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Grand Angle

Espagne : Après Younes Blal, deux nouveaux crimes racistes contre des Marocains

Alors que la famille de Younes Blal est encore en deuil après le meurtre raciste du jeune homme, il y a une dizaine de jours, les villes de Murcie mais aussi Carthagène ont connu d'autres crimes racistes visant des Marocains.

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Hommage à Younes Blal à Puerto de Mazarrón (Murcie) / Ph. P. Ros
Temps de lecture: 3'

Tué le 13 juin dans un café de Mazarrón à Murcie, Younes Blal ne serait pas la seule victime de la montée de violence raciste dans la région. Alors que sa famille est retournée dans la ville, après des funérailles à Beni Mellal, au Maroc, la société civile locale a découvert qu’un autre concitoyen était plongé dans le coma. Quelques jours avant l’assassinat du Maroco-espagnol de 37 ans, Mimoun Koutaibi a été mortellement frappé par un Espagnol sur son lieu du travail. Son état grave a nécessité une opération, effectuée mercredi dernier, mais la famille du jeune mécanicien automobile de 22 ans est inquiète pour son pronostic vital.

Les faits se seraient produits le 5 juin, lorsque l’agresseur a surpris Mimoun par derrière et l’a frappé au crâne avec une barre de fer, selon le témoignage de sa famille cité par El País. Admis à l’hôpital Virgen de la Arrixaca, il aurait échapé à un troisième coup, grâce à l’intervention de ses collègues qui ont empêché l’agresseur de s’abattre sur lui. Une plainte a été déposée par les proches auprès de la Garde civile de Totana.

Selon la famille de la victime, le jeune marocain travaillait depuis des années à Primafrio. Cependant, El País a indiqué que pour l’entreprise, les deux concernés «ne sont pas ses salariés, mais ceux d’un prestataire sous contrat». Le jour de l’agression, le patron de Koutaibi aurait licencié un collègue espagnol, en disant que le Marocain travaillait mieux. Le salarié licencié aurait alors poursuivi le Maroco-espagnol «sans dire un mot», avant de l’attaquer avec une barre de fer. La police n’a pas encore indiqué si le mis en cause a été arrêté ou non.

Un Marocain de 40 ans poignardé à Carthagène

Ce que la famille Koutaibi considère comme une tentative de meurtre prémédité s’est ajoutée aux malheurs des proches de Younes Blal, qui ont exigé que justice soit faite après le meurtre du Marocain. Mardi dernier, un autre concitoyen a été poignardé à Carthagène. Son identité n’a pas été révélée, tandis que le ou les suspects sont encore recherchés. Dans ce contexte anxiogène pour les communautés étrangères, les soupçons pèsent sur les motivations racistes de ce nouveau meurtre.

Jeudi, la mairie de Carthagène a toutefois assuré que «la Garde civile enquête toujours» et pour l’heure, «aucune donnée ne relie les faits à une attaque raciste, du moins à ce jour». Toujours est-il que la flambée des actes racistes inquiètent les minorités. Le 16 juin, une jeune latino-américaine a été poignardée par une femme, qui l’a accusée de «prendre [la] nourriture [des Espagnols]».

Malgré cette escalade violente et la mobilisation de la société civile, les réactions politiques pour dénoncer ces crimes sont restées discrètes. Les acteurs associatifs et des représentants locaux ont pointé du doigt les partis d’extrême droite, dont le discours xénophobe banalisé fait le lit du passage aux actes violents.

Les responsables politiques nationaux aux abonnés absents

Ce n’est que mardi dernier que le président régional de Murcie, Fernando López Miras (PP), est sorti de son silence pour exprimer sa «préoccupation face à toutes ces agressions aux connotations racistes». Ce vendredi à 20 heures (heure locale), une manifestation se tiendra à l’appel de la Plateforme stop racisme à Murcie, pour dénoncer l’instrumentalisation de l’extrême droite sur les questions migratoires et la montée des violences racistes. Un autre rassemblement se tiendra dimanche à Carthagène.

Dans son appel à manifester, la structure a estimé «nécessaire et impératif» que «les institutions, les organisations et la société civile commencent à travailler sur une loi globale contre le racisme, qui garantisse les droits et la dignité aux personnes et aux groupes vulnérables en raison de leur origine ou de leur couleur de leur peau et qui sont punis, sur cette base, avec un racisme sévère».

C’est en effet là où le bât blesse, puisque la députée de Unidas Podemos à l’Assemblée de Murcie, María Martín, a présenté un document condamnant le crime raciste de Younes Blal, sans que les autres partis ne le soutiennent. Certains ont argué qu’ils ne signeraient pas de résolution «qui ne vienne pas de la société civile». Une déclaration associative leur a été soumise, mais elle a connu le même sort. Selon ses auteurs, elle n’a bénéficié d’aucun appui, ni au Conseil des porte-paroles, ni en plénière de l’Assemblée régionale jeudi.

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