Covid-19 : Dépassé, l’hôpital d’Essaouira appelle à une mobilisation humanitaire

Face à la recrudescence des cas d’infections au nouveau coronavirus, en particulier ceux nécessitant des soins en réanimation, l’hôpital provincial d’Essaouira s’est confronté à une pénurie de personnel qualifié. Cette situation de saturation a poussé la délégation de la Santé dans la province à lancer un appel au bénévolat à l’ensemble des professionnels du secteur qui peuvent aider dans la prise en charge des patients.

Dans son annonce, la délégation provinciale a adressé cet appel à la mobilisation à «l’ensemble du personnel de santé dans la province, aux professionnels de santé à la retraite, aux lauréats des instituts d’infirmerie et à toute personne capable de rendre un service humanitaire au pays, en ces temps difficiles, afin de soutenir les unités de confinement à l’hôpital, de prendre soin des patients et d’atténuer la pression sur les collègues et l’ensemble des travailleurs dans l’établissement». Celles et ceux qui souhaitent adhérer à cette action en se portant volontaires sont appelés à présenter une demande au département ministériel dans la province, afin d’assurer la coordination avec la direction de l’hôpital.

Ces dernières 24 heures, la région de Marrakech-Safi a enregistré 894 nouveaux cas de Covid-19, dont 11 à Essaouira, en plus de 10 morts. Ce chiffre s’ajoute au bilan de la veille, lorsque la région a enregistré 950 infections, dont 79 à Essaouira, en plus de 8 décès. Pour la première fois, Essaouira a identifié 159 cas sur 1 297 au niveau régional, le 31 juillet. Alors que le pays a enregistré 9 128 nouveaux cas, le 30 juillet, notamment avec la propagation du variant Delta, Marrakech-Safi en a identifié 1 638, dont 45 à Essaouira.

Près de 20% du personnel soignant touché par la Covid-19

Dans une zone qui n’a pas connu jusque-là une telle flambée en nombre de patients Covid+, la saturation de l’infrastructure sanitaire mise en place pour la prise en charge des patients a été rapide. Délégué provincial du ministère de la Santé à Essaouira, Zakaria Aït Lahcen indique à Yabiladi qu’«à l’image des hôpitaux qui accueillent des patients covid+ dans tous le Maroc, l’hôpital provincial de la ville prend en charge de plus en plus de personnes infectées, de cas ayant développé des formes graves».

C’est dans ce contexte que l’appel a été lancé au personnel médical et aux lauréats des écoles d’infirmerie de la province d’Essaouira, «afin de renforcer la mobilisation pour améliorer la qualité de soins au sein de l’unité Covid de l’hôpital, pendant qu’une partie de ses équipes est elle-même prise en charge», nous explique le délégué. Cette action revêt une grande importance, puisque l’hôpital compte un seul réanimateur qui travaille à plein temps et qu’«un nombre conséquent d’infirmiers et d’aides-soignants sont engagés dans la campagne nationale de vaccination».

De plus, «la période estivale connaît, dans la région, une recrudescence des morsures de scorpions qui doivent être prise en charge par les hôpitaux, dont celui d’Essaouira, parallèlement aux autres services assurés habituellement par la structure, comme les naissances et les opérations chirurgicales urgentes».

Un appel à augmenter le budget de la santé publique

Depuis le lancement de cet appel, Zakaria Aït Lahcen a indiqué à Yabiladi qu’«une coordination a été assurée avec les directeurs des établissements de formation des infirmiers, pour mobiliser une partie des étudiants et renforcer, grâce à cela, les ressources humaines en cette période difficile».

Cadre du ministère de la Santé dans la province, aujourd’hui à la retraite, Mustapha Kheroumîi souligne pour sa part que «l’ensemble des départements concernés fournissent les efforts nécessaires pour endiguer la pandémie, mais qu’il est important que les ressources humaines au niveau de la santé soient garanties». Egalement cadre syndical à l’Union marocaine du travail (UMT) dans le secteur de la santé, il a insisté par ailleurs sur la vigilance et la mobilisation citoyenne en se tenant au respect des mesures préventives, «afin de freiner la propagation du virus communautaire à travers le variant Delta et ne pas pousser le système de la santé publique à la saturation».

Par la même occasion, Mustapha Kheroumîi a lancé un appel au ministère de tutelle pour «un plaidoyer au sein du gouvernement, de manière à augmenter le budget de la Santé, d’autant que les recommandations de l’OMS indiquent que ce dernier doit constituer 12% du budget de l’Etat pour assurer la pérennité des services, alors qu’il est de 6,6% aujourd’hui au Maroc». «Ce plaidoyer sera un moment historique, en harmonie avec le dernier discours royal», a-t-il souligné.