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Grand Angle

Martil : Un document délivré en période électorale révèle le blanchiment d’argent d’un baron de drogue

Soupçonnés de couvrir des faits de blanchiment d’argent, des fonctionnaires ont été suspendus par la préfecture de M’diq-Fnideq, après qu’un permis d’habiter a été accordé pour le lotissement tenu par un baron de drogue, actif entre le Maroc et l’Europe. La responsabilité de l’ancien président de la commune de Martil a été évoquée.

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Ville de Martil / DR.
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Le gouverneur de la préfecture de M’diq-Fnideq a procédé récemment à la suspension de plusieurs fonctionnaires, pour leur implication présumée dans l’octroi d’autorisations à un baron de drogue, qui investit dans l’immobilier à des fins de blanchiment d’argent. Les faits ont été révélés à la suite de l’octroi d’un permis d’habiter, à Martil et en période de campagne électorale, ce que la loi et les circulaires interdisent. Après l’intervention du gouverneur, les mis en cause ont fait l’objet d’une enquête administrative, a indiqué à Yabiladi l’Observatoire du nord pour les droits de l’Homme (ONDH). Le ministère public a été appelé à se saisir également de l’affaire, considérant que ces actes «tombent sous le coup de la loi», selon l’ONG qui a réagi dimanche.

Chargé de la communication à l’ONDH, Mohamed Benaïssa a indiqué à Yabiladi qu’il s’agissait d’un lotissement immobilier dont «la construction s’est accompagnée de plusieurs infractions à la loi, à commencer par son édification sur le domaine public, entre autres». Il y a un an, les irrégularités relevées jusque-là ont poussé les autorités de la préfecture à mettre les constructions sous scellée, par décision du gouverneur. Mais durant la campagne électorale pour le scrutin du 8 septembre dernier, «une commission constituée de représentants de la commune, de l’agence urbaine, ainsi que des autorités locales a octroyé le permis d’habiter au promoteur, sans en informer le gouverneur» et malgré les précédentes procédures, souligne l’ancien président de l’ONDH.

«Lorsque le dossier a été mis au jour, une suspension administrative a concerné un chef de service, un architecte et un technicien relevant de la préfecture, deux techniciens de la commune et des représentants au sein de l’Agence urbaine, en plus de la responsabilité de l’ancien président de la commune de Martil qui n’a pas remporté les dernières élections, et dont c’est le vice-président qui a été élu.»

Mohamed Benaïssa - ONDH

Des blanchiments qui «mettent à mal les projets d’investissement» à Martil

Contacté par téléphone par Yabiladi, l’ancien président de la commune de Martil pour le Parti du progrès et du socialisme (PPS), Hicham Bouanane, n’a pas répondu à nos sollicitations. Vu l’ampleur des soupçons, l’ONDH espère pour sa part non seulement des suites administratives, mais aussi une information judiciaire. Une plainte aurait d’ores et déjà été déposée par le gouverneur auprès du Parquet, considérant que le document a été accordé à son insu.

Selon l’association, le baron de drogue et propriétaire du lotissement est connu dans la région du Nord. Il investit également dans l’hôtellerie, «sur des terres du domaine de l’Etat, comme dénoncé par l’ONDH et par plusieurs organisations, depuis 2008 et 2009». Parallèlement, l’activité de trafic de drogue s’effectuerait entre le Maroc, l’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas. «Pour induire en erreur les autorités compétentes au niveau du lotissement en question, des ventes et des rachats par des sociétés écrans ont été effectués afin de dissimuler la provenance des investissements», a souligné à Yabiladi l’ONG, qui a été interpelée par cette affaire «à la suite de révélations de documents qu’[elle] a regroupés».

Le réseau de blanchiment d’argent aurait agi au niveau d’autres lotissements et projets immobiliers, créant une dynamique de «corruption administrative et institutionnelle au niveau local», en infraction avec «plusieurs dispositions de la loi» selon l’association. A ce propos, Benaïssa a déploré une «concurrence déloyale à l’égard des autres investisseurs, mais aussi des porteurs de projets pour le développement de la ville», à travers laquelle «on a imposé des prix de vente aux citoyens, sans critères légaux».

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