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Grand Angle  

Diaspo #200 : Hassan Moudden, sur les chemins de la musique entre Tétouan et Helsinki

Dès l’âge de six ans, Hassan Moudden s’est fait remarquer par son talent inné pour le chant. Sur son chemin vers la Finlande, il n’a perdu ni sa passion ni son ambition de briller sur la scène musicale, bien qu’il ne se soit révélé au large public qu’après s’être installé à l’étranger.

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Hassan Moudden
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Né à Tétouan en 1972, Hassan Moudden (alias San Moud) a été encouragé par ses parents pour exceller dans ses études surtout, afin de s’assurer un bel avenir. Mais sa passion innée pour le chant n’a cessé de le rattraper, tout au long de son parcours. En Finlande, il est désormais connu pour sa participation marquante à The Voice, au Championnat mondial de karaoké qu’il a remporté en 2010 en défendant les couleurs de son pays d’adoption, ou encore pour ses nombreuses reprises soul, RnB et blues, influencé par Stevie Wonder, Bob Marley et Jon Legend. Mais avant cela, le parcours de Hassan s’est tracé ailleurs.

Après son baccalauréat, Hassan rejoint l’Institut royal d’élevage à Kénitra, où il se spécialise dans la branche élevage équestre. Une fois diplômé, il s’installe à Rabat où il travaille pour la Société protectrice des animaux et de la nature (SPANA), une ONG marocaine de protection de l’environnement et de la biodiversité. Il multiplie les caquettes et les villes où le mènent les opportunités professionnelles, avant de revenir à Tétouan pour travailler au sein d’une clinique vétérinaire pendant deux ans.

L’Espagne, tremplin vers une révélation artistique en Finlande

C’est depuis sa ville natale que Hassan Moudden trouve une opportunité de migration vers l’Espagne, où il élit domicile pendant huit ans. Abstraction faite de sa formation et de son bagage professionnel spécialisé, l’artiste travaille dans tous les secteurs où il trouve un emploi. De la télécommunication au marketing, en passant par la restauration, le monde équestre et le bâtiment, il touche à tout mais ne se sent pas à sa place dans la ville de Málaga. Mais dans le royaume ibérique, sa vie de famille bascule, après avoir rencontré son épouse finlandaise. Lorsque cette dernière se réinstalle dans son pays d’origine, Hassan Moudden décide rapidement d’élire domicile à Helsinki, dans un environnement bien différent de celui où il a vécu jusque-là. «Sur le long terme, je n’avais pas l’intention de rester en Espagne. J’ai remarqué que nos cultures se ressemblaient remarquablement, mais les états d’esprit étaient très différents et un peu renfermés à l’égard des étrangers», se souvient-il.

«En Finlande, les choses sont différentes. C’est difficile de s’y acclimater, si l’on n’intègre pas l’importance d’opérer un grand changement dans son rythme de vie, en plus de la barrière linguistique. Il faut travailler dur aussi, pour se trouver une place dans le milieu musical professionnel. Mais j’aime les défis et en m’habituant au quotidien à cette nouvelle vie, j’ai trouvé des choses qui m’ont fait rester. Je ne regrette pas mon choix, bien au contraire.»

Dans le pays scandinave, San Moud retrouve un contact avec la nature qui lui est cher et au milieu duquel il trouve un apaisement personnel et spirituel. «Je suis venu à Helsinki, qui est une métropole, mais la conception urbaine totalement différente de ce que nous connaissons des grandes ville permet de rester en contact permanent avec la nature, ce qui offre un sentiment de paix intérieure, nous obligeant à nous recentrer sur nous-mêmes dans un bon sens, afin de voir les choses autrement», explique-t-il. Pour lui, «il est très important de respecter cette paix et cette nature qui lave nos intérieurs et nous permet de nous redécouvrir». «Au début de la vie ici, surtout si l’on vient d’un milieu différent, on peut tomber dans la déprime. Mais lorsqu’on retrouve cette reconnexion avec les éléments les plus essentiels de la vie, on comprend la raison pour laquelle la Finlande est l’un des pays les plus heureux du monde», souligne-t-il.

Arrivé en Finlande, la première des choses que Hassan Moudden a faite a été de signaler à l’administration d’accueil ses compétences professionnelles, mais aussi sa passion pour le chant artistique, ce qui a suscité un intérêt particulier. C’est ainsi qu’il est dirigé vers un centre culturel à Helsinki, où il chante sur scène, pour la première fois de sa vie. «Je chantais avec mon groupe d’amis, au Maroc, pendant les occasions familiales, mais je n’ai jamais été à la rencontre d’un large public», confit-il. Il est repéré et appelé à participer au Championnat mondial de karaoké, où il a représenté la Finlande. A Moscou, où l’évènement s’est tenu, San Moud participe aux côtés des candidats de 24 autres pays et remporte le titre.

Virage professionnel en phase avec sa passion 

Depuis, San Moud est invité aux programmes télévisés en Finlande, et chante avec son groupe des reprises. Il y a trois ans, sa participation à The Voice Finlande marque également les esprits, au point d’enregistrer trois millions de vues en compétition. Ce passage lui sert d’un nouveau tremplin vers l’autoproduction et il songe à des opportunités musicales au Maroc. «Je n’avais jamais chanté en arabe avant, mais j’ai souhaité faire une chanson pour me faire connaître auprès du public de mon pays d’origine», confit-il confié. «Pour des raisons émotionnelles», cette collaboration prend rapidement fin, malgré le tournage du clip d’une première chanson intitulée «La tensani» (Ne m’oublie pas).

Hassan Moudden est cependant resté suivi par ses amis au Maroc, dont il reçoit les encouragements. Au fil des années, sa famille a fini par accepter aussi son choix. Ce parcours lui rappelle une scène de l’enfance, où à l’âge de six ans, c’est son institutrice qui a découvert son talent artistique. «Elèves en première année du primaire, je me rappelle un jour que nous répétions une chanson en classe. L’institutrice a été interpellée par mon chant et m’a demandé de reprendre seul. Emerveillée, elle m’a conduite à la salle des professeurs et m’a redit de chanter pour eux. Ils ont été conquis à leur tour et elle a demandé que feue ma mère vienne immédiatement assister à la prestation. Sauf que ma maman n’avait pas reçu positivement les félicitations des instituteurs. Elle leur a dit de me laisser me concentrer sur mes études», se rappelle-t-il.

Plus de 30 ans après, Hassan Moudden a fini par réaliser son rêve. «Mes amis qui me connaissent depuis le temps m’ont dit : "enfin nous te voyons maintenant là où tu devais être", c’est-à-dire sur scène, derrière un micro», dit-il fièrement. A Helsinki, l’artiste a transmis cette passion à ses deux enfants. «Je me réjouis qu’ils aient le don divin de chanter. Je ne leur impose pas de vocation, mais s’ils souhaitent tracer leur chemin dans le milieu artistique, je les encouragerai et je serai à leurs côtés», nous dit-il.

A ce stade, Hassan Moudden indique avoir «beaucoup appris des compétitions» musicales. Il n’exclut pas de futures collaborations internationales ou marocaines, notamment «si les possibilités permettent une rencontre artistique avec RedOne, également natif de Tétouan et artiste remarqué en Scandinavie». «Je souhaite désormais me consacrer à la composition et à l’écriture pour mes propres titres», indique l’artiste, se disant confiant en ses choix pour l’avenir.

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