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Grand Angle

Plus de 50% des enfants au Maroc incapables de lire ou comprendre un texte en arabe [Rapport]

Si le taux de pauvreté d'apprentissage, correspondant au pourcentage d'enfants ne peuvent ni lire ni comprendre un texte simple à dix ans, est de 67% au Maroc, le rapport de la Banque mondiale déplore aussi un «faible niveau de possession d’ouvrages de littérature pour enfants dans les foyers».

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Photo d'illustration. / DR
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Au-delà des dysfonctionnements touchant le système éducatif du pays, un nombre conséquent d’élèves marocains âgés de dix ans ne peuvent ni lire ni comprendre un texte en arabe. C’est ce qui ressort d’un rapport de la Banque mondiale, intitulé «Faire progresser l'enseignement et l'apprentissage de la langue arabe, un chemin vers la réduction de la pauvreté d'apprentissage au Moyen-Orient et en Afrique du Nord» et publié cette semaine.

Les experts de l’institution financière se sont intéressés aux taux de pauvreté en matière d'apprentissage dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA). Ce concept correspond au pourcentage d'enfants ne sachant ni lire ni comprendre un texte simple à dix ans. Il en ressort que les taux de pauvreté en matière d'apprentissage sont inférieurs à ceux de la région de l'Afrique subsaharienne, alors que «59% des enfants de la région MENA sont incapables de lire et de comprendre un texte adapté à leur âge avant l'âge de 10 ans».

Un taux de pauvreté d'apprentissage de 67% pour les élèves au Maroc

Selon le rapport, ce taux de pauvreté d'apprentissage est calculé à l'aide des résultats des évaluations internationales des élèves, principalement l'Etude internationale sur la maîtrise de la lecture (PIRLS) de 2016 dans les pays de la région MENA, ajustée pour le pourcentage d'enfants non scolarisés. «Les résultats d'autres évaluations nationales et internationales confirment que les élèves de la région manquent de compétences de base en lecture, écriture et calcul depuis les premières années jusqu'à l'école secondaire». Le document donne ainsi l’exemple du Maroc, où ce taux est de 67%, contre 52% pour l’Irak et 81% pour le Yémen s’agissant des enfants de deuxième année du primaire.

Pour illustrer cette défaillance, la Banque mondiale s’est intéressé à un autre indicateur d'un manque de lecture pour les enfants dans la région MENA. En effet, ses experts affirment constater un «faible niveau de possession d’ouvrage de littérature pour enfants dans les foyers». Au Maroc comme en Arabie saoudite, plus de 60 % des élèves de quatrième année avaient moins de 10 livres pour enfants à la maison. Un taux qui reste «au-dessus de la moyenne des pays participants au PIRLS 2016, de 19 %», ajoute-t-on.

De plus, «les bibliothèques scolaires ont tendance à ne pas être bien approvisionnées» dans les pays de la région. Dans ce sens, 73% des élèves de quatrième année dans la région étaient dans une école avec une bibliothèque contenant 500 livres ou plus. Pour le Maroc, «seulement 9% des enfants» fréquentaient une école dotée d'une bibliothèque bien fournie. L’étude révèle aussi que «64% des étudiants n'ont jamais (ou presque jamais) demandé de lire des livres de fiction avec des chapitres pendant les cours», dans le royaume.

Le rôle des parents, des enseignants et du ministère

Le document pointe aussi du doigt le rôle des parents. Dans ce sens, «même sans tenir compte de l'exposition aux livres ou de la lecture aux enfants, le développement du langage oral (en dialecte) est une préoccupation pour de nombreux enfants de la région MENA», déplore l’institution, qui affirme que «dans certains cas, les parents parlent rarement avec leurs jeunes enfants, étouffant ainsi le développement du langage oral». Ainsi, le rapport indique qu’au Maroc, 21% des parents n'ont jamais ou presque jamais parlé avec leur enfant en âge préscolaire de ce qu'ils avaient fait (contre une moyenne mondiale de 4 %), alors que 35% n'ont jamais ou presque jamais parlé avec leurs enfants en âge préscolaire de ce qu'ils avaient lu (contre 12 % à l'échelle internationale). Le document signale aussi que 51% des parents marocains n'ont jamais ou presque jamais joué à des jeux de mots avec leurs enfants, contre 16 % à l'échelle mondiale.

Le rapport, qui déplore également que «seulement 42% des enseignants de 4e année ont une licence ou plus» au Maroc, ne manque pas de dédier une section au programme d'études de langue arabe remanié, établi par le ministère marocain de l’Education nationale. «En août 2020, le ministère (…) a publié le premier projet complet de son programme d'enseignement primaire (de la première à la 6e année du primaire), y compris un programme d'études de langue arabe remanié. C'est le résultat de six années de travail du ministère avec l'USAID sur son «Reading for Success—National Program for Reading»», rappelle l’institution financière.

Dans ce sens, «un cadre curriculaire, avec une portée et une séquence, a été élaboré par une équipe technique en collaboration avec le ministère de l'Education et des inspecteurs régionaux et des formateurs d'enseignants et piloté dans 90 écoles», poursuit-on, en déplorant le fait que la pandémie de la Covid-19 ait interrompu le processus de réforme du curriculum et sa généralisation aux 5 et 6e année du primaire.

Article modifié le 01/07/2021 à 16h43

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