y a un accord avec l’Etat, qui subventionne en cas d'augmentation du prix à l’échelle mondiale. Celui produit à partir du blé dur a connu une hausse en raison de son coût élevé. Toutefois, cette hausse ne durera pas. Au bout de quelques mois, les prix reviendront à ce qu'ils étaient avant.»

Houcine Azaz

Des prix qui augmentent en l’absence d’un contrôle sur le terrain

Mais du côté des militants pour les droits des consommateurs, les boulangeries n’ont pas seulement répercuté la hausse des prix à l’international. «Certaines boulangeries ont aussi profité pour augmenter leurs marges bénéficiaires», regrette Ouadie Madih. «Si l’augmentation est de 3 dirhams le kilo, le boulanger a augmenté le prix de 5 dirhams si nous considérons qu’il y a 100 grammes de blé dur dans chaque pain rond. Or, nous savons qu’il n’y a pas que du blé dur dans ce pain et que cette matière est mélangée du blé tendre, produit qui est subventionné», nous explique-t-il. Pour le militant, «la réglementation impose un certain nombre de points qui ne sont pas respectés sur le terrain et c’est toujours le consommateur qui paye le prix».

Le secrétaire général de la FNAC ne manque pas de pointer du doigt une hausse qui intervient dans un contexte pandémique sensible. «La situation du consommateur n’est donc pas favorable à cette augmentation», argue-t-il. «Légalement, nous ne pouvons rien faire. Mais ce qui fait mal, c’est que nous nous ne ressentons pas la réglementation de la liberté de la concurrence sur le terrain», enchaîne-t-il.

«Pour être dans un marché libéral, libre et qui obéit à l’offre et à la demande, on doit avoir des outils de contrôle, énoncés par la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. Or, nous constatons des ententes entre opérateurs, l’absence de l’affichage des prix,... Le gendarme du marché (le conseil de la concurrence, ndlr) doit faire son travail.»

Ouadie Madih

Pour l’associatif, qui dit espérer que «le gouvernement puisse remédier aux manquements», les autorités doivent être «conscientes du fait que le consommateur lui-même est un acteur incontournable dans l’économie». «Sur les programmes électoraux des partis politiques, aucun ne mentionne le consommateur ou ses droits malheureusement», constate-t-il.

«Si nous allons continuer d’augmenter les prix suivant le cours du marché international, le consommateur ne va jamais suivre et cela impactera plus tard le professionnel également», met-il en garde.

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