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Grand Angle

Maroc : Un minotier arrêté pour des produits chimiques périmés utilisés dans la farine

Les soupçons sur la qualité de la farine consommée au Maroc connait un nouveau rebondissement. L'ancien président de la coopérative agricole d'Oued Zem a été arrêté.

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Photo d'illustration. / DR
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Le bureau national de l'Association marocaine de protection des biens publics a exprimé, dimanche, sa ferme condamnation des «actes dangereux» attribués à l'ancien président de la coopérative agricole d’Oued Zem. Ce dernier est poursuivi en état d’arrestation et accusé d’utilisation de produits chimiques périmés dans la farine et le fourrage pour bétails.

Le 11 juin dernier, le procureur général du roi près le tribunal de première instance de Bejaâd (province de Khouribga) a ordonné le placement en détention provisoire, dans la prison locale de la ville, d’un homme d'affaires propriétaire de plusieurs minoteries au Maroc. Il est ainsi poursuivi pour des délits de faux et usage de faux, utilisation de produits périmés dans la farine et les produits de fourrage pour bétails et l'exploitation de produits cancérigènes dans les minoteries.

La Brigade nationale de police judiciaire (BNPJ) a lancé une enquête ayant durée plusieurs semaines, sous la supervision du parquet de la cour d'appel de Khouribga, après que les autorités compétentes ont reçu des rapports et des informations sur l'exploitation par l'accusé de produits chimiques périmés dans ses usines, spécialisées dans la production de farine de toutes sortes et sa distribution aux commerçants en gros et en détails.

L'homme d'affaires est également soupçonné d’avoir exploité des substances médicalement interdites dans la préparation de fourrage pour le bétail, ce qui représente aussi une menace pour la santé des citoyens.

Selon des sources concordantes, les autorités policières locales ont ainsi décidé de faire appel à la division économique et financière de la brigade nationale de la police judiciaire de Casablanca pour l’enquête. Celle-ci devrait notamment exposer les noms de personnalités haut placées et des élus qui seraient également impliquées dans cette affaires de trafic touchant des produits agricoles et la farine subventionnée.

La polémique sur la qualité de la farine relancée

C’est d’ailleurs l’objet du communiqué de l'Association marocaine de protection des biens publics. Dimanche, l’ONG a ainsi alerté sur les données «dangereuses» émanant de l’enquête de la BNPJ, quant aux produits cancérogènes et le fourrage pour le bétail périmé, en plus des «graves manipulations» de produits agricoles et de la farine subventionnée et l'utilisation de substances interdites. Elle a rappelé que le principal accusé est fournisseur des commerçants des marchés en farines et fourrages enrichis ; il est également le propriétaire de plusieurs minoteries. «Cette affaire nous rappelle celle des huiles de cuisson dites empoisonnées, qui ont fait des milliers de victimes au cours de l'année 1959 et avaient changé la vie de nombreuses personnes», estime l’association.

Celle-ci a exigé d'élargir l’enquête et auditionner toutes les personnes impliquées dans cette affaire, quelles que soient leurs positions, d'autant plus qu'il est question de soupçon d'implication de certains responsables, élus et fonctionnaires. L’ONG a également appelé à ouvrir une procédure concernant les soupçons de blanchiment d'argent et une saisie conservatoire de l'argent et des biens des accusés et des autres personnes impliquées dans cette affaire. La même source a enfin appelé à prendre des mesures pour empêcher la répétition de ces «crimes graves» et à renforcer les mécanismes de contrôle et de reddition des comptes, ainsi que l'adoption d'un mécanisme d'indemnisation des victimes pour des actes graves qui menacent la santé et l'ordre public.

Cette affaire relance, malgré les assurances de la COMADER (Confédération marocaine de l'Agriculture et du développement rural) et la Fédération interprofessionnelle des activités céréalières (FIAC), la polémique sur la qualité du pain et de la farine consommés par les Marocains. En avril dernier, à quelque semaines du Ramadan, le secrétaire général de la Fédération nationale des boulangeries et pâtisseries avait affirmé que «la farine consommée par les Marocains ne convient même pas comme fourrage pour le bétail», jetant ainsi un pavé dans la mare et créant une vive polémique au sein du secteur et des grincements de dents chez les meuniers. Une déclaration qui a fait réagir le Réseau marocain pour la défense du droit à la santé et du droit à la vie, qui a averti à son tour que de rapports indiqueraient la présence d'un certain nombre de meuniers et de boulangeries qui altèrent la farine et utilisent des matériaux supplémentaires d'une manière qui nuit à la santé du consommateur.

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