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Grand Angle

Une étude marocaine sur les manifestations gastro-intestinales d'une infection au Covid-19

Les symptômes digestifs, qui peuvent survenir après l’application du protocole sanitaire, peuvent se révéler les premiers signes d’une infection au Covid-19, selon une étude menée par des chercheurs marocains de l’Hôpital militaire Mohammed V de Rabat.

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Photo d'illustration. / Hicham Ferchi - MAP
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A l’heure où le rythme des contaminations au Covid-19 s'accélère dans le monde, sur fonds des nouveaux variants du Sars-CoV-2, la détection rapide de l’infection reste primordiale. Alors que plusieurs centres hospitaliers et laboratoires font appel à la Polymerase Chain Reaction (réaction de polymérisation en chaîne, PCR), d’autres symptômes peuvent être révélateurs d’une possible infection au Sars-CoV-2.

Dans ce sens, 11 chercheurs marocains des service de gastro-entérologie et d’otorhinolaryngologie de l’Hôpital militaire Mohammed V de Rabat se sont ainsi intéressés aux principales manifestations gastro-intestinales qui se produisent comme symptômes initiaux du Covid-19. Ils ont tenté de répondre à la question de savoir quand suggérer un diagnostic chez les patients à risque, qui peuvent avoir été exposés au Sars-CoV-2 et présentent des symptômes digestifs, même en l'absence de symptomatologie respiratoire.

L’étude, décrite par ses auteurs comme «prospective descriptive, transversale et monocentrique» a été menée à l'hôpital de campagne de Sidi Yahya El Gharb dans la province de Sidi Slimane (Rabat-Salé-Kénitra), sur une période de 5 semaines du 21 juin au 25 juillet 2020. Elle a concerné 713 cas Covid+ confirmés par des tests PCR et principalement issus du cluster Covid-19 détecté parmi des saisonnières travaillant dans des usines de conditionnement de fraises dans la région de Lalla Mimouna.

Selon les résultats de cette étude, «les symptômes digestifs semblaient être liés à une durée plus longue de la maladie». Dans ce sens, 82,2% des patients sans symptômes digestifs se sont rétablis au dixième jour de traitement, alors que seulement 37,7% des patients présentant des symptômes digestifs ont guéri au dixième jour de traitement. De même, mais dans une moindre mesure, la présence d'effets indésirables thérapeutiques semble «prolonger la durée de la maladie. L'étude ajoute qu'à l'admission, l'anorexie était le symptôme principal, présent chez 32,3% des patients. Des manifestations gastro-intestinales étaient présentes chez 14,9 % des patients, dont une diarrhée aqueuse dans 8,6% des cas, des nausées et/ou des vomissements dans 4,6% des cas, et des douleurs abdominales dans 1,6 % des cas.

Des symptômes digestifs qui peuvent précéder ceux respiratoires

Dans ce sens, les chercheurs concluent que «le Covid-19 pourrait être responsable d'une symptomatologie digestive polymorphe, pouvant précéder l'apparition de symptômes respiratoires». Ils expliquent cela par le fait que «le mécanisme d'action du virus est similaire à celui du SRAS-CoV», étant donné que les deux virus utilisent le même récepteur cellulaire (ACE2) présent sur les cellules épithéliales gastro-intestinales.

«Parfois, divers symptômes gastro-intestinaux, notamment des douleurs épigastriques, de la constipation, de la diarrhée, des nausées, des vomissements, des douleurs musculaires et du méléna (émission par l'anus de sang digéré noir et fétide, ndlr), qui sont résistants au traitement, peuvent être les seuls symptômes chez les patients suspectés d'avoir le Covid-19. Le diagnostic rapide et l'isolement de ces patients peuvent garantir à la population d'éviter la propagation de cette infection hautement contagieuse», indique l’étude.

Celle-ci émet ainsi plusieurs recommandations concernant l'organisation et la pratique des actes dans les services d'endoscopie pour éviter toute transmission. Elle propose ainsi, avant la procédure de détection du virus, à ce que «l'indication clinique de l'endoscopie soit réévaluée» et que «seuls les cas urgents et en danger doivent bénéficier de l'endoscopie».

Tout en suggérant d’investiguer systématiquement les manifestations gastro-intestinales, qui peuvent être les premiers symptômes d’une infection au Sars-CoV-2, les chercheurs rappellent aussi que le virus «peut persister plus longtemps dans le tube digestif que dans le système respiratoire avec une possibilité de transmission fécale-orale». Cela appelle donc à «l'extrême importance de l'hygiène, en particulier du lavage des mains». «Des précautions strictes doivent être observées lors de la réalisation d'une endoscopie gastro-intestinale et de la manipulation des selles de patients infectés par le virus Covid-19», concluent-ils.

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